Spiritualité vs Religion ?

Un échange courtois sur Facebook à propos de l’image ci-contre, emblématique d’une manière de voir la spiritualité « ouverte », en contraste avec la religion vue comme « fermée », voire enfermante…

MOI : Simpliste

LUI : Pour moi, la religion ajoute une couche hiérarchique et institutionnelle à une tradition spirituelle. J’aime la spiritualité chrétienne, et d’autres, moins leurs églises. Au plaisir d’en discuter avec vous, pour apprendre plus.

MOI : Un point commun entre nous me semble être l’intérêt que nous avons pour… le « commun », pour ce qui permet à un groupe d’être une communauté qui libère l’individu des limites de sa subjectivité (vs individualisme), tout en respectant l’irréductible de chaque personne (vs collectivisme).

Comme « spirituel », je crois que tout homme est en quête de sens, et qu’il aspire à un dépassement de soi qui d’une manière ou d’une autre vise l’un ou l’autre des grands idéaux universels de l’humanité. Mais comme « religieux », je doute que cette aspiration suffise à produire du commun, parce qu’on peut soit se faire une idole de ces « ombres de Dieu » (Nietzsche) que sont toutes les grandes valeurs de liberté, égalité, fraternité, justice, vérité, vitalité…, et que ces idoles peuvent écraser l’homme comme les totalitarismes du XXème siècle l’ont montré, soit verser dans un relativisme nihiliste qui laisse chacun libre d’inventer des valeurs alors sans force parce que sans fondement réel.

Être religieux, c’est accepter que ces idéaux existent, pas seulement dans la visée subjective des hommes, ni non plus comme réalité objective, évidente, s’imposant à tous, mais comme mystère se donnant dans un clair-obscur qui oblige à avancer à tâtons, avec les autres ; comme appel respectant la liberté de l’entendre ou de ne pas l’entendre ; comme révélation passant par le témoignage d’autrui, par l’expérience partagée entre croyants, par ce « commun » que la religion a tâche de transmettre, où l’expérience des autres aide chacun à faire le tri entre le bon grain et l’ivraie dans sa propre expérience spirituelle. Connaissant en moi l’écart voire le gouffre qu’il y a entre (1) connaître le bien, le vrai ou le beau, (2) le désirer, et (3) me décider à agir dans ce sens (« Je ne fais pas le bien que je voudrais faire »), mesurant aussi que l’accès à l’universel suppose l’attention aux médiations particulières (vs prétention à aimer l’humanité sans aimer mon prochain), je préfère la jouer modeste et ainsi soumettre le discernement de mon expérience spirituelle à celle – plus vaste – de la communauté des croyants d’hier et d’ailleurs. Ce décentrement-là, typiquement « religieux », me ferait alors inverser les étiquettes de l’image de ce post !

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