Christianisme et autres religions

Question d’un lycéen hier sur facebook : La perspective de l’Eglise est-elle comme celle de la Rome Antique, une perspective où tous les cultes sont libres et semblent, comme pour les Romains, une source nouvelle et potentiellement plus juste de la foi. En définitive, quel est le point de vue de l’Eglise sur la foi des non chrétiens-catholiques ?

 

La question du statut des autres religions vis à vis du christianisme est LA question qui se pose à la théologie chrétienne du XXIème siècle. Pour y répondre en cohérence avec notre foi chrétienne, il faut tenir les 2 termes du paradoxe :

– Le Christ est l’unique médiateur, le seul intermédiaire entre Dieu et les hommes, entre le ciel et la terre, l’éternel et le temporel, l’absolu et le relatif…

– Dieu appelle tous les hommes au salut, par delà leurs différences de confessions.

 

Deux fausses pistes de réponse :

– centrée sur l’Eglise : « hors de l’Eglise, point de salut » (Saint Cyprien de Carthage) ; dans une lecture « dure » de cette expression, on dirait que ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ, ne sont pas baptisés-confirmés et ne vivent pas selon l’Evangile, ceux-là vont en enfer… En réalité, il faut lire la fin de l’Evangile de Marc (Mc 16,16) : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. » C’est seulement le refus de croire qui exclue. Et cela ne concerne donc pas ceux à qui la foi chrétienne n’a pas été proposée, ou ceux à qui elle n’a été proposée que sous le masque déformant du contre-témoignage des membres de l’Eglise. Il faudrait donc plutôt lire la citation de Saint Cyprien, non pas comme une affirmation glorifiant l’Eglise, mais comme un appel à sa sanctification, car « hors de l’Eglise, point de salut signifié ». Le Christ a choisi cette réalité imparfaite qu’est l’Eglise – et nous dedans – pour se dire aux hommes, et c’est là un motif d’étonnement et de responsabilité.

– centrée sur Dieu : on gommerait les aspérités du dialogue interreligieux en se contentant de dire que nous sommes tous enfants de Dieu ; c’est le même Dieu, mais ce n’est qu’une différence de points de vue qui fait que nous l’appelons différemment, Allah, la Trinité, Adonaï etc… Un tel relativisme n’honore pas cette exigence minimale de la raison qu’est le principe de non contradiction : deux propositions contraires ne peuvent être vraies en même temps et sous le même rapport. Soit Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme et en lui s’accomplissent les Ecritures, la quête de l’homme vers Dieu (et la quête de Dieu vers l’homme : cf. Gn 3,9) de sorte que la Révélation est complète en lui, et qu’elle doit pourtant encore se réaliser en l’homme par la foi en lui (christianisme), soit il n’est qu’un homme, envoyé de Dieu, dont les disciples auraient « falsifié » le message, de sorte qu’est nécessaire un nouvel et dernier envoyé, Mohammed, qui forme des disciples capables de transmettre parfaitement le message dicté par Dieu (Islam). Les deux propositions ne peuvent être vraies en même temps. Si l’on se place d’un point de vue extérieur à l’une et l’autre, il faut pour en juger dans un premier temps appliquer le critère que Jésus lui-même a donné : juger de l’arbre à ses fruits…

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