Les crimes et exactions islamistes du début de l’année en France, mais aussi – ne l’oublions pas – au Nigéria, au Niger, au Pakistan… ont rendu plus urgente la quête d’un juste rapport entre société et religion, en particulier avec l’Islam qui est à la fois une mystique et une culture mais aussi une politique – au sens d’un art de vivre en société.
Le christianisme a mis des siècles à redécouvrir ce qui se trouvait dès son fondement : la distinction de la nature et de la grâce, et donc des pouvoirs temporel et spirituel : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt 22,21, Mc 12,17 ou Lc 20,25). Même si la loi de 1905 a été instituée dans un contexte conflictuel entre l’Etat et l’Eglise, les chrétiens s’accommodent d’autant mieux de cette laïcité qu’elle découle de ces distinctions. Une laïcité comprise non pas comme la négation du fait religieux ou son cantonnement à la sphère privée – ce laïcisme que l’on a hélas entendu récemment dans certains discours anti-religieux -, mais comme liberté de conscience assurée par la République, libre croyance ou non de chacun, neutralité de l’Etat vis à vis des religions pour garantir la liberté de culte.
Les musulmans de France peuvent voir cette laïcité à la française comme une chance, car leur foi pour être sincère ne saurait résulter d’une obligation ou d’un conformisme familial, culturel ou social. De leur côté, les chrétiens gagneraient à oser affirmer leur foi avec l’ « humble fierté » (la parrhésia de Saint Paul) de se savoir aimés de Dieu, sauvés par le Christ et appelés à en témoigner en acte et en parole.