Une Église en sortie


C’est là l’expression du pape François au n°27 de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (cf. article sur La joie de l’Evangile) du 24 novembre 2013. Une expression qui invite les chrétiens à être missionnaires, à évangéliser, à aller aux périphéries, mais qui peut tout simplement les aider à résister à la tentation de rester entre eux, de garder leurs distances avec le monde, de s’en protéger, bref… de se confiner. Nous ne sommes pas fait pour cet enfermement sur nous-mêmes – le mot « Enfer » y trouve même son étymologie -, nous sommes faits pour la relation, pour la rencontre, pour le don de nous-mêmes.

S’il faut bien évidemment respecter les mesures sanitaires communes à tous, ce que nous faisons avec rigueur aux messes célébrées sur la paroisse (cf. https://bit.ly/regles-messe-d) pour ne pas être cause de contagion, il n’y a pas non plus à l’être pour une autre épidémie, une « épidémie d’angoisse » que ne justifient pas les statistiques du Covid de l’après-déconfinement. Pour les décès même bien plus nombreux, que produisent quotidiennement le cancer, les maladies cardio-vasculaires, Alzheimer, les accidents domestiques… ou ailleurs dans le monde, la malaria ou la faim (10 morts par minute)… notre rationalité pense en appréhender les causes et voit ainsi ces morts comme « normales » pour tenter d’en amortir le scandale. Mais pour le peu de morts actuels du Covid, leur caractère imprévisible, inexplicable – pourquoi certains ne développent aucun symptôme, et d’autres en meurent ? – les rend insupportables à un occident qui prétend maîtriser la mort, ou à défaut en pratiquer le déni.
Que les chrétiens puissent témoigner d’un autre style de vie, fait d’accueil confiant de notre condition mortelle, puisque le Christ l’a embrassée, et surtout de liberté à faire de notre vie un don à sa suite. « Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. » (He 2,14-15)
p. Raphaël Bui

– Un article pour aller plus loin : Martin Steffens, Interroger le masque