En faisant les recherches Google sur les expressions :
joie : https://www.google.fr/search?q=joie
servir : https://www.google.fr/search?q=servir
joie servir : https://www.google.fr/search?q=joie+servir
Voici ce que j’ai trouvé…
p. Raphaël Bui
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Voici ce que j’ai trouvé…
Deux retours vidéo du pèlerinage du diocèse de Rodez à Lourdes, du 23 au 26 août 2018 et du 25 au 28 août 2017 : environ 1300 pèlerins, dont 300 personnes âgées ou malades, 600 hospitaliers (et parmi eux 150 jeunes hospitaliers).
Musiques (chantées avec l’HA)
2018 :
– Actes d’apôtre (Jean-Jacques Juven)
2017 :
– Ouvre mes yeux, Seigneur
– Chantez avec moi le Seigneur (Chants de l’Emmanuel)
– Nous sommes (Hopen)
– Tu fais ta demeure en nous, Seigneur (Chants de l’Emmanuel)
Quelques lignes pour répondre au journal de la paroisse de Bozouls (12), demandant non pas un commentaire biblique sur les Béatitudes, mais un témoignage sur le bonheur de vivre…
Il m’a fallu du temps pour pouvoir me dire heureux. Non que je fusse malheureux, ce qui serait un manque de gratitude à l’égard de tous ceux qui m’ont donné de vivre, de grandir, d’étudier, de trouver ma vocation, d’avoir le choix de la manière de servir et d’aimer… comme homme, comme chrétien, comme prêtre. Mais dire et même penser ces trois mots : « Je suis heureux », semblait supposer de m’abstraire du scandale du mal, de l’injustice et de la souffrance dans lequel tant et tant sont plongés. Peut-on être heureux lorsque des hommes, des femmes, des enfants sont réduits en esclavage ou en chair à canon, défigurés par la misère et le malheur ? Une profonde insatisfaction m’habite toujours quant à la marche du monde, et elle s’étend à moi-même, de par ma complicité active ou passive à ce désordre établi. Mais cette insatisfaction n’a pas aujourd’hui la même tonalité qu’hier.
Dans les années qui ont précédé ma conversion, cette insatisfaction s’accentuait négativement d’un volontarisme, d’une quête de performance – notamment scolaire -, d’un esprit de compétition, de comparaison avec les autres, qui ôtaient aux efforts légitimes pour m’améliorer la joie de la gratuité. Alors, redevenir chrétien à l’âge de vingt ans après des années d’agnosticisme, expérimenter la miséricorde du Seigneur – avec l’évangile de Luc et le psaume 138 (139) notamment -, m’émerveiller de l’amour inconditionnel de Dieu, et partant, de la valeur et de la dignité infinie de chacun par-delà tout mérite et tout résultat, voilà ce qui a donné à mon insatisfaction de nouveaux motifs, un nouvel esprit, et d’y voir même un chemin de bonheur. Si le bonheur est moins affaire de satisfaction présente (ce qu’est le « bien-être ») que de sens, d’espoir (de « représentation de l’avenir » selon Boris Cyrulkik), et mieux, d’espérance théologale, alors je peux dire aujourd’hui que je suis profondément heureux.
Comme homme, il m’est resté d’une jeunesse très studieuse cet optimisme – certes illusoire, mais si efficace quant à la manière de voir l’avenir – de croire que toute difficulté, tout problème peut être résolu à force de temps et de travail, d’imagination créatrice et de confiance en soi.
Comme chrétien, il m’est venu de rencontrer le Christ, de méditer son mystère pascal, et par là de croire en ce que la défiance de soi, avec les manques, les échecs et le péché, loin de faire obstacle à Dieu, peuvent être pour celui qui les dépose humblement devant le Christ, l’occasion d’une conversion qui fait entrer plus avant dans son mystère. C’est là le motif d’une espérance qui traverse tout désespoir. La maladie même, dont je fais actuellement l’expérience, peut être un lieu de recentrage sur l’essentiel – nous sommes aimés de Dieu – et de décentrement de soi – pas d’inquiétude, nous pouvons aimer -, d’approfondissement d’une prière qui ne soit pas que de demande, mais de consentement à ce qui est, y compris à mourir, comme le disent le titre et le sous-titre d’un des premiers livres d’un converti, maître-ès-bonheur, mon auteur préféré, le philosophe Fabrice Hadjadj : Réussir sa mort. Anti-méthode pour vivre.
Enfin, pour suggérer de manière plus spécifique ce qui fait le bonheur d’un prêtre, je reprends ce que j’ai écrit l’an dernier après avoir énuméré ce que six ans comme curé en Ségala m’ont fait goûter et admirer d’une vie rurale dont j’ignorais presque tout : « C’est déjà un bonheur profond que de pratiquer l’admiration. Mais la vocation de prêtre n’est pas seulement d’être attentif à ce que tous apportent comme joies ou supportent comme peines. C’est aussi et surtout celle de laisser le Christ les prendre dans son offrande à Dieu lui-même, d’en faire Eucharistie. Un peu de foi catholique suffit pour faire pressentir que se joue ici l’acte de sens « plus que nécessaire » qui donne à toute joie et à toute peine d’être transfigurées par le mystère pascal. Par delà les talents et limites personnelles du prêtre, par delà sa sainteté et son péché, c’est la grandeur essentielle de sa vocation que de porter sacramentellement à son accomplissement cette noble matière faite du « fruit de la terre et du travail des hommes », de toute la vie qu’on lui porte. Puissent des chrétiens, des jeunes, être saisis par la grandeur de cette vocation… et y répondre ! » Il y a là un vrai chemin de bonheur !
p. Raphaël Bui
Voici 4′ d’interview des 3 intervenants à la formation organisée par la Pastorale Familiale du diocèse de Rodez sur l’exhortation apostolique Amoris Laetitia (19/3/2016) du pape François.
Les notes que j’ai prises des interventions de Marianne Cebron (de la Pastorale Familiale du diocèse de Toulouse), fr. Gilles Danroc (dominicain) et Marie-Claude Ernst (moraliste) sont téléchargeables ICI.
Pour lire Amoris Laetitia, et notamment pour des pistes de lecture en groupe, il nous est recommandée l’édition présentée et annotée sous la direction du Service national Famille et Société de la Conférence des évêques de France (13 €) : ICI.
Sinon, le texte est aussi accessible en ligne sur le site du Vatican, ICI.
Inspiré de Découvrons l’amour, le livre du p. Denis Sonet, voici deux diaporamas pour l’éducation affective des collégiens, l’un sur les mots de l’amour (Eros, Philia, Agapè), l’autre sur les étapes de l’amour…
Pour une animation auprès de collégiens en 4ème-3ème, nous nous servons aussi du clip vidéo de la chanson « Savoir aimer » (Florent Pagny) avec l’animation téléchargeable ICI, mobilisant quelques personnes mariées, époux, parents… « ordinaires » comme intervenants auprès des jeunes, et l’affirmation de quelques convictions pour filles et garçons.
Enfin, voici un lien vers Amoris Laetitia, l’exhortation apostolique du pape François, le texte de référence sur « l’amour dans la famille » (où dans le chapitre sur l’éducation des enfants, les n° 280-286 ont pour titre « Oui à l’éducation sexuelle »), et l’encyclique Deus Caritas est du pape Benoît XVI, avec en 1ère partie, sa très belle méditation sur Eros et Agapè.
Pour d’autres posts sur le thème de l’amour, cliquer ICI.
Nous avons eu samedi 10 novembre une vive discussion avec une quinzaine d’étudiants après la messe des jeunes à propos des questions sociétales en débat aujourd’hui. Pour alimenter celui sur le projet de loi de « mariage pour tous » qui a donné lieu à la « manifestation pour tous » samedi 17 novembre en divers lieux en France, et notamment à Toulouse, mais aussi et surtout celle qui aura lieu à Paris, le dimanche 13 janvier à 13h dans le 13ème arrondissement (place d’Italie), voilà des points de vue que j’ai exprimés dans des débats (enflammés) sur facebook :
La question n’est pas celle de l’égalité, mais du rapport entre droit « à » l’enfant et droit « de » l’enfant, car le mariage homosexuel ne pose problème que parce que ses promoteurs le présentent comme une nouvelle étape du « droit A l’enfant ». Avec le PACS, ses partisans disaient la main sur le coeur que l’adoption serait exclue (cf. le discours d’Elisabeth Guigou, ministre de la justice de l’époque pour défendre le PACS) ; on en parle maintenant. Dans le programme de Fr.Hollande, et il y a encore un mois, on disait que la PMA pour les couples de femmes serait exclue ; Najat Vallaud-Belkacem puis la majorité parlementaire en parlent maintenant pour le mois de mars. On dit aujourd’hui que la GPA pour un couple d’hommes serait exclue ; quand fera-t-on sauter ce tabou rétrograde-discriminant-contraire-à-l’égalité-des-droits ? C’est ce que demande explicitement Pierre Bergé : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? » Ce qui passe aux oubliettes, c’est l’égalité des enfants, le « droit DE » l’enfant à bénéficier d’un père et d’une mère…
Aussi légitime et même souhaitable soit le désir d’enfant de la part du couple, quel qu’il soit, homo ou hétéro, pour accueillir l’enfant, ce désir ne suffit pas à fonder la parentalité. On le comprend bien lorsque l’on refuse à un couple de retraités, et même à un couple de cinquantenaires l’agrément pour l’adoption d’un enfant. Au contraire, faire de l’existence d’un projet parental, du désir d’enfant de la part d’un individu ou d’un couple, quel qu’il soit, la cause formelle de l’advenue d’un enfant (le-projet-parental-comme-seul-fondement-de-l’existence-de-l’enfant), cette manière de voir nie l’enfant comme finalité en lui-même, irréductible au seul projet d’un tiers, fût-ce de ses parents. C’est ce que les chrétiens disent en disant que les parents ne sont que procréateurs, et non créateurs de leurs enfants, ce que l’on peut moquer en disant que « l’enfant ne tombe pas du ciel », mais qui peut aussi se dire plus simplement en considérant l’enfant comme un don, et non comme un dû ou un droit. Penser l’inverse, conduit effectivement à demander à la technique (PMA, GPA) ou à n’importe quel moyen (argent comme c’est le cas pour des GPA aux USA, contrainte, comme c’est déjà le cas en Europe de l’Est) de suppléer pour satisfaire le désir individuel selon une logique qui est de fait celle du libéralisme. C’est sûr que d’écrire cela va de pair chez moi, et dans la pensée de l’Eglise catholique, avec une remise en cause du « droit » à l’avortement, de la PMA, et bien sûr de la GPA… ce qui est dur à avaler à beaucoup, mais a autant de cohérence – inversée – que celle de Pierre Bergé cité par F.X. Bellamy : le choix est celui de l’une ou l’autre de ces cohérences ; le discours d’Elisabeth Guigou en 1998 voulait se le cacher…
Pour aller plus loin :
– les réponses de Xavier Lacroix aux questions du journal « Le Monde » à propos du « mariage pour tous » (26 octobre 2012).
– la conférence de Henry Couleau à Rabastens (81) le 8 novembre 2012, sur « Elle et lui, père et mère » (1h):
– une revue de presse précise suite à la manifestation du 17 novembre, sur le site lemessin.wordpress.com.
– l’enquête sur les études sur le genre en Norvège (40′) où est manifeste une posture idéologique refusant les faits contraires à une théorie qui ne veut voir dans l’identité masculine ou féminine qu’un conditionnement éducatif, social ou culturel, sans base biologique ou naturelle :
L’argumentaire du philosophe Thibaud Collin à propos du mariage homosexuel (13 décembre 2012) :
La réflexion de François-Xavier Bellamy sur la logique libérale à l’oeuvre dans le projet d’adoption, PMA (et pour Pierre Bergé, GPA) pour tous (18 décembre 2012)
La réflexion profonde d’Erwan Le Morhédec (koztoujours.fr) sur le sujet (7 janvier 2013).
Avec le printemps, fleurissent des mariages à l’Eglise. C’est l’occasion d’en repréciser le sens pour aujourd’hui.
A l’heure où s’affirme davantage la revendication d’une égale reconnaissance pour les diverses manières d’être en couple ou de constituer une famille, l’Eglise catholique persiste à penser que le meilleur écrin pour accueillir l’enfant, pour fonder un foyer, se trouve dans l’engagement entre un homme et une femme à s’aimer d’un amour libre, fidèle, indissoluble et fécond.
Certains contestent ces points – qui pour l’Eglise constituent les quatre piliers du mariage – mais peu remarquent que ces points n’ont en eux-mêmes rien de religieux ou de spécifiquement chrétien, car ils concernent tout autant le mariage civil. A ceux qui le contestent en disant que l’on peut divorcer d’un mariage civil, on peut répondre que le mariage civil implique lui aussi de l’indissolubilité, avec l’irréversibilité de droits et de devoirs réciproques qui demeurent entre les époux, y compris lorsqu’il y a séparation : même en ce cas, un couple marié civilement ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu mariage.
Face à une telle réappréciation du mariage civil de la part de l’Eglise, et qui surprend parfois ceux que nous préparons au mariage religieux, l’interrogation voire le doute, viennent alors sur ce que le mariage religieux change par rapport au mariage civil, voire à l’engagement privé entre deux personnes qui s’aiment. Voici alors quelques ébauches de réponses.
Venant après le mariage à la mairie, le mariage à l’Eglise apporterait :
– un « plus » indéfinissable de l’ordre d’une « atmosphère », d’une « ambiance » qui donnerait plus de poids symbolique à l’engagement des époux ;
– une bénédiction, au sens où Dieu « dirait du bien » du couple constitué ;
– une « grâce sacramentelle », d’un don de Dieu qui se rendrait présent, comme c’est le cas en tout sacrement, et qui ferait grandir la foi en lui.
Tout cela est juste… mais peut aussi être critiqué !*
En quoi la force de l’engagement des époux dépendrait-elle du décor (mairie ou église) ou de la présence de figurants (témoins, clergé, invités…) ? En quoi Dieu ne dirait-il pas du bien de l’amour entre deux êtres avant leur mariage ? Dans un amour selon les quatre piliers de la liberté, de la fidélité, de l’indissolubilité et de la fécondité, déclaré en privé par un homme et une femme, Dieu n’aurait-il pas déjà tout donné ? Que reste-t-il à recevoir puisque « où sont amour et charité, Dieu est présent. » (hymne grégorienne pour le Jeudi Saint) ?
C’est là la limite d’un raisonnement en terme de « ce-que-l’on-peut-recevoir-de-plus » avec le sacrement du mariage, mais aussi avec tout sacrement. Car en toute liturgie – qui étymologiquement signifie le « service public » que l’Eglise accomplit en union avec le Christ – célébrer un sacrement ce n’est pas d’abord chercher à recevoir quelque chose qui manquerait, mais plutôt « servir » et donner rien moins que soi-même, en consacrant à Dieu ce que l’on a déjà reçu de lui, à partir du constat proprement chrétien de ce que Dieu a déjà tout donné en son Fils Jésus-Christ. Mieux encore : de ce qu’en Jésus-Christ, Dieu nous donne de quoi nous donner nous-mêmes !
Logique de gratuité, le mariage chrétien part d’une double « reconnaissance » :
– au sens d’ »identification » de Dieu comme source première de l’amour entre un homme et une femme capables de s’engager – même en privé – selon les quatre piliers ci-dessus ;
– au sens de « gratitude » à l’égard de Dieu, en lui consacrant ces dons reçus de lui que sont déjà le couple, l’amour entre époux, ceux-ci acceptant en retour la responsabilité de veiller sur ces biens qui ne leur appartiennent plus, mais qui appartiennent à Dieu et dont Dieu leur confie la gérance. Promesse de sérieux et de décontraction tout à la fois…
Dans tout sacrement, à commencer par le baptême, la question n’est pas celle de savoir si on en a « besoin » pour (s’)aimer davantage, pour être plus croyant etc… une question qui reste centrée sur soi. Elle est moins encore celle d’être aimé davantage de Dieu : Dieu est amour, et son amour infini pour chacun n’est pas déterminé par le fait d’être ou non « pratiquant ». La vraie question est plutôt celle du psalmiste : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » (Ps 115) à laquelle il répond immédiatement en termes liturgiques : « J’élèverai la coupe du salut. J’invoquerai le Nom du Seigneur ! »
Comme à chaque Eucharistie, où l’assemblée dit pourquoi elle célèbre : « pour la gloire de Dieu et le salut du monde« , tout sacrement est une réponse à l’amour de Dieu déjà reçu (et reconnu tel moyennant la foi), une remise de soi, un décentrement, un « rendre gloire à Dieu » qui est le contraire du « pour moi ». Or ce n’est qu’avec le Christ qu’un tel décentrement vers le Père et vers les autres est possible : « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) Célébrer un sacrement, c’est alors s’en remettre au Christ, lui consacrer ce que nous recevons et transformons de la Création, ce « fruit de la terre et du travail des hommes » (messe), lui consacrer cet amour que nous avons reçu de Dieu (mariage), lui consacrer cette faiblesse, cette fragilité qui nous affecte par le péché ou la maladie et que nous confions au Seigneur, certains qu’il saura bien en faire quelque chose (sacrement du pardon, sacrement des malades), lui consacrer notre énergie, notre envie de vivre, d’agir, de nous engager (confirmation), lui consacrer toute notre personne en plongeant avec lui dans cette aventure de la vie qui intègre la mort (baptême)… et recevoir en retour ce que nous avons consacré au Christ comme la plus haute des bénédictions : le fait de pouvoir « offrir notre personne et notre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu. C’est là l’adoration véritable » (Rm 12,1). La grâce de tout sacrement qui unit au Christ est qu’un tel don de soi à Dieu et au monde soit effectif. « Donne-moi seulement de t’aimer » (Saint Ignace de Loyola)
A l’occasion d’une récente rencontre commune de préparation au mariage en doyenné, un des fiancés présents a eu la sincérité de dire que s’il se mariait à l’Eglise, c’était « pour l’autre », en désignant celle avec qui lui, non croyant, allait se marier. Belle remarque finalement, car il suffit de la corriger en « pour l’Autre » et « pour les autres » pour dire la valeur sacramentelle du mariage chrétien.
* Le même genre de propos arrive lorsqu’il est question du « plus » qu’apporte le sacrement du baptême :
– la satisfaction de faire les choses comme il faut, comme la tradition le demande : la famille, l’Eglise… ;
– l’entrée dans la communauté chrétienne ;
– une bénédiction-protection contre le mal ;
– le fait de devenir enfant de Dieu.
A cela, on pourra objecter que tout être humain est enfant de Dieu dès sa conception, qu’il soit baptisé ou non, qu’il soit croyant ou non ; que le chrétien n’est pas épargné par le scandale du péché, du mal, de la souffrance et de la mort ; que les frontières de l’Eglise débordent le groupe des baptisés, ne serait-ce que parce qu’y sont admis les catéchumènes non encore baptisés ou les tout-petits « baptisés » d’un « baptême de désir » ; et enfin que toute tradition est relative à un lieu du monde et à un moment de l’histoire, et qu’à se contenter de la respecter pour la respecter, on en viendrait à n’être musulman ou bouddhiste que du seul fait d’être né au Maghreb ou en Asie, ou à l’inverse « catholique et français, toujours ».
Le baptême ne fait donc pas devenir enfant de Dieu, car c’est déjà l’identité de tous. Il rend pourtant possible de « devenir ce que nous sommes » (Saint Augustin) de vivre en cohérence avec cette identité commune, en réponse à l’amour reçu de Dieu, en reconnaissance à l’égard de cet amour. Cette vie chrétienne ne relève pas d’abord d’une supériorité morale du baptisé, mais de ce que le baptême signifie et réalise : une plongée dans le Christ, une remise de soi au Christ, qui nous partage son identité parfaite de Fils de Dieu, afin que ce ne soit plus nous qui vivions, mais le Christ qui vive en nous. (Ga 2,20) Le baptême consacre alors au Christ l’enfant de Dieu que nous sommes déjà, pour que nous vivions en fils ou en fille de Dieu, dans le Fils unique de Dieu.
Questions sur facebook : « Que pensez-vous de l’acte sexuel et du fait d’avoir des enfants avant/après le mariage ? Ces règles ne sont-elles pas révolues depuis longtemps ? L’amour s’il est vrai a t-il vraiment besoin d’être officialisé devant Dieu, même si l’on peut le faire plus tard ? »
Pour comprendre le sens de la chasteté avant le mariage, puisque c’est de cela dont tu veux parler, ce n’est pas d’abord quelque chose de spécifiquement catholique ou de chrétien : toutes les civilisations ont inventé quelque chose d’analogue, comme si elles considéraient que l’amour entre un homme et une femme était si délicat – au sens de précieux et fragile – qu’il nécessite cette validation sociale qu’est le mariage, où le « oui » privé de deux amoureux ne semble prendre toute sa valeur que devant témoins, et pas seulement ceux de la famille et des amis qui restent des témoins encore trop « privés », mais devant toute la société. En lien avec cette institution du mariage, il y a celle des fiançailles qui instaurent une distance à la fois physique et temporelle entre les amoureux, pour différer leur oui et leur union à l’échéance d’un temps déterminé, pour qu’ils aient toute leur valeur de « oui », parce que la distance a donné à chacun la possibilité réelle de dire « non » à l’autre, voire de se quitter. Cette distance, en exerçant à vivre sans l’autre, vise à faire passer du « être amoureux » (jamais je ne pourrais vivre sans toi ; plutôt mourir que de vivre sans toi… certes passionné, mais insuffisant à fonder un engagement durable), à « aimer » (te savoir heureux même sans moi, suffit à mon bonheur) qui implique une dépossession, un désintéressement, dont l’amoureux n’est pas capable.
La distance est donc indispensable pour fonder l’engagement de l’amour. Il faut pour cela revenir au sens étymologique de la chasteté comme respect de la juste distance pour aimer, le contraire de l’ in-ceste (même racine étymologique) qui est franchissement de cette distance, proximité abusive entre membres d’une même famille. Cette juste distance peut être celle de l’abstinence de relation sexuelle tout comme celle de l’enlacement des corps. Abstinence, pour signifier à l’autre que l’amour que l’on a pour lui n’est pas encore celui du don total, librement offert à lui seul et à personne d’autre, pour la vie et pour donner la vie (or, être prêt à ce don total, c’est par définition être prêt au mariage) ; et à l’inverse, don des corps pour signifier que l’on est chacun prêt à cette offrande de soi, qui engage non seulement ce que l’on est dans l’instant, mais qui saisit tout ce que l’on est : passé, présent et avenir, pour l’offrir à l’autre. Cela correspond normalement au fait d’être prêts à l’engagement durable, mais cela peut en précéder l’officialisation qu’est le mariage.
En effet, la question n’est pas exactement celle d’avoir le droit après (et pas avant) le mariage, mais celle de gestes qui ont de fait le sens du don total, alors que l’on n’est pas prêt à la déclaration libre, sincère, réciproque de don total, quand bien même cette déclaration resterait encore privée. L’abstinence avant cette déclaration, vise aussi à ne pas abuser de la séduction que l’on pourrait exercer sur l’autre, pour vraiment recevoir de lui comme un libre don l’offrande totale de lui-même. Une fois dit cela, le reste est affaire de conscience. Il n’y a pas de péché à aimer avec tout son être, si gestes, paroles, pensées correspondent. Il y a péché si les gestes les plus engageants de l’amour contredisent ce que l’on pourrait dire à l’autre, par exemple, que l’on n’est pas prêt à s’engager avec lui, que l’on a d’autres visées…
Et je n’ai encore rien dit du sens chrétien du mariage..
« Doit-on croire aux âmes-soeurs ? » s’interroge une lycéenne aujourd’hui sur facebook…
Il y a lieu d’être radical sur cette question et de refuser catégoriquement la notion d’âme-soeur héritée du mythe de l’androgyne chez Platon, non pas seulement parce que cette idée est fausse, mais surtout parce qu’elle est dangereuse au plan moral et spirituel.
Si l’on croit vraiment qu’il existe pour chacun un être unique pour qui l’on est fait(e) et qui lui est parfaitement complémentaire, cela justifierait alors que l’on quitte toute personne avec qui l’on se serait pourtant engagé en couple, dès lors qu’apparaîtrait la moindre frustration, signe que cette personne n’est pas son âme-soeur. Don Juan n’est pas forcément un débauché qui profite de la multiplicité de ses conquêtes, mais il est peut-être aussi comme le prince du conte qui fait essayer à toutes les filles du royaume le soulier de son unique (avec une allusion sexuelle dans ces essais…), tant qu’il n’a pas trouvé sa Cendrillon. Sans parler de l’idolâtrie qui pointe son nez, à adorer une créature finie dont on attendrait qu’elle comble absolument le désir infini inscrit dans le coeur humain, ce que seul Dieu peut faire : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi. » (Saint Augustin)
Ainsi, choisir d’engager sa vie avec un(e) autre, ne consiste pas à répondre « oui » à la question que sous-tend la notion d’âme-soeur : « suis-je sûr(e) que c’est la bonne personne, l’homme de ma vie, la femme de ma vie ? », car on ne peut pas donner une telle réponse, sauf dans l’aveuglement amoureux du genre : « jamais je ne pourrais vivre sans toi, tu es toute ma vie… » (expressions qui ne devraient être adressées qu’à Dieu), un aveuglement qu’il s’agit de laisser se dissiper avant tout engagement.
Ainsi, le choix de se marier consiste non pas à répondre à cette fausse question, mais à décider ensemble de ne plus se la poser. Il s’agit alors de s’engager totalement dans un projet enthousiasmant, que l’on ne peut réussir qu’ensemble, à deux, et qui requiert que l’on ne perde pas son énergie à gamberger sur la possibilité de trouver mieux ailleurs, en gardant pour cela une soi-disant « porte de sortie ».
Il faut alors quelques conditions préalables pour construire une telle décision. La principale étant la liberté de chacun, précieusement offerte l’un à l’autre, pour qu’il ait la possibilité réelle de prendre une autre décision. C’est d’ailleurs cela qui fonde la position catholique de chasteté avant le mariage, c’est à dire d’auto-restriction dans l’usage de la séduction, et qui n’est rien d’autre que le refus de prendre à l’égard de l’autre la posture d’âme-soeur.
Pas facile de converser avec un jeune en bisbille sur la foi et sur l’amour… même avec MSN, comme hier soir. On croit que la question est théologique ou philosophique, alors qu’elle est existentielle…
Lui : Êtes-vous là ?
Le prêtre : Oui !
Lui : C’est quand même rare que nous profitions de votre présence sur MSN.
Le prêtre : En fait, je suis plus souvent sur facebook, et ce soir tout particulièrement avec des 3èmes qui préparent leur confirmation dimanche.
Lui : Oulala… Ne leur mettez pas trop d’idées dans leur tête ! C’est pas bien.
Le prêtre : A les entendre, après la retraite de confirmation que nous leur avons concoctée, j’ai plutôt l’impression que cela les a rendus plus heureux et responsables d’eux-mêmes.
Lui : Mon cher. Disons que par expérience, ils verront vite que les choses ne sont pas ce qu’elles sont ou que l’on donne.
Le prêtre : Tu parles au futur. Eux et moi voient au présent les fruits de ce qu’ils ont reçu.
Lui : Le problème, c’est que j’ai vu comme eux, et que maintenant, je vois l’avenir pour eux. Leur mettre des illusions dans la tête, n’est-ce pas les mettre dans le mauvais chemin.
Le prêtre : On peut tous se tromper de chemin, et de critère pour choisir ce chemin.
Lui : Quel critère ?
Le prêtre : Il y a celui de la cohérence intellectuelle de la foi chrétienne que je pense avoir plus creusé que toi – pardonne-moi d’user d’un argument d’autorité parce que je n’ai pas le temps de développer. Mais il y a aussi le critère du fruit que la foi produit en nous. S’il y a des chrétiens malheureux, fermés et irresponsables, je constate que le fait de considérer la foi comme une illusion ne rend pas plus heureux, ouvert et responsable, au contraire.
Lui : Ne croyez-vous pas à un moment donné que – en parlant concrètement – nous vivons dans un monde fait pour ne plus croire.
Le prêtre : Pardon, je ne comprends pas ton message.
Lui : Je vais reformuler. Comment croire en quelque chose lorsque tout nous montre le contraire. Y croire encore, n’est-ce pas une erreur ?
Le prêtre : Le contraire de quoi ? Je vois un monde tout à fait conforme à ce que l’Evangile et la révélation biblique me dit. Non pas un monde où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », mais au contraire un monde injuste, violent, immoral, où le juste est bafoué, où l’amour est crucifié, où Dieu accepte de subir de plein fouet les conséquences de cela. C’est cela la Passion du Christ.
Mais cela commence bien avant, avec une Création, assez belle, assez immense, assez admirable pour que l’on en puisse espérer le meilleur, et qui induit une désillusion d’autant plus grande que les fruits que nous lui faisons produire sont plus contraires.
Voilà le monde de la Bible, qui nomme dans son énormité le scandale du mal, de la souffrance et de la mort. C’est le discours athée qui nie ce monde, qui endort les consciences, parce qu’il ne prend pas la mesure – infinie – du décalage entre ce qui est espéré et ce qui est atteint. Pour l’athée, le mal est fini, puisqu’il ne nous prive pas d’un Bien avec un grand B. Il ne fait que raccourcir un peu une existence limitée.
Seul le chrétien voit le monde tel qu’il est, dans son horreur, comme négation de Dieu, de l’absolu, et donc scandale infini. Mais il voit aussi au coeur du monde la présence de celui qui en est le Sauveur, non pas comme un magicien invulnérable ou extérieur au monde, mais comme celui qui vient assumer avec l’homme ce scandale, et la vulnérabilité qui va avec.
Lui : ça ne répond pas trop à ma question. Bon, ne nous basons pas sur la religion. Prenons un exemple concret. Voilà : un type sort avec une fille ; le truc classique ; celle-ci plante le gars, ce qui arrive de nos jours de plus en plus ; d’après votre philosophie, le gars, ayant vécu un truc de malade ne peut pas arrêter de penser à elle ; et là, il fait vraiment de la m**** ; mail il lui dit quand même qu’il l’aime, un truc de malade ; et il y croit, alors que tout lui montre le contraire. Est-ce que le pauvre bougre a encore raison d’y croire plus que tout. N’est-ce pas une erreur d’y croire.
Le prêtre : Dans ton exemple, « tout lui montre le contraire », parce que la fille ne l’aime pas. Mais je ne vois pas en quoi il m’est montré le contraire de la révélation d’un Dieu aimant l’homme au point de plonger avec lui dans son enfer.
Le gars n’a pas de raison d’y croire si tout lui montre le contraire. Tout comme je n’ai pas de raison de croire aux martiens, ou au monstre du Loch Ness etc…
Lui : On va dire qu’un lourd sentiment lui dit d’y croire.
Le prêtre : Mais je redis que pour ce qui est de la foi chrétienne, ton point de départ : « tout lui montre le contraire » est faux !
Lui : Donc, il a raison d’y croire.
Le prêtre : Dialogue de sourds ! Pour ta petite histoire amoureuse, le gars n’a pas de raison d’y croire, et c’est lui qui se berce d’illusions à continuer d’y croire, alors que « tout lui montre le contraire ». Une sorte d’obstination dans l’erreur.
Mais je re-redis que je ne vois aucun rapport entre une telle histoire et la foi en Jésus-Christ, où « rien ne me montre le contraire » !
Lui : Donc tu n’y crois pas.
Le prêtre : ?
Lui : Alors, le type a-t-il vraiment raison de continuer à aimer cette personne plus que sa propre personne ? Et de croire en ce sentiment qui lui dit d’y croire.
Le prêtre : La réponse se trouve dans la compréhension que l’on a du verbe « amour ».
Pour les grecs, il y a 3 mots :
– Eros : attirance, désir amoureux, passion… en gros, le fait que la personne aimée te séduit, t’attire de par ses qualités, son charme etc… et c’est ce dont tu parles dans l’histoire précédente. C’est là un état que l’on subit – dans passion il y a « passif » – et qu’il peut être difficile de maîtriser. Difficile, mais pas impossible : le pilote dans l’avion, cela reste moi-même. Cet état ne peut non plus durer. Il ressemble davantage à un feu de paille : rapide, violent, mais peu durable.
– Philia : amitié, réciprocité… comme dans une équipe, où l’on s’aime moins l’un l’autre, que du fait de vivre ou de viser ensemble quelque chose. Cet amour-là est moins violent que l’Eros, mais tient plus la durée, car il repose sur un projet commun.
– Agapè : amour désintéressé, de don de soi, où il s’agit moins d’aimer l’autre pour le bien qu’il m’apporte (ça, c’est l’Eros), que de vouloir faire son bonheur…
A la limite, quand on aime de cet amour-là, on préfèrera voir l’autre heureuse avec un autre, que malheureuse avec soi.
Il ne faudrait s’engager pour la vie avec quelqu’un que si l’on assume les 3 formes d’amour : un sentiment amoureux, un projet de vie à deux, du désintéressement. Ce n’est pas le cas du gars qui s’illusionne sur l’amour de l’autre, car il est plutôt dans un Eros frustré.
Lui : En clair, tu me dis que cette personne a tort d’y croire encore et d’attendre.
Le prêtre : On n’est pas dans le registre du « avoir tort », « avoir raison », mais dans celui de la qualité de l’amour que l’on veut offrir à (et recevoir de) l’autre. Il y a des couples qui se contentent d’un amour Eros à deux, où chacun consomme l’autre pour ce qu’il lui apporte : ça ne dure pas longtemps (2 à 5 ans en gros). Il y a des couples où un projet – par exemple de fondation d’un foyer – donne plus d’ampleur à leur amour, mais qui se séparent après 10 à 20 ans de mariage, quand la réalisation effective du projet ne semble plus exiger le même engagement dans la durée.
A mon – humble – avis, je préférerais vérifier que l’amour que je donne et reçois comporte toutes les dimensions d’un amour 3 étoiles, c’est à dire avec Eros, Philia et Agapè, pour ne serait-ce que commencer une relation amoureuse.
En faisant le contraire, en pensant que l’amour passionnel, le sentiment amoureux seul est suffisamment fort pour fonder le couple, beaucoup s’abîment le cœur.
Lui : Donc il ne faut pas croire en aucun de ses sentiments.
Le prêtre : Je n’ai pas dit cela, puisque l’Eros fait partie de l’amour. Mais il a besoin d’être régulé par les 2 autres formes d’amour.
Par exemple, puisque tu veux du concret : un gars follement amoureux d’une fille, à la limite, si son sentiment amoureux n’est pas régulé, il pourrait en arriver à l’avoir pour lui de force (viol), voire à la tuer par jalousie plutôt que de la laisser à un autre. Moins dramatiquement, il pourrait négliger voire piétiner ses projets à elle, pour l’avoir tout le temps avec lui et pour lui.
Au contraire, si la Philia régule l’Eros, il pourra comprendre la nécessité d’attendre que l’autre soit prête, envisager non pas l’autre comme un bien à conquérir, mais voir avec l’autre le bien qu’ils peuvent faire ensemble. Si l’Agapè régule le tout, il pourra laisser l’autre vraiment libre de lui répondre oui ou non, acceptant d’avance la réponse, quelle qu’elle soit.
Lui : Hum, ça ne répond pas trop à ma question, mais bon, je m’en contenterai.
Le prêtre : @ plus !
Lui : @ +