Voici le texte intégral de la déclaration dans son contexte (infos issues de ZENIT.org) :
Question : Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l’Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n’étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?
Benoît XVI : Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades… Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse, et c’est ce que fait l’Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.
Pour plus d’infos : cliquer ICI (site de la conférence des évêques de France), ICI (site de réflexions à partir de la doctrine sociale de l’Eglise), ICI (article de Edouard Husson), ICI (« Les capotes sont cuites », article caustique et très informé) ou ICI (« Le discours de Benoît XVI sur le préservatif est tout simplement réaliste », réponse de 5 scientifiques à la lettre ouverte publiée dans Le Monde). A télécharger également : un quizz pour collégiens (3ème) ICI, un texte humoristique sur les réactions aux paroles du pape ICI.
Commentaire personnel :
Chose rare sur ce blog (qui n’en est pas tout à fait un), je me permets un commentaire qui relève de la logique, avant même de parler de morale :
Des pays très pauvres d’Asie ou d’Amérique latine ont un taux de diffusion du préservatif comparable à celui en Afrique. La différence entre ces pays et l’Afrique – où le SIDA est tellement plus répandu -, n’est donc pas liée à la faible diffusion du préservatif qui leur est commune, mais à la différence de comportement affectif et sexuel entre ces continents.
Certes, dans un raisonnement à court terme, le préservatif peut être nécessaire, et même obligatoire pour qui ne serait pas capable de vivre une sexualité ordonnée à l’amour, c’est à dire fidèle à un seul partenaire. Et c’est ce que l’Eglise a déjà dit, y compris officiellement : je l’ai notamment entendu de la voix du cardinal Lustiger sur un JT, et plus récemment de Mgr Di Falco.
A l’inverse, la promotion du préservatif comme premier voire comme « seul » remède au fléau du SIDA a pour effet de cautionner des moeurs qui sont justement la cause du problème, ou de les considérer comme un état de fait irréformable. Une prévention du Sida exclusivement basée sur le préservatif combine ainsi une immoralité fondamentale (« vous pouvez continuer à vagabonder, du moment que vous avez un préservatif ») et un désespoir flirtant avec le racisme (« ils ne changeront jamais de moeurs »), qui ont donc pour conséquence d’ « augmenter le problème », comme le dit Benoît XVI. Une telle prévention est tout aussi dangereuse que celle qui limiterait la prévention routière au seul port du casque ou de la ceinture, sans s’interroger sur les comportements (vitesse, alcoolémie…). Ce que l’Eglise refuse, c’est la doctrine du « tout-préservatif » que prône la société occidentale, si allergique aux mots fidélité, abstinence, morale sexuelle… – l’abbé Pierre sur le plateau télé d’un Sidaction avait été publiquement conspué pour avoir osé parler de fidélité ! Incapable d’entendre le discours de l’Eglise sur la lutte contre le Sida, dont l’action concerne un malade du Sida sur 4, nos sociétés préfèrent censurer le discours de l’Eglise, ou le caricaturer en interdiction du préservatif.
Un des rares pays où l’épidémie VIH a régressé au début des années 2000 est l’Ouganda, dont le message du gouvernement (oui du gouvernement, pas seulement de l’Eglise locale) était la chasteté et la fidélité pour enrayer l’épidémie. Et cela à marché. Voir l’étude (résumée en anglais ci-dessous*) des chercheurs RL Stoneburner, Low-Beer (2004), « Population-Level HIV Declines and Behavioral Risk Avoidance in Uganda », publiée par le magazine Science n° 304, avril 2004, p. 714-718. » (commentaire de xav007 le 18/03/2009, extrait du site de Famille Chrétienne)
Osons le dire, contre tous ceux qui hurlent aujourd’hui avec les loups : par le poids de ses œuvres caritatives dans le domaine de la lutte contre le VIH, par la pertinence de ses réflexions sur les causes et les remèdes, l’Eglise catholique est le plus responsable des acteurs de la lutte contre le SIDA. Il apparaît hélas que le rôle prophétique qu’elle endosse avec courage sur cette question, implique pour elle d’être seule à défendre la vérité.
*Population-Level HIV Declines and Behavioral Risk Avoidance in Uganda
Rand L. Stoneburner and Daniel Low-Beer
Uganda provides the clearest example that human immunodeficiency virus (HIV) is preventable if populations are mobilized to avoid risk. Despite limited resources, Uganda has shown a 70% decline in HIV prevalence since the early 1990s, linked to a 60% reduction in casual sex. The response in Uganda appears to be distinctively associated with communication about acquired immunodeficiency syndrome (AIDS) through social networks. Despite substantial condom use and promotion of biomedical approaches, other African countries have shown neither similar behavioral responses nor HIV prevalence declines of the same scale. The Ugandan success is equivalent to a vaccine of 80% effectiveness. Its replication will require changes in global HIV/AIDS intervention policies and their evaluation.
Population Health Evaluation Unit, Cambridge University, Cambridge, UK.