La confession

Voici le texte d’un des petits enseignements donnés à l’occasion de la belle « Journée du Pardon », proposée par la paroisse Notre-Dame de l’Assomption, samedi 17 mars en la Cathédrale de Rodez. Ci-contre, devant l’orgue de la Cathédrale, l’ « Arbre de lumière » que le p. Pierre Pradalié (Villeneuve d’Aveyron) nous a prêté pour cette journée.

Le sacrement, une rencontre

Tout sacrement est une rencontre avec Dieu. La révélation biblique nous donne de croire que Dieu est le Tout Autre, au-delà de tout ce que nous pouvons comprendre ou saisir de lui, mais aussi qu’il peut manifester son amour quand il veut ; plus encore, qu’il le désire profondément, et que cela fait sa joie, parce qu’il l’a fait une fois pour toutes et pour toujours en son Fils Jésus-Christ. Tout sacrement est donc une rencontre avec le Seigneur, via le renouvellement d’un geste ou d’une parole du Christ, l’occasion de lui permettre de manifester son amour, non seulement à mon égard, mais à travers moi, à toute l’humanité. Tout sacrement engage à la fois Dieu qui donne et manifeste ainsi sa gloire, la personne qui le reçoit, l’Eglise tout entière qui le célèbre, l’humanité et le monde pour qui le sacrement a une valeur de salut. Nous célébrons toujours « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

Sa préparation

Une rencontre avec un tel enjeu, cela se prépare. On ne vient pas sans rien. Mais alors que pour les autres sacrements, on vient avec quelque chose de noble, quelque chose qui a de la valeur : un élément de la Création ou de ce que nous en faisons (« fruit de la terre et du travail des hommes… »), une parole d’engagement total (le « oui » du mariage ou de l’ordination), ou une situation humaine de grande intensité (la naissance, l’entrée dans l’âge adulte, la maladie), au contraire, avec le sacrement de la réconciliation, on vient avec notre péché, ce poids mort, nul, inutile, fait de refus d’aimer, de non-relation, d’ingratitude, de défiguration de l’image de Dieu en nous et dont nous ne savons que faire, et qui même nous encombre. Cela, le Christ veut s’en charger pour nous, il veut le porter pour nous, parce que c’est pour cela qu’il est venu à la rencontre des hommes : « Agneau de Dieu qui enlèves les péchés du monde » [qui tollis peccata mundi : qui portes les péchés…]. Encore faut-il vraiment lui apporter notre péché (examen de conscience), en le regrettant (attrition) et en voulant ne plus offenser davantage le Seigneur (contrition et ferme résolution de ne plus pécher).

Aussi la préparation à la confession comporte deux aspects :

– SE DISPOSER À RENCONTRER LE SEIGNEUR, à accueillir son amour. Ne pas hésiter à demander l’Esprit Saint, car c’est une affaire de désir. L’écoute de la Parole de Dieu vient réveiller ce désir, parce que cette Parole est la déclaration d’amour que Dieu fait à chacun de ses enfants, par son Fils Jésus-Christ. Une Parole faite à la fois de bienveillance sans condition, mais aussi d’exigence, car il n’y a pas d’amour sans désir que l’autre grandisse. Prendre donc le temps de prier un extrait biblique, de le recevoir comme une Parole qui m’est personnellement adressée : [par exemple : Ex 1,1-21 ; Dt 30,15-20 ; 2 S 12,1-9.13 ; Sg 5,1-16 ; Si 28,1-7 ; Is 43,1-7 ; Is 55,1-11 ; Jr 31,31-34 ; Ez 36,23-36 ; Os 2,16-25 ; Jon 3 et 4 ; Ps 25 (24), 31(30), 32(31), 51(50), 73(72), 85(84), 103(102), 119(118) ; Rm 3,22-26 ; Rm 6,16-23 ; Rm 7,14-24 ; Rm 13,8-14 ; Ga 5,16-24 ; Eph 2,1-10 ; Tt 3,3-7 ; Jc 1,22-27 ; Jc 3,1-12 ; 1 P 3,8-12 ; Ap 20,11-15 ; Ap 21,1-8 ; Mt 5,1-16 ; Mt 6 ,7-15 ; Mt 9,9-13 ; Mt 18,21-35 ; Mc 7,14-23 ; Lc 6,36-45 ; Lc 10,25-37 ; Lc 15,1-32 ; Lc 18,9-14 ; Lc 19,1-10 ; Jn 8,31-36 ; Jn 15,9-14 ; Jn 20,19-23.] On peut aussi prendre un temps d’une relecture ou d’une révision de vie, pour préparer une action de grâce, à évoquer avant la confession sous la forme d’une ou deux raisons personnelles de dire « merci » au Seigneur : on ne demande vraiment pardon qu’à celui à qui on a des raisons de dire « merci » !

– LUI PRÉSENTER MON PÉCHÉ, envisagé à la lumière de l’amour inconditionnel de Dieu pour moi. Un examen de conscience peut aider à balayer ce qui « en pensée, en parole, par action et par omission » relève du péché. Il y a divers examens de conscience : l’un partira de ma relation à Dieu, aux autres, au monde et à moi-même (car il ne peut y avoir d’amour d’autrui sans amour pour soi-même), un autre du Décalogue, un autre des Béatitudes… Le but n’est pas forcément de tout dire dans le détail, mais de souligner le ou les actes que je perçois comme le plus en rupture avec l’amour de Dieu, et pour lequel je veux demander à Dieu son aide pour qu’il me convertisse. [Remarque : un péché est toujours un acte volontaire, avec une libre adhésion au mal contraire à la volonté de Dieu, une désobéissance à Dieu : attention donc de ne pas confondre le péché avec la tentation, qui n’est que la sollicitation préalable en vue du mal, pour que j’y donne suite. Si j’y cède, il y a péché. Si j’y résiste, je grandis.] Cela dit, aucun examen de conscience ne remplace l’étape de la reconnaissance de l’amour de Dieu qui donne la lumière pour faire apparaître mes ombres : sans cette lumière, notre vrai péché nous reste caché.

La confession elle-même

Se présenter brièvement (situation familiale, professionnelle, religieuse…)

Dire : « Bénissez moi, mon Père parce que j’ai péché » (formule paradoxale, qui dit ce bien que Dieu seul peut faire à partir d’un matériau aussi déficient que mon péché) et dire à quand remonte la dernière confession.

Puis confesser ses péchés, de manière précise, sincère et complète. « Complète », oui, mais tout en sachant que ce n’est pas une scrupuleuse exhaustivité qui est visée – Dieu sait tout ce que nous avons fait – mais le type de regret que l’on en a, la délicatesse du coeur qui prend conscience de ce que par ses péchés il a infligé à son Seigneur, le ton de cette confession – et que Dieu ignore tant que l’on ne le lui a pas dit. On confesse des péchés précis, et pas seulement des tendances générales. Le prêtre peut guider, éclairer, conseiller.

Le prêtre donne l’absolution, la Parole de pardon au nom du Christ, en même temps qu’une pénitence, c’est-à-dire un acte à accomplir qui fait participer activement à l’œuvre de salut et de conversion impliquée par le sacrement.

En résumé…

Le sacrement du pardon est moins une thérapie individuelle ‘pour soi’, que le fait de se mettre à disposition du Seigneur, mais aussi de l’Eglise, pour que s’opère un acte de salut « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », comme c’est le cas dans tout sacrement. Indirectement, secondairement, on s’en retrouve personnellement bénéficiaire. Mais ce qui se passe concerne en fait plus large que soi : partant de la reconnaissance de mon péché, c’est à dire de ce qui de ma part et avec ma responsabilité a fait obstacle à une vie en communion avec Dieu, avec autrui, et avec moi-même (cette reconnaissance du péché qu’est la ‘confession’), je remets tout cela au Christ (via son corps qu’est l’Eglise, c’est à dire via un prêtre) parce que je reconnais que je ne peux plus rien en faire, que cela m’encombre, voire me culpabilise, et qu’un tiers est justement nécessaire pour cette remise des péchés. Plus profondément, en posant l’acte de foi que le Christ saura bien faire quelque chose de ces péchés, mieux, qu’il les a déjà transformés sur sa Croix en acte de salut, de réconciliation, de pardon, c’est dans la confiance que je lui remets ces péchés en les nommant, et que par là-même, je prends de la distance avec eux et permets à Dieu d’exercer sur moi sa miséricorde. Mais pas seulement sur moi : mes péchés me rendent solidaire du péché de tout homme, c’est aussi toute l’humanité qui à travers moi se retrouve bénéficiaire de ce pardon, et à qui je suis envoyé comme témoin de la miséricorde de Dieu [cf. l’Evangile du débiteur impitoyable]. On devrait s’en émerveiller !

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