Absolu et relatif…

Facebook est un provocateur de débat… ce soir, avec un lycéen sur la légitimité de l’utopie, si les idéologies qui ont voulu en réaliser une ont débouché sur des totalitarismes sanguinaires.

Le désir de l’absolu, la visée du Bien avec un grand B, de tout ce que tu indiques de parfait, fait partie de notre identité d’être humain, et que le livre de la Genèse signifie en disant de l’homme qu’il est créé « à l’image de Dieu », on pourrait même dire « à l’empreinte de Dieu », « capax Dei », d’une capacité destinée à être remplie par Dieu. L’homme est ainsi en creux infini, éternel insatisfait, car il est fait pour accueillir rien moins que Dieu. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos [inquietus], tant qu’il ne demeure en toi. » (Saint Augustin, encore !) Aussi, l’inquiétude de l’homme de désirer l’infini bien au-delà de ce qu’il peut réaliser, seul ou collectivement, ne peut se résoudre que de 3 manières :

– La première est de s’illusionner sur soi, sur le monde créé, et sur ce que l’on peut y créer nous-même, en pensant que nous aurions la capacité de satisfaire nous-mêmes cette aspiration, par nos oeuvres (artistiques, scientifiques, économiques, politiques etc…) ou par la possession de telle ou telle chose (objet, diplôme, honneur…). On tombe alors dans l’idolâtrie, le fait de prendre une réalité finie pour Dieu, d’absolutiser ce qui n’est qu’un moyen, de lui demander… tout. On tombe alors au mieux dans l’activisme ou l’orgueil, la course au toujours plus, ou au pire dans le fanatisme. Bien des messianismes temporels viennent de cette illusion de pouvoir faire soi-même l’oeuvre de Dieu.

– La seconde est de renoncer à cette aspiration, à cette tension vers l’infini, en considérant au contraire de l’idolâtre, que tout est relatif, que « vanité des vanités, tout est vanité » (Ecclésiaste). C’est là une voie d’une apparente sagesse, mais qui est en fait une sagesse de médiocre, parce qu’elle renonce à ce désir d’absolu qui nous constitue comme homme, mais aussi parce qu’elle détourne de prendre au sérieux le monde tel qu’il est, le progrès qu’on peut et doit lui imprimer. C’est ce que l’on reproche à juste titre aux philosophies orientales qui insistent sur cette relativité de toutes choses, sur le fait que nous ne sommes que de passage, mais qui finalement consentent trop facilement au monde tel qu’il est.

– La troisième voie, la seule qui respecte l’homme dans son mystère, sa quête de l’absolu et sa responsabilité à l’égard du monde fini, c’est celle qui consiste à accueillir le mystère de l’Absolu qui se donne dans le relatif, de l’éternel qui se donne dans le temps, du Verbe qui se fait chair, de Dieu qui se fait homme. Il y a là une toute autre sagesse que celle qui part de soi pour s’ajuster à la relativité de toutes choses (pour moi, c’est ça le bouddhisme). C’est la Sagesse de ceux qui savent « voir Dieu en toute chose » (Saint Ignace de Loyola), qui avec les yeux de la foi savent repérer dans la finitude des créatures et de nos oeuvres, dans l’apparente pauvreté de ce « fruit de la terre et du travail des hommes », ce qui a en fait le goût de Dieu, ce qui est sacrement de Sa présence, non par sa propre vertu, mais par la consécration que lui donne le Christ. Le christianisme est de fait cette voie unique, qui ne détourne pas l’homme d’agir ici-bas, parce que c’est ici et maintenant que l’on s’exerce à aimer et, ce qui est équivalent, à rencontrer Dieu. D’où le double commandement de l’amour, où le premier des commandements est d’aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute son intelligence – c’est là le propre de l’homme qui désire l’absolu -, et le second qui lui est semblable – et c’est justement au niveau de ce « semblable » (Mt 22,39) que se joue le christianisme – d’aimer son prochain comme soi-même, d’être responsable de lui alors même qu’il partage ma condition de créature finie.

Conversation avec une lycéenne…

Ci-dessous, la mise en forme d’une discussion en ligne sur facebook, hier soir tard, avec une lycéenne…

 

Elle : ça va ? tu vis toujours ton petit train-train de prêtre surmené ?

Le prêtre : C’est en rapport à mon dernier message sur facebook ? En réalité, on peut être surmené avec peu de choses que l’on fait dans le stress, et en faire beaucoup paisiblement et joyeusement, ce qui était tout à fait le cas lundi…

Elle : Tant mieux, et pour le stress tout est question d’organisation.

Le prêtre : Oui, mais pas que ça… Il y a des jours où je mets davantage en pratique ce que traditionnellement on appelle la « sentence ignatienne de l’action », la règle de Saint Ignace de Loyola pour une action fermement décidée, et pourtant accomplie dans la confiance, la paix et la joie…

Elle : Donc en fait, pour faire la même chose, tu vas y mettre plus de cœur et d’énergie ?

Le prêtre : Oui, de manière personnelle, engagée, et en même temps plus… décontractée, en ayant humblement conscience que ce n’est pas moi le Maître de l’histoire…

Elle : Mais comment on agit en étant le maître de l’histoire ?

Le prêtre : La règle ignatienne de l’action est en latin celle-ci (je te donnerai ensuite la traduction en français, si cela t’intéresse) :

« Sic Deo fide, quasi rerum successus omnis a te, nihil a Deo penderet ;
ita tamen iis operam omnem admove, quasi tu nihil, Deus omnia solus sit facturus
. »

Elle : Oui ça m’intéresse car j’ai beau avoir fait du latin au collège, mes souvenirs et connaissances sont vagues.

Le prêtre :

« Aie foi en Dieu comme si le succès de tes œuvres dépendait en tout de toi, et en rien de Dieu ;
de même cependant, efforce-toi d’agir en tout comme si Dieu seul devait tout faire, et toi rien. »

Elle : Pourquoi dans la Bible, ils disent toujours dans un sens puis l’inverse ? en fait la 1ère version me convient ; la 2ème, je ne la comprend pas.

Le prêtre : C’est la vie qui est paradoxale. La première formule dit que la foi ne déresponsabilise pas l’homme de ses décisions et des actes qu’il doit poser. La seconde dit qu’une fois décidée, l’action doit être menée avec la décontraction de celui qui sait que c’est Dieu seul le Maître de l’histoire, et que succès ou échec, il fait tout contribuer au bien de ceux qu’il aime.

Elle : Ok merci c’est plus clair. En gros, il faut avoir conscience des autres lorsqu’on agit ? et non pour son propre intérêt ?

Le prêtre : Ce n’est pas tout à fait la question. Le problème est que l’on fait souvent l’inverse de ces 2 règles : avoir foi en Dieu comme en attendant qu’il fasse un miracle ; et inversement, quand on agit, se mettre la pression, en faisant comme si tout ne dépendait que de soi, en étant incapable d’accueillir l’échec.

Elle : Ok la 1ère règle, ça ne me concerne pas ; la 2ème si, mais comment accepter certains échecs si on est mal vu après… ? est-ce qu’on n’accepte pas l’effort lorsqu’on est déçu de notre travail et qu’après on travaille plus pour y arriver, même si on met la barre haute ?

Le prêtre : Les 2 règles ont toutes deux un rapport avec la foi (fides, qui signifie aussi confiance et fidélité). La 2ème signifie que c’est Dieu seul qui est Dieu, et qu’il y a une prétention cachée à se prendre pour Dieu, dans la manière dont nous entreprenons nos meilleures actions. Il s’agit de se décider librement, en prenant nos responsabilités (règle 1), puis de mettre en oeuvre la décision prise, en étant « détaché », en se rendant indifférent au résultat, le laissant à Dieu seul. Ce n’est pas non plus que l’on s’en fiche, puisque l’on a décidé l’action en âme et conscience, mais la mise en oeuvre est… confiante et donc décontractée.

Elle : Ok c’est une belle philosophie, mais pour moi je crois que c’est irréalisable : je stresse trop, car c’est pas que j’ai peur de rater, car je recommence, mais je veux obtenir le mieux en me donnant à fond. Enfin, moi je veux surtout savoir si c’est égoïste comme comportement, car pour moi maintenant, ça va peut être pas te plaire : la religion, c’est une belle chose, car ça aide à cadrer l’esprit, mais pour moi la notion de Dieu est irréelle.

Le prêtre : Je peux comprendre que tu le vois ainsi, puisqu’il en était de même pour moi jusqu’à l’âge de 20 ans. Ce qui a fait la différence à 20 ans, c’est qu’en scientifique se soumettant aux faits, j’ai eu la chance de rencontrer des croyants tout aussi scientifiques que moi, et dont le témoignage, la manière de vivre en cohérence avec leur foi, ne m’a pas fait interpréter leur foi comme une illusion, mais plutôt ma non-foi de l’époque comme un manque d’attention à la réalité la plus profonde.

Elle : Non mais si tu veux moi, je crois en l’homme et pas en une force supérieure.

Le prêtre : Et il est presque… normal qu’il en soit ainsi quand on a 17 ans, c’est à dire quand on est en plein dévoilement de ses talents, de toutes ses potentialités, quand on n’a pas vraiment fait l’expérience de ses limites.

Elle : Je ne sais pas si je changerai d’avis car moi quand j’étais petite j’y croyais ; et puis pour moi je trouve la Bible géniale, car elle donne un peu de morale à ce monde, mais pour moi elle a juste été écrite par des gens remplis de bon sens.

Le prêtre : La Bible a effectivement été écrite par des hommes, mais à partir d’une expérience qui implique une rencontre, une altérité, un dépassement de la solitude de fond que l’homme, même le plus aimé, le plus entouré, éprouve du fait de sa place dans l’univers. Nous ne sommes pas musulmans, dont la foi affirme que Dieu a dicté le texte même du Coran. Pour nous la Bible est un recueil d’expériences humaines de la présence d’un autre au coeur même de ce qu’il y a de plus humain : l’amour, la fraternité – parfois difficile -, la guerre, le succès, la défaite, la mort…

Elle : Oui, alors pourquoi parler de dieu ?

Le prêtre : Parce qu’être lucide sur ces expériences nous fait dire que l’homme n’y est pas tout seul. Quand un homme et une femme s’aiment profondément, ce n’est pas que le résultat de leur séduction réciproque, de leur bonne éducation, des concessions qu’ils ont pu se faire… Il y a au contraire un don, un émerveillement sur un au-delà de tout ce « faire » humain, nécessaire, mais en même temps bien incapable de « produire » l’amour.
Idem pour ce qui vient au coeur de parents lorsqu’ils mettent au monde un enfant.
Idem, dans cette paix paradoxale qui peut habiter le coeur de l’homme alors même qu’il est confronté au scandale du mal, au désespoir…

Elle : Je ne sais pas si j’ai bien tout compris : l’homme ne peut pas avoir de réelle émotion comme l’amour sans dieu ?

Le prêtre : Ce n’est pas ce que j’ai dit. Ce que je dis, c’est qu’en tout amour, même entre non croyants, il y a du sacré, de l’au-delà de l’humain, du don.

Elle : Ok, désolé, je cherchais juste à bien comprendre ce que tu disais. Donc : ce don, cet extraordinaire, c’est une émotion tellement forte qu’elle doit venir d’autre part que de l’homme ?

Le prêtre : Des non-croyants sont même capables de reconnaître ce don, cet extraordinaire que l’homme ne produit pas, mais sans y voir un donateur. Le fait qu’il y ait du merveilleux, de la profondeur, du mystère dans la vie humaine leur suffit. Pas à moi.

Elle : Ok moi j’explique ça par la féérie ! lol

Le prêtre : C’est ta manière de dire qu’il n’y a pas d’explication !

Elle : Plus ou moins.

Le prêtre : Mais il y a d’autres approches que celle du don ou de l’extraordinaire, pour évoquer… Dieu. Ce peut être aussi le contraire de l’extraordinaire : l’expérience de l’insatisfaction qui nous habite, nous êtres humains, le fait que rien ne puisse combler ce manque inscrit au coeur de l’homme, désir infini de bonheur, soif de reconnaissance, besoin insatiable d’amour… Soit on reste dans ce que la Bible appelle « idolâtrie » : l’illusion qu’une réalité de ce monde ait le pouvoir de combler ce manque ; soit c’est la course d’objet en objet qui nous distrait temporairement de ce manque ; soit c’est l’homme qui est bancal, et une forme de sagesse consiste à consentir à cet état de fait ; soit ce manque désigne une réalité certes manquante, mais existante, et la vocation de l’homme est de la rechercher, de la reconnaître et d’y communier. Je penche pour la dernière, la plus cohérente.

Elle : Ok, donc chacun la sienne : moi je me vois bien vivre parmi les fées !
bon je suis fatiguée je vais au lit, d’où le monde des rêves, idéal propre à chacun…

Le prêtre : Bonne nuit avec les fées !

Elle : Oui en ce moment, c’est plutôt des textes de français et des définitions de SVT ! lol

Le prêtre : Joie ! Content en tout cas de ce petit temps spi avec toi !

 

Sur la confiance (suite)…

PAUL     Comment trouver les ressources pour ne jamais se décourager ou faire face ?

JEAN    Je viens de lire le livre que les jésuites ont lu à l’occasion des repas des retraites ignatiennes qu’ils donnent à Rodez ; un livre de Claire Ly, « Revenue de l’enfer« . Un excellent remède contre le découragement, à partir de son expérience d’immersion dans le génocide cambodgien….

PAUL     Comment trouver du sens aux épreuves que l’on vit, sans en vouloir un peu à Dieu de ne pas être plus présent ?

JEAN    Lis donc ce livre ! Sur les prophètes de l’Ancien Testament, j’ai découvert que ce qui fait « l’homme de Dieu », ce n’est pas tant de trouver en sa foi une réponse à ses problèmes existentiels, mais de se confronter à ces problèmes avec Quelqu’un, voire de se confronter avec Quelqu’un à l’occasion de ces problèmes, quitte à l’engueuler, à lui adresser des prières mal fichues, et même inacceptables. La foi, c’est de toujours rester en relation. C’est ce dont témoigne cette Claire Ly, bouddhiste à l’époque du génocide, dans ses reproches au « dieu des occidentaux », qu’elle prend à témoin de sa tragédie, qu’elle engueule, et dont le dialogue intérieur avec lui aboutit à une révélation du Dieu vivant, créateur, sauveur…

PAUL     Ce qui est difficile en fait, c’est de tenir sans finalement voir de « différence », sans que la prière apporte quelque chose, de tenir sans se décourager, d’encaisser tout en restant « confiant ».

JEAN    Que veux-tu que la prière t’apporte ? un confort, un mieux-être, un encouragement, une paix etc… Toutes choses bonnes qu’il faut demander en préambule à ta prière, ne serait-ce que pour être sincère avec Dieu. Mais il me semble qu’il faille aller au-delà, en déposant tes besoins et attentes légitimes au pied du Seigneur en lui faisant assez confiance pour s’en charger, et les oublier un moment pour prêter davantage attention à Dieu lui-même tel que l’Evangile le révèle. Ce « détour » par Dieu est fécond, je peux en témoigner. Il décentre de soi, élargit le regard, ouvre des perspectives, et sans détourner de l’épreuve vécue, fait découvrir quelque chose de finalement plus profond que l’épreuve, et qui est de l’ordre de l’amour.

PAUL     Ce n’est pas évident de se décentrer. Dieu ne peut pas aider à se décentrer ? N’est-ce pas lui qui « t’attire vers lui »?

JEAN    Il n’y a pas mieux que Dieu pour te décentrer de toi. Soit parce qu’il te donne directement cette consolation (« La grâce serait de s’oublier… » Bernanos), soit plus laborieusement, en considérant ce que Dieu est Lui-même, infini, éternel, saint, maître de l’histoire, etc… en prenant le temps de ce qu’on appelle la « louange », l' »adoration »… l’admiration devant plus grand que tout, tu peux relativiser ta manière de voir ce que tu vis à l’aune de son regard à Lui, qui voit plus loin que toi. Pour qui partage la foi – juive et chrétienne – d’un Dieu qui veut rencontrer l’homme, qui lui promet sa propre Vie en partage, prendre au sérieux cette promesse permet aussi de regarder les aléas de notre existence comme étapes – pas toujours compréhensibles – mais étapes quand même, vers la réalisation de cette promesse. C’est d’ailleurs le sens de la fête de l’Assomption : la joie du Magnificat de Marie EST notre avenir.

PAUL     ???

JEAN     Dans la vie spirituelle, il faut s’être fourvoyé pas mal de fois – introspection stérile, culpabilité morbide, égocentrisme, attention excessive à sa réussite, activisme, négligence de la prière – , pour que les choses apparaissent progressivement plus simplement. C’est loin d’être gagné… Le Magnificat comporte bizarrement des formules au présent : « Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leur trône. ll comble de biens les affamés… » qui apparemment ne collent pas à la réalité. Mais parce que c’est cela qui est promis, et qui se réalisera, il y a une manière de porter son regard sur cette réalisation promise, qui donne non seulement le courage de supporter ce qui s’en écarte encore, mais de vivre et d’agir en fonction de cette certitude, d’anticiper sur cette réalisation par des actes, dérisoires en eux-mêmes à l’échelle de l’histoire, mais qui témoignent de l’avenir. Un peu comme ces 4 jours de service et de joie avec les jeunes de l’Hospitalité à Lourdes, au service des malades, une parenthèse « illusoire », et pourtant plus proche de la réalité pour laquelle nous sommes promis, plus proche que ce que l’on vit au jour le jour.

Sur la confiance en soi…

Si la confiance en soi se gagne dans l’amitié, les relations avec les autres, et en particulier avec les personnes de l’autre sexe, le travail… que faire lorsque l’on éprouve un manque dans ces domaines, me demande un jeune à travers quelques questions autour de la confiance en soi…

 

Je n’ai hélas – ou heureusement – pas réponse à toutes les questions que tu as posées sur ces sujets… S’il y avait une réponse, nous serions bien heureux de l’appliquer comme recette du bonheur.

Ce qui rend les choses complexes, c’est que l’on a à la fois besoin du soutien, de l’amitié, de la confiance, de l’amour des autres, des parents, d’amis, et en particulier d’amis de l’autre sexe, pour avancer, grandir en confiance en soi ; et en même temps, que notre valeur véritable ne dépend pas des autres, de leur soutien, confiance, regard, affection etc… Des parents, un(e) ami(e), un employeur, en te faisant confiance, ne font que te donner un déclic, t’aider à découvrir ta valeur qui est intrinsèque et ne vient pas d’eux. Il y a même des personnes qui ont été privés de cette confiance de la part des autres, et qui, en particulier en suivant le Christ dans sa Passion, ont pu découvrir leur dignité infinie au coeur même de l’expérience du déficit d’amour des autres.

Cette valeur de chacun vient ultimement de ce qu’il est enfant de Dieu, et qu’avec ou sans handicap, en menant une vie « intéressante » ou non à ses yeux, aux yeux des autres ou de la société, sa valeur est en réalité au-delà de toute appréciation, au-delà de la somme de ses qualités moins celle de ses défauts. Cette valeur est infinie et inaliénable. La vraie confiance en soi découle de cette découverte-là, à savoir que Dieu trouve sa joie à ce que tu existes, à ce que tu vives : il se réjouit de toi. Lorsque tu prends cela au sérieux, te voilà libre à l’égard de la tentation d’attendre des autres leur approbation, leur confiance ou leur affection. Aimé de Dieu, le chrétien ne cherche pas tant à être aimé, qu’à aimer ; ni à recevoir d’autrui, qu’à rendre à travers lui l’amour qu’il a reçu en plénitude du Seigneur. C’est la prière de Saint François d’Assise :

Seigneur, faites de moi
un instrument de votre paix !
Là où il y a de la haine,
que je mette l’amour.
Là où il y a l’offense,
que je mette le pardon.
Là où il y a la discorde,
que je mette l’union.
Là où il y a l’erreur,
que je mette la vérité.
Là où il y a le doute,
que je mette la foi.
Là où il y a le désespoir,
que je mette l’espérance.
Là où il y a les ténèbres,
que je mette votre lumière.
Là où il y a la tristesse,
que je mette la joie.
Ô maître, que je ne cherche pas tant
à être consolé… qu’à consoler ;
à être compris… qu’à comprendre ;
à être aimé… qu’à aimer ;
Car c’est en donnant… qu’on reçoit ;
C’est en s’oubliant… qu’on trouve ;
C’est en pardonnant…
qu’on est pardonné ;
C’est en mourant…
qu’on ressuscite à la vie éternelle.

L’enjeu du travail n’est donc pas premièrement de prouver une capacité d’intégration (être apprécié d’un patron, de ses collègues), de trouver une reconnaissance sociale (être reconnu par la société) surtout manifestée par une rémunération, de se prouver sa valeur (s’aimer soi-même à travers ce que l’on réussit)… mais d’aimer, d’employer ses talents – et ses faiblesses – au service des autres, peu importe que ce soit reconnu (rémunéré) ou non. Cela vaut donc le coup de persévérer à chercher un travail où puisse se déployer ton désir d’aimer, de servir, d’être utile… tout en ne te focalisant pas à l’excès sur le fait de l’obtenir ou non, comme si de travailler ou de ne pas travailler devait décider de ta valeur. Je dirais la même chose des amitiés à cultiver de son mieux, avec ce qu’il faut de recul et de désintéressement, pour ne pas attendre d’elles ce qu’elles ne peuvent que donner imparfaitement, ou simplement comme avant-goût de ce que l’on ne reçoit en plénitude que de Dieu seul.

 

Conversation sur la vocation

En lien avec la journée mondiale de prière pour les vocations, voici une conversation (fictive) rédigée à partir de (vraies) questions posées sur MSN et poursuivie dans le fil des commentaires. Pour les collégiens, voir aussi ici ; pour les lycéens et étudiants, voir aussi .

PAUL – Mon Père, éclairez moi… J’ai une question à vous poser….

JEAN – …

PAUL – Que vais-je devenir ?

JEAN – ???

PAUL – Je ne sais pas ce que je veux faire… et il faut que je prenne une décision…

JEAN – Le choix t’appartient, et si ta décision est prise dans un climat de liberté et de confiance, ta volonté sera celle de Dieu. Deux questions peuvent alors t’éclairer pour discerner si une voie te convient, parmi les multiples qui te conviendraient aussi : (1) y seras-tu heureux ? (2) y feras-tu du bien ?

PAUL – Comment puis-je le savoir ?

JEAN – Répondre à ces deux questions passe par la connaissance que tu acquiers de toi-même à travers [a] les expériences que tu as pu faire, en particulier dans le même registre que celui de la voie que tu choisis – t’être occupé de telle personne âgée de ton entourage, s’il s’agit de discerner une voie dans le médical, avoir fait du soutien scolaire, s’il s’agit d’une voie dans l’éducatif etc… – [b] le retour que t’en donnent ceux qui t’entourent, et qui te connaissent souvent mieux que toi-même… Quel bonheur, quel bien reçus ou donnés… ?

PAUL – Est-ce qu’un voyage, une mission auprès des plus pauvres aiderait au discernement ?

JEAN – Un voyage vaut encore plus le coup s’il est sous-tendu par un projet déjà vérifié à petite échelle, plutôt que pour évaluer l’intérêt d’une voie à partir de rien. Le fait de partir, le dépaysement apporte un plus, certes, en obligeant à aller au bout de soi-même, en révélant des talents peut-être ignorés, mais il ne peut en lui-même indiquer ce qui pourrait être ta vocation et qui aura à se vivre dans la vie ordinaire. Aussi, il y a déjà un premier discernement à faire sur ce qui t’anime, à partir de ce que tu vis déjà ordinairement, et dont une mission, un voyage, une année de service exceptionnel servira à vérifier la profondeur. La vie des saints est assez éclairante à ce sujet. Des saints comme Ignace de Loyola, Charles de Foucauld ont souvent cherché leur voie dans l’héroïsme ou dans une voie extraordinaire. Et ils y ont renoncé, pour revenir à l’ordinaire et y devenir saints… Alors entre partir dans une mission lointaine auprès des plus pauvres, et rester auprès des siens, le choix n’est pas simple : il n’y a pas de réponse absolue, qui ferait dire que partir est bon – ou à l’inverse que rester est bon. C’est à toi de le vérifier, en envisageant sereinement chaque option, et en mesurant intérieurement celle qui t’apporte le plus de paix et de joie. Une précision cependant : il n’y a pas à opposer la recherche du bonheur, de ton bonheur, et la réalisation du plus grand bien, parce que les deux se confondent. Mais il arrive que l’on prenne pour un bien supérieur ce qui n’en a que l’apparence, parce qu’il se présente comme plus héroïque ou exigeant. Le bonheur, avec la paix et la joie qui l’accompagnent coïncide avec le fait d’être à sa juste place. Toujours ces deux critères : être heureux, faire le bien.

PAUL – Comment pourrais-je vérifier que mon choix est le bon ?

JEAN – Il faudrait que je retrouve quelques textes issus de la tradition ignatienne, qui donnent des indications pratiques sur la manière de discerner… Mais en gros, cela part de la première expérience spirituelle de Saint Ignace qui sur son lit de soldat en convalescence, se faisait des films dans sa tête en imaginant soit (1) ce qu’il ferait s’il gagnait tel combat, s’il séduisait telle princesse etc… soit (2) ce qu’il ferait s’il suivait la voie de tel ou tel saint. Les ‘films’ de type (1) le mettaient en joie quand il y pensait mais le laissaient dans une sorte de tristesse ou d’abattement lorsqu’il revenait à la réalité, tandis que les ‘films’ de type (2) le gardaient dans la joie pendant et après le travail de son imagination, même une fois revenu à la réalité. De là il a déduit différentes règles pratiques pour vérifier intérieurement si telle ou telle voie est ou non inspirée par le Seigneur, ou au contraire représente une tentation que l’Adversaire met sur notre route pour nous faire dévier de notre vraie vocation…. Si le fait d’envisager intérieurement telle option du choix, de l’imaginer, te laisse en paix une fois revenu au réel, et même t’aide à vivre plus heureusement et plus courageusement la réalité présente, même si elle est encore différente de ce que tu projettes de faire – c’est que tu es sur la bonne voie.

PAUL – Est-ce qu’il n’y a qu’une seule « bonne voie » ?

JEAN – Je ne pense pas qu’il y ait une seule réponse à la question de la vocation, car je ne crois pas que l’on soit prédestiné à une voie, comme si Dieu avait préécrit ce que nous devions faire, ou comme si l’on pouvait déterminer objectivement ce pour quoi quelqu’un est fait. C’est un peu comme dans l’amour : ce n’est pas quelqu’un de l’extérieur qui peut dire si deux personnes sont faites l’une pour l’autre, car c’est à elles de le dire ; mieux, c’est à elles de le décider ! Car la vocation est autant affaire de se laisser attirer par une voie (parmi plusieurs qui conviendraient aussi), que de la choisir, de la préférer aux autres voies. D’où ces quelques recommandations : garder ouverte la question de ta vocation ; te réjouir de te poser cette question – signe que tu prends la vie au sérieux, et que tu ne te contentes pas de vivre au jour le jour ; avoir assez confiance en Dieu pour croire qu’il saura bien mettre sur ton chemin les personnes et les événements pour t’aider à choisir la manière dont tu voudras aimer au maximum de toi-même ; faire une relecture chaque jour des occasions d’éprouver l’amour de Dieu et de tes décisions d’aimer en retour, qui procurent les plus grandes joies, à toi et aux autres ; ne pas y réfléchir seul, mais accepter d’en parler à un vis à vis, à un accompagnateur qui par son écoute, t’aidera à une relecture plus objective de ce qui t’anime.

PAUL – C’est alors à moi de décider, de choisir cette voie parmi d’autres bonnes voies possibles ?

JEAN – Oui. A ce titre, il n’y a pas de grandes et de petites décisions. Bien sûr, devenir prêtre, s’engager dans la vie religieuse ou se marier et fonder une famille représente une décision majeure dans une vie, et qui pourrait induire un certain stress, du fait de l’incertitude et de l’enjeu ; mais en réalité, une telle décision est prise sans inquiétude et presque naturellement, si elle est préparée par l’habitude de prendre ordinairement des décisions, grandes ou petites, qui vont dans le sens de la joie et de la paix évoquée ci-dessus… Par exemple, un jeune pour qui l’Eucharistie devient progressivement indispensable, qui choisit de lui consacrer du temps en semaine, parce qu’il a vérifié que c’était un chemin de vie… quelqu’un pour qui trouve sa joie à partager sa foi, avec ce que cela suppose de réflexion préalable sur cette foi, d’attention aux attentes des hommes, ce jeune peut envisager avec une certaine liberté intérieure une vocation sacerdotale. De même quelqu’un qui vérifierait au quotidien sa joie d’être auprès des malades pourrait envisager une vocation dans ce domaine, ou la vocation religieuse pour quelqu’un qui découvre concrètement la prière comme ouverture à l’absolu de Dieu qui seul suffit…

PAUL – Parfois j’essaie de faire le « bilan » de la journée et de le remercier pour celle-ci, mais ce n’est pas toujours évident. Comment je pourrais m’y prendre ?

JEAN – Une attention pratique aux joies quotidiennes et à leur origine peut déjà être un exercice spirituel suffisant pour le moment. On en reparle bientôt. D’accord ?

 

Une question de regard

Voici quelques textes et photos (issues de dpchallenge, un excellent site de photos de concours) sur « le regard », en complément du message de Carême de Benoît XVI, et qui ont servi de support à un temps de partage entre lycéens et étudiants…

Être compris

Lumière dans la prisonAppel à l'aideAide

Parmi les accusés de l’affaire d’Outreau, plusieurs de ceux qui ont été innocentés ont trouvé soutien et réconfort en des lieux inattendus. Témoignage : « Après avoir crié des mois, après m’être heurté à des murs, j’ai eu ce sentiment de n’être compris par personne, même pas écouté. Pour moi la justice s’est montrée non seulement aveugle mais aussi totalement sourde ! Le seul rayon de lumière dans ma nuit est venu d’où je l’attendais le moins : la prison. J’ai eu la chance d’être incarcéré dans une maison d’arrêt où j’ai rencontré des gens formidables ! Le Directeur, les surveillants m’ont aidé à vivre. Ils m’ont dit : si vous êtes innocent, tenez bon, vous verrez, la vérité éclatera au procès ! Là-bas je suis redevenu quelqu’un. Malgré ma colère encore aujourd’hui, je veux leur dire merci. Merci à ceux qui m’ont aidé, merci à ceux qui m’ont forcé à sortir de ma cellule, merci à ceux qui m’ont calmé lorsque j’avais la haine, merci à ceux qui m’ont regardé comme un homme. »

Devenir ce que l’on est

FamilleLe meilleur ?Ballons

Ronaldinho, joueur de Barça et de l’équipe nationale du Brésil, ballon d’or 2005, s’est confié dans une interview à un journaliste français. Les questions fusent entre les matchs européens à Barcelone et notamment contre Chelsea, et l’équipe du Brésil où il est titulaire indispensable : « Pour espérer aller loin en coupe du monde, il faut savoir respecter ses adversaires. Sans exception, il n’y a pas d’équipes faciles. Nous avons tous conscience que sans travail nous n’arriverons à rien. Nos joueurs possèdent un immense talent mais essaient de ne surtout pas écouter tout ce qui se dit autour de nous : que nous sommes les meilleurs… » Le journaliste : « On a l’impression que vous êtes toujours aussi heureux de jouer au football. Votre famille y-est elle pour quelque chose ? ». « La famille c’est très important. Tous les jours, tout le temps. Je ne vois pas pourquoi j’évoluerais dans le mauvais sens. Je suis tel que je suis. Et j’espère le rester encore très longtemps. »

Passer les frontières

Egalité-différenceDialogueMartyre

Marietta Santoro, la mère du prêtre italien assassiné en Turquie le 5 février dernier a demandé au ministre italien des Affaires étrangères de transmettre à la Turquie l’assurance de son pardon pour Ouzhan Akdin, le jeune musulman de 16 ans qui a tué son fils. Le p.Andrea Santoro était prêtre du diocèse de Rome mais « prêté » à l’Eglise de Turquie, au service de l’Evangile et des personnes marginalisées. Il était un ardent promoteur du dialogue entre chrétiens et musulmans, connu et apprécié pour son engagement social et sa disponibilité à l’écoute et au dialogue. Hikmet Akdin, le père d’Ouzhan a alors déclaré : « Je voudrais réunir suffisamment d’argent pour venir en Italie et baiser les mains de cette femme bonne et courageuse. » « J’ai appris, dit le père d’Ouzhan, que la mère du prêtre lui a pardonné. Je voudrais la rencontrer et lui baiser les mains en signe de gratitude. Sa bonté m’a bouleversé. Pour moi, un chrétien et un musulman sont deux hommes égaux, qui prient un Dieu différent ». (d’après l’agence de presse catholique Zenit)

Être apprécié pour soi-même

Appréciée pour soiComme un soleilMercedes-Benz

Chloé, 23 ans, est selon son patron une jeune fille « avenante et bien dans ses baskets ». Elle travaille à l’agence parisienne de Mercedes-Benz comme assistante de financement, embauchée en CDI en juin 2005 après un an de stage. Rien que de très banal, sauf que cette embauche relève d’un projet innovant de la part de l’entreprise, d’une démarche déterminée de la part de la direction qui a impliqué tout le personnel. Certains ont eu peur ou ont considéré qu’accueillir Chloé était trop lourd. De fait, Chloé est atteinte de trisomie 21. Pourtant, « elle nous a tous surpris » dit Annick, chef des ventes. « C’est un rayon de soleil. Elle pose des questions de bon sens. Elle nous permet de relativiser. Elle est toujours positive. Elle a conscience qu’elle est différente, mais cela ne la gène pas dans son rapport avec les autres. » A la question : quelle est votre fonction, Chloé répond : « J’assiste la conseillère en financement, je vérifie les dossiers de financement, je réponds au téléphone, j’accueille les clients, j’assiste aussi aux réunions avec les vendeurs, je suis la « reine des fax ». » Si on lui demande comment elle vit sa trisomie : « Chez Mercedes-Benz, je suis une fille normale. Je ne me sens pas jugée. Je veux que l’on m’apprécie pour moi. » (d’après un article de la fondation Jérôme Lejeune, repris par Zenit)

Accueillir Son regard

EnvolSeul contre tousAccusateursPéché

Au premier siècle de notre ère, dans la Palestine sous domination romaine, une femme est prise sur le fait en flagrant délit d’adultère. La Loi juive exige qu’elle soit exécutée, mais Rome interdit la peine de mort dans les tribunaux juifs. C’est l’occasion de piéger ce Jésus que les foules voient comme un nouveau prophète. Les docteurs de la loi traînent la femme et la jettent aux pieds de Jésus. Va-t-il rejeter la Loi juive, et contredire les règles de son peuple ? Ou va-t-il transgresser la Loi romaine et risquer d’être accusé devant les Romains ? Dans les deux cas, il se trouve en tort. Jésus fait alors appel… à la conscience de ses interlocuteurs : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. » Sur cette réponse, tous s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés, laissant Jésus seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

 

Joyeux Noël et meilleurs voeux !

Au moment d’entendre cette déclaration d’amour inouïe que Dieu nous adresse par la naissance de son Fils, par l’Incarnation de son Verbe, je vous adresse tous mes voeux pour cette nouvelle année 2006.
Que vous souhaiter ?
ce que je souhaite pour moi-même :
plus de joie, plus de foi (les deux vont ensemble) ;
plus d’amour, plus de vérité, plus de courage et d’humilité à la chercher et à la servir, en actes et en paroles ;
plus de compétence, de liberté, d’invention pour vivre notre vocation, pour le service auquel Dieu ou l’Eglise nous appellent (je crois en l’Esprit Saint, par qui ces deux appels se confondent) ;
plus d’attention à autrui, proche ou lointain…
Et puisqu’à Rodez l’année liturgique commencée est rythmée par les trois verbes avec un v minuscule : accueillir, servir et aller vers, je me sers d’eux pour vous dire ce qu’a été cette année 2005 pour moi…
Accueillir :
– un accompagnateur spirituel (ouf, cela devenait plus que nécessaire).
– un nouvel ordinateur, d’occasion certes mais quand même… 1,15 GHz, 768 Mo Ram, 160 Go DD, écran plat 19″, et la Freebox (idem !)
– dix jours de retraite ignatienne en juillet (idem !!)
– plusieurs enfants de CP de l’éveil à la foi, pour une préparation au baptême, joyeuse mais exigeante.
Harry Potter VI, mais aussi Trouver Dieu en toutes choses (Pierre Van Breemen, Cerf 1997), Foi, Vérité, Tolérance (Joseph Ratzinger, Parole et Silence 2005), Pourquoi donc être chrétien ? (Timothy Radcliffe, Cerf 2005).
– en DVD, Bienvenue à Gattaca (1998), de la science fiction pour un excellent contrepoint à l’eugénisme grandissant, et une nième fois parce que je ne m’en lasse pas, Le festin de Babette (1986).
– plein de cadeaux : une Clio 1,2l, 16V (de mes parents), un camescope numérique DVD (de mon frère), un talent naissant pour les lancers francs (de Ségolène et de ses soeurs l’an dernier, et d’une équipe de confirmands du Sacré-Coeur cette année).
Servir :
– Dieu, dans la liturgie. C’est une tautologie : le mot liturgie signifie « service public ». En premier lieu, la messe, en particulier celle du dimanche de la Miséricorde, le 3 avril, au lendemain du retour de Jean-Paul II vers le Père ; celles animées par les jeunes ; les célébrations pénitentielles et le sacrement de la réconciliation ; les baptêmes et mariages, en particulier ceux concernant ces chers anciens dont j’ai été CT il y a 10 ans chez les scouts d’Europe : Jean-Marc, Gabriel, mais aussi Guillaume et Philippe même si c’est à distance, par la prière, que j’étais avec vous ; les veillées d’adoration et de prière ; la confirmation de 55 collégiens le 20 novembre en la Cathédrale, particulièrement belle.
– des familles éprouvées par un deuil – toujours via la liturgie, car au-delà du tact ou de l’écoute prodigués, le bien et la consolation qui s’y donnent et s’y reçoivent, viennent de plus haut.
– des jeunes d’ici : les 6èmes de l’aumônerie de l’enseignement du public, pour qui nous avons refait un parcours de profession de foi, les 4èmes-3èmes de l’enseignement catholique, via un nouveau pélerinage de 3 jours sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle, des temps forts et la préparation à la confirmation.
– trois nouveaux filleuls, d’ailleurs, en particulier aux Philippines, via Enfants du Mékong et le BICE.
– la communication diocésaine, via le journal des paroisses et une prospection en cours sur les radios chrétiennes.
– l’Europe, via l’organisation d’un débat paroissial sur le projet de traité constitutionnel européen, avec des chrétiens des deux bords. Surtout ne dîtes à personne que j’ai voté n…
Aller vers :
– ou plutôt « sur » un cheval, grâce à Olivier, plus de 15 ans après une première, brève et (jusqu’à cette année) unique expérience sur le dos d’un tel animal : cette fois-ci, j’en suis descendu tout seul.
– à nouveau des collégiens et lycéens d’ici, via msn (et le très utile plugin msnplus) et via leurs blogs.
– n’importe quel internaute surfant au hasard, via mon blog (ici même).
– 80% de mes filleuls, mais il me reste encore quelques jours pour tenter de voir la seule que je n’ai pas vue, Claire à Montpellier… Question subsidiaire pour les plus jeunes : combien ai-je de filleuls ?
– mes origines vietnamiennes, en participant à Paris à la joyeuse, émouvante et gastronomique fête des 70 ans de présence de la congrégation Notre Dame au Vietnam, où elles ont tant apporté, en particulier à ma mère à Dalat.
– mes 50 ans, puisque le cap des 40 vient d’être franchi !
A tous,
Meilleurs voeux pour l’année 2006 !

Compléments :

– L’image-typo des 3 verbes est la couverture des journaux paroissiaux et diocésain de janvier 2006, composée grâce à typogenerator.net [gratuit, un lien à mettre dans vos favoris]…
– La veillée de Noël 2005 à Gourgan (Rodez) était un parcours « de Pâques à Noël » (fichier Word à télécharger : 0,3 Mo), avec diaporama (cf. typogenerator), et bande-son mp3 (cf. freeware audacity) téléchargeable uniquement si vous avez l’adsl : (1) Cléophas 1,3 Mo, (2) Une lumière à resplendi 0,7 Mo, (3) Pierre 1,5 Mo, (4) Les arbres dansent de joie 0,6 Mo, (5) Marie-Madeleine 0,8 Mo, (6) Faire le bien 0,1 Mo. [cliquer droit sur ces liens, puis ‘enregistrer la cible sous…’ sur votre disque dur]

Pour l’anniversaire d’un filleul…

Cher filleul,

En fêtant joyeusement ton anniversaire, en mesurant ainsi ce qui en toi grandis chaque jour en taille, en force, en personnalité, en connaissances, en talents, je te souhaite surtout de grandir et de te fortifier en sagesse et dans la grâce du beau prénom que tu portes. (Lc 2,40) Qu’avec toute l’affection dont tu es entouré, avec tout ce que tu reçois de tes parents, de ceux qui t’entourent, tu apprennes…

– que la vie est bien un cadeau, que personne ne se donne à soi-même ;
– que tout ce qui est pour toi moyen de vivre, tout ce qui existe autour de toi, tous les êtres, toute la Création, provient d’un don premier, dont ni les travaux ni les efforts qui ont conduit à ce que tu en jouisses ou les possèdes, ne retirent leur caractère de don inouï, gratuit, immérité ;
– que ce don-là est offert solidairement à tous les hommes, et que rien ne justifie que certains en soient totalement privés ;
– que ce sera ton honneur et ta joie d’employer talents et énergie à répondre à ce don premier, à le transmettre le plus largement ;
– que l’amour que tu reçois en famille t’initie à cela dès à présent ;
– qu’avant de le rejoindre pour toujours, Dieu qui est à l’origine de tout don, t’appelle au sein de la famille des hommes au don de toi-même et au service des autres ;
– qu’il n’y a pas d’autres chemins pour être heureux ;
– que Jésus-Christ est ce chemin.

bien cordialement,
ton parrain

Si Dieu n’existait pas

Si Dieu n’existait pas…

1. Le monde ne serait que de la matière en évolution, de la chimie.

2. L’histoire n’aurait pas de sens, car elle serait sans intention ni projet.

3. Les projets de l’homme se limiteraient à la courte parenthèse de sa vie.

4. La vie ne serait qu’un hasard un peu plus exceptionnel que les autres.

5. L’homme ne serait qu’un animal plus évolué, lui aussi destiné à disparaître.

6. La mort rendrait absurdes les efforts de l’homme pour vivre en juste.

7. Au delà de la mort, il n’y aurait de compte à rendre à personne.

8. Tout serait permis : l’égoïsme serait plus raisonnable que l’altruisme.

9. Nous serions soumis à la loi de l’intérêt, du plaisir ou de la force.

10. Malheur aux faibles, aux pauvres, aux limités, aux sans défense.

11. Chacun serait seul dans le scandale et l’absurde de la souffrance.

12. La messe ou la prière ne seraient qu’une totale perte de temps.

 

Mais parce que Jésus-Christ est vraiment le Fils de Dieu…

1. Tout ce qui existe vient de Dieu, comme fruit de Son amour.

2. L’histoire des hommes est « sainte », car c’est là que nous Le rencontrons.

3. La vie ici-bas s’accomplit en vie éternelle avec Lui.

4. Le don de la vie est Son plus beau cadeau, sa création, ce qu’Il veut.

5. L’homme a une valeur sacrée, parce que créé à Son image.

6. Tout effort de justice trouve sens en Son amour plus fort que la mort.

7. La mort est l’épreuve décisive avant les retrouvailles avec Lui.

8. Être en relation avec Lui nous oblige à l’aimer en notre prochain.

9. Nous répondons à Son amour en servant les plus petits.

10. Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des cieux est à eux.

11. Il partage nos souffrances, et nous donne de les dépasser par l’amour.

12. Prier Dieu ou Le célébrer est la plus haute activité de l’homme.

Heureux…

Il est heureux que dans l’Evangile selon saint Matthieu, le mot inaugural de l’enseignement de Jésus soit le mot « heureux ». Rien d’étonnant : « Evangile » signifie « Bonne nouvelle ». La volonté du Père est que l’homme soit heureux. Les Béatitudes annoncent un bonheur profond, et certain, car fondé sur la fidélité de Dieu à son projet. Cette certitude de foi devrait bousculer le secret désespoir qui nous habite parfois : lorsque sans nous l’avouer vraiment, nous ne croyons pas – ou plus – au bonheur ; lorsque par faux réalisme, nous le bornons à notre mesure, aux satisfactions immédiates que la vie laisse à notre portée.

De fait, les Béatitudes nous bousculent : alors que nous cherchons la sécurité, la satisfaction de nos besoins, l’autosuffisance… elles proposent un bonheur qui suppose un manque persistant, un désir encore tendu en avant, une mise en marche active. André Chouraqui, en juif érudit, traduit « Heureux… » par « En marche… », comme si le malheur consistait à s’arrêter, à renoncer à avancer vers ce Royaume dont Dieu est le centre. On s’arrête, soit parce qu’on le croit inaccessible, soit parce qu’on l’a remplacé en nos cœurs par un royaume moindre dont nous serions le centre… Or cette marche vers le Royaume de Dieu, non seulement n’est pas vaine, mais elle donne d’expérimenter la proximité de Dieu en Jésus-Christ présent à nos côtés, l’ouverture aux autres, la certitude qui prévaut par delà les épreuves que « la victoire est certaine » – selon les mots du pasteur D.Bonhoeffer juste avant son exécution par les nazis.

Il faudrait percevoir ce qu’il y a d’infiniment désirable dans ce Royaume des cieux non seulement promis au futur, mais assuré au présent, pour accueillir avec joie le programme de vie des Béatitudes. Ce programme n’est rien d’autre que celui de Jésus lui-même, pour nous introduire dans son Royaume : un Royaume où être pauvre de cœur rend capable d’accueillir toute chose comme un don ; où la douceur et la miséricorde sont victoires sur la violence et sur le mal ; où les yeux sont lavés par des larmes de repentir et de compassion ; où la faim et la soif de justice et de paix font participer à la passion de Dieu pour l’homme ; où la pureté de cœur donne de tout voir avec le regard de Dieu, et de voir Dieu en toutes choses ; où la valeur de la vie est à la mesure de ce pour quoi on est prêt à la risquer, à la donner.

La marche vers ce « Royaume » se joue dès à présent dans notre rapport au monde et aux autres, mais ce qui rend cette marche persévérante et heureuse, heureusement persévérante, c’est d’avoir son terme – et d’être déjà – dans ce qui est l’objet même de l’Evangile : obtenir la miséricorde de Dieu, voir Dieu, être fils de Dieu, entrer dans cette terre promise qu’est le Royaume de Dieu, manifesté en la personne de Jésus.

La calligraphie en illustration est de Georges Unal (Rodez, 05 65 75 91 56)