Les manifestations violentes contre la barrage de Sivens dans le Tarn, et la participation de jeunes écologistes dont la motivation ne saurait justifier n’importe quelle forme d’engagement, nous ont amenés à proposer aux lycéens en aumônerie sur le Ségala, une réflexion sur un art chrétien de défendre ses convictions.
Un art qui prend exemple sur Jésus, lui « le chemin, la vérité et la vie » qui peut pourtant se laisser fléchir par les arguments et l’humilité d’une femme syro-phénicienne (Mc 7,24s)… sur Paul, capable de ravaler son exaspération devant les idoles grecques, pour s’adresser aux athéniens dans un langage qu’ils puissent comprendre (Ac 17,16s)… Deux exemples qui invitent à sortir du manichéisme, car l’adversaire a des raisons que je dois entendre en allant jusqu’à « sauver la proposition de l’autre » (St Ignace de Loyola). Ce n’est pas seulement affaire de tactique – pour préparer une réfutation – mais d’objectivité, sans laquelle on n’est que fanatique (pour qui tout est en noir & blanc) ou infantile (il y les bons et les méchants, comme chez Walt Disney), à confondre le Bien ou le Vrai avec ce que l’on en a perçu.
Au contraire, la juste attitude consiste non pas « à convaincre d’erreur mon adversaire mais à m’unir à lui dans une vérité plus haute ». (Lacordaire) Hors des situations intolérables contre lesquelles il faut se battre (nazisme, islamisme…), il y en a d’autres que l’on peut et doit tolérer, et l’on ne tolère qu’un mal…
Puissions-nous avoir la force et la douceur nécessaires à cet art !