A l'origine…

Un début de réponse à une lycéenne qui pose la question :

Bereshit (Gn 1,1) : Dans un commencementDieu a créé l’univers, les étoiles, les planètes, la terre, l’air, l’eau, le feu, les animaux, les végétaux, les hommes, etc. Mais qui (ou qu’est-ce qui) a créé Dieu ? Est-il un être « infini » ayant toujours existé ?

 

La question que tu poses, a donné lieu aux 5 classiques « preuves de l’existence de Dieu » résumées par saint Thomas d’Aquin, et qui se résument à 2 : l’une par la remontée à une « cause première non causée », à un « premier moteur non mu », ou à un dieu créateur non créé – le « d » minuscule est exprès ; l’autre par l’argument de la perfection où ce que nous percevons de la beauté, de la finalité ou du sens des choses de ce monde, renvoie à l’absolu dont elles sont la trace.

En fait, on pourrait contester que l’intuition d’une cause première ou d’un premier moteur immobile repose sur notre difficulté à concevoir l’infini. A la suite d’Emmanuel Kant qui reprend Thomas d’Aquin, nous ne concevons rien qui n’ait été perçu d’abord par nos sens (« nihil in intellectu quod non prius in sensu. » St Thomas). Or ceux-ci ne peuvent sentir que du fini, dans l’espace et le temps qui nous conditionnent. Nous peinons donc à concevoir une suite de causes qui remontent à l’infini, d’où l’intuition d’une cause première ou d’un premier moteur qui arrête la chaîne des causes…

Des athées qui admettent le principe de causalité, à savoir qu’il ne peut y avoir d’effet sans cause, préfèrent admettre une chaîne infinie de causes qui remonte sans qu’il y ait un premier moteur immobile. Cette chaîne infinie est plus difficile à admettre qu’un dieu créateur non créé, car elle est encore moins représentable qu’un dieu créateur, mais c’est malgré tout une manière possible d’imaginer l’univers.

Au total, cela fait que ces « preuves » de l’existence de Dieu ne convainquent que les convaincus !

Personnellement, je préfère l’argument ontologique, que refusaient Thomas d’Aquin et Emmanuel Kant sous sa forme simplifiée : le concept de Dieu « plus grand que tout ce que l’on peut penser » comprendrait nécessairement son existence, car ce concept inexistant est moins grand que le même concept existant. En réalité, il ne s’agit pas d’une « preuve » de l’existence de Dieu, car l’existence ne peut effectivement se déduire d’un concept. Il s’agit plutôt d’une critique du statut logique de la proposition athée : « Dieu n’existe pas », non pour dire qu’elle soit fausse – et encore moins qu’elle soit vraie – mais pour dire qu’elle est bancale, car indécidable du fait d’être auto-référentielle comme une phrase du type : « je mens toujours », qui se mord la queue, et donc n’est ni vraie, ni fausse. Cela ne prouve pas que Dieu existe, mais cela rend plus circonspect quant à affirmer son inexistence.

En définitive, le foi en Dieu n’est pas contraire à la raison métaphysique, mais ne peut reposer sur elle. Elle suppose un acte de la volonté, une prise de risque, un engagement qui est de l’ordre de l’amour, qui une fois posé éclaire l’intelligence et lui permet de se dépasser elle-même.

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