6’40 de souvenirs video du rassemblement toulousain des 50 ans du CCFD-Terre Solidaire le 26 mars 2011, avec un extrait du dernier chant de Gospa, « Terre Solidaire »… Quelques 200 jeunes aveyronnais en furent – dont 50 du Segala.
p. Raphaël Bui
6’40 de souvenirs video du rassemblement toulousain des 50 ans du CCFD-Terre Solidaire le 26 mars 2011, avec un extrait du dernier chant de Gospa, « Terre Solidaire »… Quelques 200 jeunes aveyronnais en furent – dont 50 du Segala.
Voici le texte d’un exposé à la soirée du 8 mars 2007 organisée par la commission paroissiale « Vivre l’Evangile au quotidien » sur le thème de l’immigration. Un texte largement inspiré de : L’asile en France, état d’urgence, Comité épiscopal des migrations, commission sociale de l’épiscopat, Justice et Paix, France, 2002
Pour qui se dit chrétien, le sujet « Immigration, regards de chrétiens » devrait être simple pour qui prend au sérieux son maître, le Christ, qui affirme : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli » (Mt 25,35) En accueillant l’étranger, l’immigré, c’est le Christ, c’est Dieu lui-même que l’on accueille. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40)
D’où les invitations constantes de l’Eglise, dans sa doctrine sociale, dans ses prises de position, à promouvoir l’accueil de l’étranger, non seulement l’assistance envers les plus pauvres, comme le sont souvent les migrants, les demandeurs d’asile, les réfugiés, mais aussi un accueil fondé sur l’amour du Christ, étant sûrs que le bien fait au prochain nécessiteux est fait à Dieu lui-même. Il ne s’agit pas seulement d’avoir le souci de l’autre, mais de reconnaître qu’en cet autre, cet étranger, c’est Dieu lui-même qui s’invite, et de le servir comme tel.
Les résistances que nous ressentons en nous-mêmes à vivre davantage ce service de l’immigré, cet accueil de l’étranger témoigneraient donc de l’écart qu’il y a en nous entre foi et pratique, du chemin de conversion qu’il reste à parcourir.
Est-ce si simple ?
Le témoignage biblique atteste en fait que l’hostilité comme l’hospitalité, la fermeture comme l’ouverture à l’égard de l’étranger sont toutes deux présentes, aussi bien dans l’AT que dans le NT. Jésus lui-même ne dit-il pas lui même à la femme syro-phénicienne : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël » (Mt 15,24s) ?
Il vaut la peine d’y regarder de plus près.
Les migrations tiennent une place importante dans la Bible : peuples et personnages bibliques sont souvent en déplacement, dans des migrations relues comme des étapes décisives de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple :
En positif :
Abraham, dont le père avait quitté Ur, en Chaldée, entend l’appel à quitter sa terre vers une destination inconnue. Il est aussi un modèle d’hospitalité envers l’étranger : quand il accueille les trois visiteurs inconnus au chêne de Mambré (Gn 18, 1-8), son hospitalité est une source de bénédiction : Sara sa femme stérile s’entend promettre un enfant.
Les fils de Jacob s’exilent en Égypte pour des raisons économiques. L’interdiction d’opprimer l’étranger est fondée sur l’expérience d’Israël en Égypte : « Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte » (Ex 23,9). Le sort réservé à leurs descendants les pousse à quitter ce pays. La sortie d’Égypte est alors un exode voulu par Dieu, d’où Israël naît comme peuple, avec l’expérience de libération qui fonde sa foi. « Je suis Yahvé ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Dt 5,6). Jésus fera le même chemin avec sa famille pour échapper au « massacre des Innocents » (Mt 2,13-15).
Lorsqu’il fuit après avoir tué un égyptien, Moïse se conduit comme un homme en quête d’asile. Madiân devient la terre d’accueil où il reconstruit sa vie (Ex 2,11-22) en attendant que Dieu lui confie une autre mission. Élie fuit devant Jézabel « pour sauver sa vie » (1R 19). Pour eux, ce temps d’exil est l’occasion d’une expérience spirituelle : rencontre de Dieu, envoi en mission. L’émigration économique et politique marque ainsi l’histoire de plusieurs figures fondatrices du peuple d Israël.
L’Exil, la déportation à Babylone, est présenté comme une punition de Dieu pour l’infidélité de son peuple. Mais le peuple découvre aussi que Dieu ne l’abandonne pas pour autant. Si Dieu reste avec son peuple exilé, c’est qu’il n’est pas lié à une terre. Découverte par Israël du caractère universel de sa foi au cœur de l’expérience de sa particularité.
Le livre de Ruth raconte l’« intégration » réussie d’une étrangère, qui devient source de bénédiction pour le peuple, puisqu’elle sera la grand-mère du roi David. Le livre de Jonas ouvre aussi la perspective jusqu’au salut des païens ennemis.
Mais aussi, en négatif :
Le retour de l’Exil est l’occasion d’une crise où l’étranger apparaît comme une menace à l’identité d’Israël, un risque de contamination par l’idolâtrie : « Nous avons trahi notre Dieu en épousant des femmes étrangères » (Esd 10,2). Et c’est ainsi que les femmes étrangères et les enfants qui en sont nés sont renvoyés : « La race d’Israël se séparera de tous les gens de souche étrangère » (Ne 9,2).
Dans le Nouveau Testament, le conflit entre Paul et Pierre à propos de l’évangélisation des non juifs (Ga 2), montre que l’ouverture envers l’étranger n’allait pas sans problème. Mais ce conflit conduit Paul à déclarer : « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3,28).
A l’égard de l’étranger, voilà des positions en tension entre les exigences du quotidien et l’utopie de l’ouverture, entre la préoccupation du réel, la difficulté du quotidien, et l’élan, l’ouverture à l’autre étranger.
L’étranger est en Israël objet d’une législation qui à la fois le protège et l’exclue, porteur de bénédiction et menace pour Israël. Dans le Nouveau Testament, les païens apparaissent comme occasion de conflit dans l’Eglise, mais aussi de révélation de l’universalité de l’Evangile. Cette tension permanente entre hospitalité et hostilité, entre exil et terre promise, entre exode et installation, entre accueil et refus, traverse la Bible. C’est au cœur de cette tension qu’il faut lire la relation à l’étranger, l’étranger qui réside chez soi, le réfugié, le demandeur d’asile, soit politique, soit économique. Sans cette tension, un des deux pôles exclue l’autre : l’étranger ne pourrait alors être qu’exclu ou assimilé. L’accueil se joue entre les deux.
La vraie question posée dans la Bible sur l’accueil de l’immigré n’est donc pas celle de l’économie (« a-t-on les moyens d’accueillir… ? ») mais celle de l’identité (« comment être ou rester soi-même en présence de celui qui est différent ? ») :
a– L’étranger est révélateur de ce que j’ai en commun avec lui, qu’il me rappelle parce que je l’oublie : mon statut d’immigré. Dans sa profession de foi, l’israélite commence par dire qu’il est fils d’émigré : « Mon père était un Araméen errant » (Dt 26,5). « Vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte » (Ex 23,9), exilé de passage. Mais ceci n’est pas seulement une expérience passée et sur le seul plan géographique (nous venons d’ailleurs). L’expérience de foi (voire toute expérience d’ouverture à l’autre) peut être vue comme un voyage, une mise en route permanente, un pèlerinage sans fin… Parlant de ses frères chrétiens, l’auteur de la lettre à Diognète écrit : « Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. » Un statut qui relativise toute appropriation de la terre : si le droit naturel de propriété est reconnu par la Doctrine Sociale de l’Eglise, c’est en vue d’un usage qui corresponde le mieux à la destination universelle des biens. Le statut des chrétiens leur interdit de résorber le manque fondamental qui habite l’homme – le désir de Dieu – par l’installation, la satisfaction des besoins, ou le divertissement : « L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote, et tu l’aimeras comme toi-même » (Lv 19,34). Dans leur fragilité et leur insécurité, la non-maîtrise de leur destin, leur déracinement, dans leur quête vitale, les immigrés, et tout particulièrement les réfugiés, ont un rôle provocateur et prophétique à l’égard de ceux qui comme nous courent le risque de l’installation, de l’oubli de la précarité de notre « passage sur terre », illusoirement protégés de l’inquiétude de l’avenir. Que signifie alors pour nous avoir besoin du salut ? En quoi avons-nous besoin de Jésus-Christ « le Sauveur » autrement que comme moteur auxiliaire de nos projets ? L’étranger est « comme un compatriote », car la terre n’appartient pas à Israël mais à Dieu. Une égalité foncière qui doit se traduire dans la loi : « La loi sera la même pour l’homme du pays et pour l’étranger de passage au milieu de vous » (Ex 12,49).
b– L’étranger est révélateur de mon identité, de par son étrangeté, provocatrice au dialogue et à la communion dans la diversité. « « L’étranger » est le messager de Dieu qui surprend et brise la régularité et la logique de la vie quotidienne, en rendant proche celui qui est lointain. Dans les « étrangers », l’Église voit le Christ qui « plante sa tente parmi nous » (cf. Jn 1,14) et qui « frappe à notre porte » (cf. Ap 3,20). Cette rencontre – faite d’attention, d’accueil, de partage, de solidarité, de protection des droits des migrants et d’élan d’évangélisation – est le reflet de la sollicitude constante de l’Église, qui perçoit en eux des valeurs authentiques et qui les considère comme une grande richesse humaine. » Instruction romaine sur la Charité du Christ envers les migrants, 2004
c– Mais le respect de la différence peut conduire à la ségrégation ou au ghetto, à l’exclusion (« Je reconnais que tu es différent, alors, rentre chez toi, c’est là que tu seras le mieux ! ») s’il n’est dynamisé par le désir de la rencontre pour ne faire qu’une famille, qu’un peuple. Il s’agit d’être soi-même, mais pour accueillir pleinement l’autre. Le refus de l’autre procède d’ailleurs d’une insécurité, d’une incertitude sur ce qu’on est, sur la valeur universelle de ce que l’on porte, de la culture en laquelle on vit, d’un repli identitaire : « Toute intolérance procède d’un doute sur ses propres sentiments » (Jacques de Bourbon-Busset, Lettre à Laurence). Il s’agit au contraire d’accueillir de l’autre de quoi « m’unir à lui dans une vérité plus haute. » Le bonheur d’être soi est le meilleur garant d’une curiosité bienveillante à l’égard de l’autre différent. Donner le témoignage qu’il est possible de vivre ensemble en respectant nos différences, est le service d’humanité que les chrétiens, l’Église au cœur de cette humanité, veulent donner à voir. Montrer au monde qu’il est possible de vivre ensemble différents. Expérimentant pour nous-mêmes les difficultés à mettre en oeuvre ce projet, les chrétiens offrent leur expérience comme un chemin d’humanité élaboré dans la pratique, dans la peine, dans la difficulté et la joie, un chemin où la rencontre est parfois réalisée. L’Église, grâce à la diversité de ses membres, répartis sur toute la surface de la terre, grâce à sa catholicité propose un universalisme qui puise à sa vraie source : la Pentecôte (Ac 2,8-11).
Dans la Parabole du bon Samaritain, un légiste pose à Jésus la question « Qui est mon prochain ? » à la suite du rappel du commandement de l’amour « du prochain comme toi-même ». Jésus déplace la question : « qui s’est fait le prochain » de l’homme en souffrance ? Passer de la question sur les étrangers qui auraient ou non le droit de rentrer dans mon cercle et devenir mon prochain, à celle de ma sortie du cercle pour me faire le prochain de ceux qui ont besoin de moi. Non pas « que vais-je, qu’allons nous devenir si nous accueillons l’étranger ? » mais « que va-t-il devenir, si je ne l’accueille ? »
Références :
L’asile en France, état d’urgence, Comité épiscopal des migrations, commission sociale de l’épiscopat, Justice et Paix, France, Cerf 2002 (autres commentaires de ce texte : revue Esprit et Vie, présentation par les évêques)
Erga Migrantes Caritas Christi, Instruction romaine sur la Charité du Christ envers les migrants, 2004
C’était il y a une dizaine d’année, je faisais la queue dans une pizzeria près de la place du Capitole à Toulouse. Comme la cliente devant moi lisait avec intérêt une affiche sur le Telethon à venir, j’ai engagé la conversation avec elle dans l’intention de lui faire part de quelques objections éthiques. Elle a coupé net mon élan en disant qu’elle était favorable au Telethon, mais surtout, qu’elle avait eu un fils atteint de myopathie, mort à 12 ans de cette maladie. J’ai mis mes convictions en sourdine pour l’écouter, et j’ai en fait eu la chance de découvrir dans ses propos le coeur de ce à quoi j’adhérais, et dans son expérience, la pratique de ce qui n’était pour moi que théorie. A la question : « Et si tout était à refaire ? », elle a répondu sans hésitation : « Je referai pareil. » Loin de recourir à l’avortement (IMG), à la suppression de son enfant à naître, elle revivrait ces années inoubliables d’amour, de tendresse, d’accompagnement de son enfant malade.
Dans l’amour de cette maman pour son enfant, dans sa préférence pour la vie – fût-ce diminuée par le handicap – et pour l’amour qui peut s’y déployer, se trouve le fond de la position de l’Eglise catholique sur le sujet. Oui, l’Eglise catholique est réticente à l’égard du diagnostic préimplantatoire (DPI) et de la recherche au moyen d’embryons surnuméraires ne faisant plus l’objet de projet parental, deux pratiques soutenues par l’Agence Française de Myopathie (cf. site de l’AFM). Cette réticence est fondée sur la valeur infinie de la vie humaine, que personne ne peut juger indigne d’être vécue, sous aucun critère (aujourd’hui de santé ou d’intelligence, hier de race ou de classe sociale). Oui alors au Telethon, s’il peut favoriser dans notre société un regard positif sur les personnes handicapées ou malades – mais alors, pas seulement de compassion. Non, si l’on passe insidieusement de la recherche et des soins pour éliminer la maladie et ses conséquences, à l’élimination des malades via un tri embryonnaire, ou à l’utilisation d’embryons humains comme matériau de laboratoire, en s’appuyant sur le plus faible des arguments : « la loi l’autorise. »
Quelques sites relevés pour aller plus loin :
– un article du journal « Le Monde » (Jean-Yves Nau, 6/12/06) présentant la polémique.
– une réflexion de fond (Jean-Marie Le Méné, 8/12/06) sur les enjeux de cette polémique.
– le témoignage d’un des organisateurs du Telethon 2005.
Ce petit mémento de D.S.E. est un copier-coller à partir des « en bref » du Catéchisme de l’Eglise Catholique (1998). Il a servi samedi à une présentation à des lycéens et étudiants de l’ « année Samuel ».
C’est l’occasion ici de rappeler :
– la sortie toute récente du Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, en deux versions françaises au choix : Edition vaticane ou Bayard-Cerf-Fleurus ;
– les Assises Chrétiennes de la Mondialisation qui se sont tenues ce week-end, et qui témoignent fortement de la réflexion (cf. le Livre Blanc) et de l’action des chrétiens en vue d’une mondialisation au service de l’homme.
***
a– Il existe une certaine ressemblance entre l’union des personnes divines, le Père, le Fils et le Saint Esprit, et la fraternité que les hommes doivent instaurer entre eux.
pour la Fête du Christ-Roi et la Confirmation de 55 jeunes des collèges de l’Enseignement Catholique de Rodez, Cathédrale de Rodez, Dimanche 20 novembre 2005
Trois grands signes nous sont donnés aujourd’hui :
· la fête de Jésus, Roi de l’univers ;
· votre confirmation qui est la venue de l’Esprit Saint sur vous, jeunes ;
· et la journée du Secours Catholique.
L’Eglise met sur notre route ces signes comme les pierres du Petit Poucet pour nous faire trouver le chemin vers Dieu, et le chemin vers les autres. Et nous recevons une lumière forte par l’Evangile de ce jour qui résume bien notre vie chrétienne : il n’y a pas d’amour de Dieu sans amour du prochain. Nous nous répétons cette phrase de Jésus dans l’Evangile : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mais il y a aussi son contraire : « Chaque fois que vous ne l’avez pas fait, à moi non plus, vous ne l’avez pas fait. »
L’Esprit Saint va nous aider à faire ce discernement sur notre comportement, et l’appel à la générosité que nous lance le Secours Catholique s’enracine aussi dans ces paroles de Jésus : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger. J’avais soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. J’étais malade et en prison, et vous êtes venus me visiter. »
Dimanche dernier a été béatifié un français qui est cher à nos cœurs, le père Charles de Foucauld, qui disait quand il était au milieu des musulmans à Tamanrasset : « Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant, on doit se dire : « Puisque cet homme est si bon, sa religion doit être bonne. » Je voudrais être assez bon pour qu’on dise : « Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ? » »
Pour Charles de Foucauld, ce Maître, c’est Jésus, qui aujourd’hui est célébré en ce dernier dimanche de l’année liturgique : Jésus-Christ, Roi de l’univers, à qui appartient toute la Création et toute l’humanité. Charles de Foucauld nous permet par sa réflexion de comprendre le sens de la fête du Christ-Roi. Si tel est le serviteur, comment doit être ce Maître qu’est Jésus ? Un Roi de la bonté, de la générosité, de l’amour. Il l’a tellement prouvé en venant habiter chez nous comme le rappelle la fête de Noël, mais aussi par sa mort sur la Croix pour nous sauver – la Croix qui est un curieux trône, qui nous apporte la vie éternelle – mais aussi tous ses gestes vis à vis des malades, des lépreux, toutes les guérisons des corps et des cœurs. Jésus veut être plus que le roi de l’univers, il veut surtout être le roi de nos cœurs.
Dans vos lettres, il me semble que vous avez compris qu’il y a une première nécessité : celle de mieux connaître Jésus dans tout ce qu’il a fait de beau, de bien, de généreux… et qu’ensuite, il nous sera plus facile de l’imiter. Je cite quelques passages, mais auparavant, je voudrais relever ce bel étonnement de l’un d’entre vous :
Quand j’étais petit, j’aimais voir mon papi prier devant le tableau de Sainte Marie et de Jésus. J’aimerais donc recevoir la confirmation pour renforcer ma foi en Dieu.
J’ai compris que certains temps forts à Lourdes, à Malet, à Conques ou la participation à tel ou tel mouvement vous ont beaucoup, beaucoup aidés à progresser dans la foi :
Le pèlerinage à Lourdes organisé par le collège m’a fait prendre conscience à quel point la foi était importante pour moi.
Le week-end du 14 au 16 octobre avec quelques élèves de mon collège, nous sommes allés à Lourdes. C’était la première fois que j’y allais. Nous avons eu des témoignages extraordinaires : comme cette jeune femme qui devient religieuse, comme ces alcooliques qui s’en sont sortis avec l’aide de la Vierge Marie.
Les camps du MEJ m’ont également apporté sur le plan spirituel. J’ai appris à prier, et à confier mes activités quotidiennes au Seigneur.
Ma foi, je voudrais l’agrandir pour laisser plus de place à Dieu.
J’espère que ma confirmation va me faire avancer à grands pas dans le chemin de la foi.
Je désire être confirmée, car c’est une occasion pour moi de continuer à cheminer sur la route de Jésus.
C’est une route qui continue jusqu’à la fin de sa vie, mais sur laquelle nous sommes précisément accompagnés par l’Esprit Saint :
J’ai déjà fait un bout de chemin avec Dieu, et j’aimerais le continuer. Je crois en Dieu et j’espère y croire toute ma vie, car je sais qu’il sera toujours là dans mes moments de tristesse, de joie, de malheur et de bonheur.
Comme vous avez raison de dire tout cela – et je me permets donc d’insister sur cette première conviction : un chrétien, c’est donc quelqu’un qui prie, qui se nourrit de la Parole de Dieu et de l’Evangile… L’archevêque de Lyon, Mgr Barbarin, a fait distribuer 500.000 Nouveaux Testaments dans son diocèse. Je redis encore certaines de vos expressions :
J’ai pris la décision de faire la confirmation car je sais que dans la vie, on peut toujours compter sur Dieu et donc j’ai voulu me rapprocher de lui pour essayer de mieux le connaître.
J’aimerais être confirmée pour avoir la chance de mieux connaître Dieu, de consolider ma foi et continuer ma démarche vers la vie chrétienne.
Il est parfois difficile d’assumer ma vie chrétienne, surtout face aux jeunes de mon âge où je me sens incomprises. C’est pourquoi le soutien de l’Esprit Saint est indispensable. Je veux donc continuer ma route vers la foi chrétienne.
Pendant la préparation à la confirmation, j’ai appris qu’il fallait répandre sur les gens l’Amour que Dieu nous donne. Oser dire que l’on croit en Dieu, à ne pas cacher mais plutôt en être fier.
Et je termine ce point en vous transmettant une phrase méditée au MEJ et qui a profondément marqué l’un de vous :
Ce que nous sommes est le Don de Dieu. Ce que nous devenons est notre Don à Dieu.
Mais il faut prendre conscience que l’autre grand Don que Dieu nous fait est l’Eucharistie. Car c’est là que Jésus nous a montré un amour sans mesure, un amour qui va jusqu’au bout.
Dans vos lettres, quelques uns soulignent cette difficulté d’être fidèles à la messe du dimanche. D’autres commencent à en découvrir la nécessité personnelle mais aussi le besoin d’aller rencontrer les autres pour ne pas être seuls dans la foi :
Pour moi, la confirmation, c’est une façon d’affirmer ma croyance, d’entrer dans la communauté catholique vivante, de devenir un acteur de la foi.
Cela me permettra de me rapprocher de la communauté chrétienne que des fois, j’ai tendance à négliger.
Nous vivons dans un environnement où le dimanche s’est effacé devant le week-end, et où la participation à la messe reste fort tributaire du rythme de vie, de l’envie ou du besoin qu’on en a. Il est important de redécouvrir l’importance de l’Eucharistie dominicale. Dans son homélie, lors de la messe de clôture des XXèmes Journées Mondiales de la Jeunesse, le 21 août dernier, le pape Benoît XVI s’adressait ainsi aux jeunes : « Chers amis ! Quelquefois, dans un premier temps, il peut s’avérer plutôt mal commode de prévoir aussi la messe dans le programme du dimanche. Mais si vous en prenez l’engagement, vous constaterez aussi que c’est précisément ce qui donne le juste centre au temps libre. Ne vous laissez pas dissuader de participer à l’Eucharistie dominicale, et aidez aussi les autres à la découvrir. Parce que la joie dont nous avons besoin se dégage d’elle, nous devons assurément apprendre à en comprendre toujours plus la profondeur, nous devons apprendre à l’aimer. Engageons-nous en ce sens – cela en vaut la peine ! Découvrons la profonde richesse de la liturgie de l’Eglise et sa vraie grandeur : nous ne faisons pas la fête pour nous, mais c’est au contraire le Dieu vivant lui-même qui prépare une fête pour nous. »
L’Eucharistie est vitale pour le baptisé. Elle est pour lui une rencontre avec le Christ ressuscité qui vient vers lui, et lui offre sa vie : « Je suis le pain vivant qui descend du ciel, dit Jésus, celui qui mangera de ce pain vivra pour l’éternité. » (Jn 6,51)
Elle est nécessaire aussi pour le Christ qui, dans la célébration de l’Eucharistie, rassemble son peuple et en fait son Corps dans le monde. En étant unis au sacrifice du Christ, nous devenons les membres de son Corps et ses témoins dans notre vie quotidienne. « Que personne ne diminue l’Eglise en n’allant pas à l’assemblée, et ne prive d’un membre le corps du Christ. » (Didascalie des Apôtres 59,1)
L’Eucharistie est nécessaire enfin pour l’Eglise. Car c’est l’Eucharistie qui la fait Eglise, c’est à dire Corps du Christ, communauté fraternelle qui se reçoit sans cesse de Dieu et qui est appelée à témoigner de son amour dans le monde. Et vous venez d’entendre notre pape dire que c’est Dieu qui prépare cette fête pour nous.
Cette nécessité du rassemblement eucharistique était une conviction forte des chrétiens des premiers siècles. En 304, à l’époque du martyre de Sainte Foy, l’empereur Dioclétien interdit aux chrétiens de se réunir le dimanche pour célébrer l’Eucharistie. Arrêtés à Abitène, petite localité de la Tunisie actuelle, et conduits à Carthage, des chrétiens répondirent au proconsul qui les interrogeait et qui devait les condamner à mort : « Sans le dimanche, nous ne pouvons pas vivre. » Il nous faut méditer cette réponse, vivre intensément cette foi eucharistique et la partager avec conviction. Rassemblement dominical et foi dans la présence du Ressuscité sont profondément liés. Oui, au cœur de l’Evangélisation aujourd’hui doit retentir cette invitation que nous lançons dans chacune de nos célébrations eucharistiques : « Heureux les invités au repas du Seigneur ! »
Ce matin, c’est l’Esprit Saint qui vous répète ces paroles. Il s’agit rien moins que d’être fidèles à un commandement de Dieu.
En bonus, un diaporama de 3,7 Mo sous PowerPoint sur « Grandir en sagesse »
Dans le cadre de la campagne « 2005 : plus d’excuses« , la semaine du 27 juin au 2 juillet – avant la rencontre du G8 le 6 juillet – a été l’occasion d’une mobilisation mondiale pour le respect des engagements pris en 2000 par les 191 Etats membres de l’ONU (sommet du millénaire) pour combattre la pauvreté d’ici 2015. Au rythme actuel des moyens mis en oeuvre, ces objectifs ne seront pas atteint avant 2150 ! Aujourd’hui, un être humain sur 3 vit avec moins de 2 euros par jour, un sur 6 n’a pas accès à l’eau potable, 24.000 personnes meurent de faim chaque jour. Pour donner une idée, le financement de ces objectifs représente un euro par semaine, par habitant des pays du G8, soit une fraction de pourcentage de nos PIB…
Vous trouverez ICI tous les éléments d’information sur cette campagne, en particulier sur les OMD (objectifs du Millénaire pour le développement), choisis en 2000 pour leur réalisme :
Objectif 1. Réduction de l’extrême pauvreté et de la faim • Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour • Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim
Objectif 2. Assurer l’éducation primaire pour tous • D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires
Objectif 3. Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes • Éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus tard
Objectif 4. Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans • Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans
Objectif 5. Améliorer la santé maternelle • Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle
Objectif 6. Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies • D’ici à 2015, avoir stoppé la propagation du VIH/sida et commencé à inverser la tendance actuelle • D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres grandes maladies, et avoir commencé à inverser la tendance actuelle
Objectif 7. Assurer un environnement durable
• Intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales
• Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre
• Réussir, d’ici à 2020, à améliorer sensiblement la vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis
Objectif 8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
En France, parmi les 7 organisateurs de cette campagne, on trouve
le CCFD – Comité catholique contre la faim et pour le développement
le Secours Catholique – Caritas France
Notes prises par RB à la conférence de Marie-Thérèse Bernabe-Garrido. Elles n’engagent pas le conférencier.
A la différence des maladies psychiatriques, de l’esprit, lamaladie d’Alzheimer est une maladie organique, de l’organe cerveau, une maladie neurologique (du ressort du neurologue ou du neuropsychiatre), avec des manifestations mentales. Elle se traduit avant tout par une altération intellectuelle et s’inscrit dans le cadre plus général des démences. La démence est la pathologie de l’intelligence. Désignant à l’origine toute aliénation mentale, la notion de démence s’est, depuis Esquirol, circonscrite au déficit acquis et irréversible excluant ainsi les altération congénitales (débilité parexemple) ou transitoires (états confusionnels). « Le dément est un riche qui est devenu pauvre, tandis que l’idiot a toujours été pauvre » (Jean-PierreEsquirol 1772-1840) Il y a une soixantaine de démences, mais 5 ou 7 types sont surtout constatées en hôpital (Alzheimer, sénile, Parkinson, Korsakov,Creutzfeld-Jacob, Pick…). La maladie d’Alzheimer est une grave maladie, très répandue dans les pays occidentaux, parce que notre longévité est plus longue.
En 1906, le neuropathologiste Aloïs Alzheimer a décrit à Tübingen des altération anatomiques observées sur le cerveau d’une malade atteinte de démence. Depuis on nomme DTA (démences de type Alzheimer) des démences avant 65 ans, distinctes des DSTA (démences séniles de type Alzheimer) après 75 ans.
Les neurones, cellules du cerveau, sont donnés dès la naissance, et ne se remplacent pas, à la différence des autres cellules du corps : un neurone cassé ne se répare pas. Il peut être abîmé par dégénérescences neuro-fibrillaires, par ruptures de transmission de l’influx nerveux entre axones… Mais le capital neuronal initial n’est pas utilisé en totalité, d’où la possibilité de stimuler d’autres neurones inutilisés pour maintenir au maximum l’autonomie des malades. Un test en 30 points (MMSE) permet de mesurer la perte d’autonomie : 2 points par an en stimulation, 8 points par an sans. Des produits existent (neurotransmetteurs) retardant les effets d’Alzheimer, jusqu’à 15 ans aujourd’hui. La lutte des malades d’Alzheimer pour formuler péniblement des mots en mobilisant leurs neurones enétat mérite le respect. Des lieux comme les cantou (de l’occitan :foyer, lieu de la vie…) inventés par Caussanel à Paris il y a 17 ans (Centre d’Activités Naturelles autour de Travaux Occupationnels Utiles) permettent d’aider les malades à vivre, en travaillant ensemble, en leur donnant un cadre temporel et spatial… Ce sont des malades qui ont besoin de peu de soinsmédicaux. Les soins, ce sont les AVQ, les actes de vie quotidienne : mettre la table ensemble, cuisiner ensemble, balayer ensemble… Il y a 800.000 déments en France, et seuls 200.000 sont pris en charge en cantou.
On ne connaît pas encore les causes de la maladie, de cette dégénérescence neuronale. Il y a 7 hypothèses : l’hypothèse neurochimique (le manque d’acétylcholine, neuromédiateur… mais même avec on n’arrive qu’à retarder la maladie), génétique (non vérifiée), virale (on cherche encore), immunologique (baisse de résistance vis à vis d’agressions externes), vasculaire et métabolique (au niveau des nutriments du cerveau), toxique (Aluminium ?), radicalaire (enzymes…).
Le cerveau étant malade, ne peut plus faire fonctionner correctement les facultés mentales, ou intellectuelles, ou cognitives : 7 facultés cognitives que sont mémoire, langage, compréhension, orientation temporelle, attention et concentration, perception-jugement.
Le dément perd à l’envers de l’apprentissage de l’enfance ces facultés. Il revient à des stades antérieurs de son histoire. Le dément retrouve cette mémoire sensorielle de la prime enfance, la manière dont il a été attendu, désiré, choisi… Car la mémoire est acquise au départ in utero, sensoriellement, d’abord via le toucher, puis l’ouïe, puis le goût car le fœtusavale du liquide amniotique. (cf. Catherine Dolto : l’aptonomie ou science de l’affectivité apprise dans les camps de concentration, la science du nonverbal employée avec les comateux, les déments…).
La mémoire immédiate : quelques secondes ou minutes de mémoire. Les malades d’Alzheimer la perdent rapidement. Inutile de faire référence à des événements d’il y a une heure ou plus…
La mémoire intermédiaire : de quelques heures à quelques années, la mémoire fonctionnelle qui permet de travailler. Elle demeure au stade 1 de la maladie, mais est perdue au stade 2 de la maladie.
La mémoire ancienne : la mémoire affective, des faits fondamentaux ou symboliques.
Le langage ensuite, avec des sons et des images, enregistrés dans des zones. Au 8ème mois, des neurones se mettent en lien, avecla capacité de mettre en lien mémoire et langage, images et sons : c’est l’acquisition de la compréhension de celui qui est désormais « petit d’homme ».
Le fractionnement temporel fait partie de la socialisation de l’enfant. Une heure pour le manger, une heure pour le dormir… L’orientation temporelle. Idem pour l’orientation spatiale, pour distinguer les lieux selonleurs usages, favorisant l’insertion dans la société. Le dément perd ces repères, et se désocialise.
L’attention, concentration, c’est la capacité à se fixer. Un apprentissage dès la petite enfance : la capacité à rester assis, à terminer son travail, à maîtriser son instabilité. Comme des enfants « agités » ayant manqué de parentalité, des malades d’Alzheimer peuvent être incapables de rester assis, déambulant sans arrêt (d’où nécessité de veiller à leur alimentation calorique, à son hydratation etc… la nécessité d’accompagner : « marcher avec celui qui va, un peu en deçà, sur son chemin. Lui seul connaît le chemin. » Patrick Verspieren. C’est au-delà de la technique, car il s’agit d’accepter d’être déboussolé).
La perception-jugement, c’est la capacité à percevoir ce qui est bon ou mauvais. Un malade d’Alzheimer l’a perdu. L’accompagnateur doit suppléer à cette carence. Des malades vont boire leur urine, se déshabiller en public, parce qu’à partir du stade 2 de la maladie, il y a perte de lar econnaissance des objets (agnosie) et en particulier des vêtements. Faire comprendre aux proches que c’est l’effet d’une agnosie, non d’un vice, permet de mettre un pansement au cœur en réhabilitant l’image du malade à leurs yeux. La perte de la connaissance des mouvements et des gestes (apraxie), d’où des comportements sociaux très perturbant. On parle d’agnoso-apraxie lorsqu’on a les deux carences.
Réflexion d’un jeune africain accompagnant patiemment unmalade dément, répondant à la question « pourquoi lui parlez-vous, alors qu’il ne comprend pas ? » : « Il est déjà trop près des dieux : on ne peut plus le comprendre. »
Il manque 600.000 places pour accueillir les personnes démentes en France. Il faudrait quintupler le nombre de cantou. Celafera son chemin, comme les soins palliatifs l’ont fait dans les années 90. 80% des maisons de retraite n’ont pas la capacité thérapeutique ou la formation pour accueillir les personnes démentes. Mais 1,4% de la masse salariale sert à des organismes de formation continue. Et on n’a pas besoin de l’Etat pour changer notre point de vue sur la maladie d’Alzheimer. De plus en plus de personnes ont en charge une personne malade d’Alzheimer. Les audits dans les maisons de retraite en vue d’établir les conventions tripartites avec les tutelles et le Conseil Général pour l’octroi de l’allocation APA, rendront obligatoire l’accueil spécifique de malades d’Alzheimer, avec un accompagnement nuit et jour, et du personnel formé.
On n’est pas coupable de ce que l’on ignorait. C’est l’intentionnalité qui compte. Il s’agit de tirer parti de notre culpabilité pour mieux faire demain. La culpabilité est bonne, comme indicateur de la conscience.
L’animation thérapeutique s’adresse à des malades avec des personnels soignants ayant à devenir des animateurs. L’animation occupationnelle est différente. Les exercices de mémoire aident à la prévention, et permettent de retarder l’advenue du stade 2 de la maladie. Une molécule existe qui contribue aussi à cela. L’association médicament –animation thérapeutique (selon 8 ateliers possibles).
La loi du 4 mars 2003 (L1111-4) précise que toute personne ne peut recevoir un traitement sans son consentement libre et éclairé ; le cas échéant sans le consentement des ayant-droits. Pour l’accompagnement des malades, la non reconnaissance nominale du visiteur ne signifie pas que la visite ne lui soit bénéfique ; le malade peut le signifier par une approbation. Dès qu’une personne ou une famille exprime être contente de notre visite, nous avons notre place, celle en particulier d’apporter le regard validant de la société, dire au malade et à la famille : nous sommes ensemble, avec vous.
Conseiller aux familles de ne pas rester seul, de rejoindre une association ou un réseau comme France-Alzheimer. Pour de l’aide, des soutiens psychologiques…
Au stade 2 (perte de l’attention, de la perception-jugement qui conduit le malade à se mettre en danger), cela devient impossible d’accompagner un malade d’Alzheimer à domicile 24h sur 24. Une mise en institution devient obligatoire, ou le soutien d’autres.
Ecouter, observer. Les malades nous apprennent beaucoup.
Oui jusqu’à la fin du stade 1, mais avec une alternance de moments de lucidité et d’esquive, qui manifeste un effort de dialogue, de communication : le signe que l’on veut cacher son handicap à l’autre.Certaines agitations sont liées à la prise de conscience du manque. Au stade 1 des suicides sont possibles. Au stade 2, la mort est accidentelle, non voulue.
La souffrance d’un malade d’Alzheimer passe par des signes : un regard douloureux, perdu. L’agitation. L’agressivité. Des signes dus à un malaise soit physique (cf. incontinence…) ou psychique. Des fiches personnalisées de comportement permettent au cas par cas de décoder les signes et rituels de chacun, les goûts – à recueillir le plus tôt possible, avant que le malade soit incapable de les formaliser.
Non ; ce n’est pas une maladie psychique, mais organique.
Au niveau non verbal, il reste une imprégnation émotionnelle, qui permet de vivre un rituel religieux habité précédemment, un temps de recueillement, même non manifesté verbalement.
L’agence nationale d’accréditation établit un référentiel des pratiques professionnelles, notamment du diagnostic permettant de définir la maladie. Une perte de mémoire ou d’orientation ne signifie pas nécessairement l’Alzheimer. Des tests (MMSE, tests psychométriques…) établis par des médecins spécialistes sont nécessaires avant d’énoncer le diagnostic terrible et définitif de la maladie d’Alzheimer. Il y a des fausses démences réversibles.
Au stade 1 on peut travailler à une rectification de l’altération de la mémoire. Une correction sans reproche, avec amour. Pas au stade 2, auquel cas, il faut arrêter ce travail.
En général non, pour l’aider à trouver les connexions neuronales, à stimuler sa mémoire, et parce que la tendance des ‘aidants’ seraa lors de leur interdire la parole.
Est-ce qu’il souffre physiquement ? Est-il confortable dans son habit ? A-t-il froid, chaud, faim, soif ? Certains agressifs le resteront du fait de réminiscences passées contre lesquelles on ne peut rien. Certaines agressivités viennent des intervenants eux-mêmes (hiatrogénie).
Par l’amour.
Stade 1 : démence débutante
Troubles de la mémoire récente
Troubles de l’OTS
Troubles du langage : une syllabe pour une autre, un mot pour un autre, une périphrase (paraphrasie : le signe de l’effort de maintenir la communication)
Début de la perturbation de la capacité d’attention concentration (20’ à 40’, c’est le maximum ; laisser le malade libre de changer d’activité : « vivre toute sa vie, aimer tout son amour, mourir toute sa mort » (Thérèse d’Avila), on pourrait ajouter « être dément de toute sa démence »
Stade 2 : démence intermédiaire
Troubles de la mémoire intermédiaire (celle fonctionnelle, opératoire pour accomplir tel métier, telle activité)
Majoration des troubles de l’OTS
Aggravation des troubles du langage : disque cassé,« jargonophasie »
Apraxie, Agnosie (par exemple : les murs, les assiettes doivent être blancs, parce que des motifs peuvent être pris pour réels…)
Perte de la perception jugement
Stade 3 : démence avancée
Grabatisation physique plus ou moins importante
Troubles de la déglutition, dus à l’oubli de lapratique !
Mutisme ou cris ou onomatopées
Etat de prostration gestuelle
Regard éteint, figé
(à ce stade, on ne peut plus savoir si des pans de mémoire perdurent, si une sensorialité subsiste, si la notion de « besoin »,de « plaisir » existent ; on les postulera alors)
Echanger – Comprendre – Ecouter – Observer – Se préparer à la différence avec intérêt
Tenter la communication verbale tant que possible, en partant de leur vécu, leur environnement, leur réalité. Puis progressivement remplacer le verbal qui ne marche plus, par le non-verbal dont vous aurez objectivé qu’il fonctionne, car les déments y restent sensibles très tardivement.
a- la distance : empathique, chaleureuse
b- le regard : chaleureux, attentif, calme (on crie parce que l’on dit que les vieux sont sourds ! non, les vieux (‘remplis de vie’) écoutent)
c- le ton de voix : voix basse, rythme lent,vocabulaire de plus en plus simplifié (ce n’est pas infantiliser, mais se mettre au niveau de compréhension résiduel), ton amical et chaleureux
d- le toucher relationnel : remplacer le sens des mots par le sens des gestes, dire la présence autrement qu’avec le verbe, dire l’humain de peau à peau (cf. massages à l’eau de Cologne pour donner de la sensorialité, de l’odorat, ne postulant qu’ils me perçoivent). Attention, certaines personnes n’aiment pas être touchées. Certaines sont kinesthésiques, d’autres non. Respecter cette aversion et graduer vos contacts en fonction de ce que la personne peut tolérer.
Ne jamais considérer que votre raison, que votre (notre) norme leur est accessible… leur monde est différent ! il faut apprendre à les accompagner dans leur monde !
« Ce que tu auras fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu l’auras fait. »
« Et qui est mon prochain? » demanda le légiste 30 Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands qui, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à demi mort. 31 Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre. 32 Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre. 33 Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. 34 Il s’approcha, banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l’hôtellerie et prit soin de lui. 35 Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, en disant : Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour. 36 Lequel de ces trois, à ton avis, s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands? » 37 Il dit: « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. » Et Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
A quoi cela sert d’accompagner les « déchus » ? A mesurer la température de mon éthique. C’est facile de respecter celui qui a le verbe, celui qui a la lucidité, mais l’amnésique, le mutique, l’inconscient…peut facilement voir sa sacralité violée. La déontologie professionnelle du soignant, son humanisme ne suffisent plus lorsque se pose la question du sens de l’autre dans sa perte, sa petitesse. Il s’agit de signifier la grandeur du petit, la dimension fondamentale de l’être humain. Admettre la souffrance de l’autre. Accompagner suppose ce mouvement intime et intérieur qu’est l’empathie, le fait de se mettre à la place de celui qui perd la mémoire du temps, des lieux, des mots. L’empathie : la capacité de se mettre à la place de l’autre, pour comprendre ce qu’il vit, ressent, comment il se bat. C’est affaire de spiritualité. La maladie est entre le patient et l’entourage. Maison sait aussi par expérience que l’efficacité des soins, c’est la qualité du traitement, multiplié par la qualité de l’environnement (architecture, entourage : soignants, famille, bénévoles).
Il ne s’agit pas de guérir, mais d’accompagner dignement, marcher à côté de ce « perdu planétaire » ; parce que la route du dément ressemble à celle d’une planète inconnue où rien ne veut plus rien dire, sinon l’instant présent, ressenti, la présence émotionnelle. Ce voyage dans un pays étranger exige un travail d’acceptation, d’abnégation, de non rendu, de deuil : une altération de l’image narcissique de l’homme… perte de la réciprocité de la relation… sublimer son deuil, c’est accepter de donner sans retour, sans attente, d’être remercié d’une manière autre que terrestre (cf. pyramide de Maslow). La gratitude d’un bénévole, c’est de pouvoir donner.
Le strokoscope de poche : (signes dereconnaissance)
1. Marcher dans la foule
2. Regard rapide
3. Contact bref
4. Donner recevoir une information
5. Bonjour
6. Poignée de main
7. Regard dur
8. Regard doux
9. Une remarque
10. Engueulade (courte)
11. Sourire
12. Compliment
13. Gifle
14. Frapper,être frappé
15. Se prendre dans les bras
16. Un baiser
17. Une caresse
18. Une bonne conversation
19. Dispute importante
20. Intimité
N’est-ce pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug ; renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs? 7 N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé, héberger chez toi les pauvres sans abri, si tu vois un homme nu, le vêtir, ne pas te dérober devant celui qui est ta propre chair? 8 Alors ta lumière éclatera comme l’aurore, ta blessure se guérira rapidement, ta justice marchera devant toi et la gloire de Yahvé te suivra. 9 Alors tu crieras et Yahvé répondra, tu appelleras, il dira: Me voici ! Si tu bannis de chez toi le joug, le geste menaçant et les paroles méchantes, 10 si tu te prives pour l’affamé et si tu rassasies l’opprimé, ta lumière se lèvera dans les ténèbres, et l’obscurité sera pour toi comme le milieu du jour. 11 Yahvé sans cesse te conduira, il te rassasiera dans les lieux arides, il donnera la vigueur à tes os, et tu seras comme un jardin arrosé, comme une source jaillissante dont les eaux ne tarissent pas. (Isaïe 58)
« Nos âmes souffrent de dénutrition, parce que notre cœur est en désordre, parce que l’amour qui indiquerait le chemin de la justice lui fait défaut. Le secours donné à chaque personne fait partie du combat de l’amour, de la lutte de la foi en vue de l’avènement du Royaume de Dieu. » card. Joseph Ratzinger
Heureux ceux qui respectent mes mains décharnées et mes pieds déformés.
Heureux ceux qui conversent avec moi bien que j’aie désormais quelque peine à bien entendre leurs paroles.
Heureux ceux qui comprennent que mes yeux commencent à s’embrumer et mes idées à s’embrouiller.
Heureux ceux qui, en perdant du temps à bavarder avec moi, gardent le sourire.
Heureux ceux qui jamais ne me font observer : » c’est la troisième fois que vous me racontez cette histoire ! « .
Heureux ceux qui m’aident à raviver la mémoire des choses du passé.
Heureux ceux qui m’assurent qu’ils m’aiment et que je suis encore bon à quelque chose.
Heureux ceux qui m’aident à vivre l’automne de ma vie…
d’après un tract de Caritas Portugal