Le sacrement du pardon est moins une thérapie individuelle ‘pour soi’, que le fait de se mettre à disposition du Seigneur, mais aussi de l’Eglise, pour que s’opère un acte de salut « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », comme c’est le cas dans tout sacrement. Indirectement, secondairement, on s’en retrouve personnellement bénéficiaire, mais ce qui se passe concerne en fait plus large que soi : partant de la reconnaissance de mon péché, c’est à dire de ce qui de ma part et avec ma responsabilité a fait obstacle à une vie en communion avec Dieu, avec autrui, et avec moi-même (cette reconnaissance du péché s’appelle la ‘confession’), je remets tout cela au Christ (via son corps qu’est l’Eglise, c’est à dire via un prêtre) parce que je reconnais que je ne peux plus rien en faire, que cela m’encombre, voire me culpabilise, et qu’un tiers est justement nécessaire pour cette remise des péchés. Plus profondément, en posant l’acte de foi que le Christ saura bien faire quelque chose de ces péchés, mieux, qu’il les a déjà transformés sur sa Croix en acte de salut, de réconciliation, de pardon, c’est dans la confiance que je lui remets ces péchés en les nommant, et que par là-même, je prends de la distance avec eux et permets à Dieu d’exercer sur moi sa miséricorde. Mais pas seulement sur moi : mes péchés me rendent solidaire du péché de tout homme, c’est aussi toute l’humanité qui à travers moi se retrouve bénéficiaire de ce pardon.
Pour s’y préparer, voici ce qui a été proposé aux paroissiens de Rodez avant la Toussaint [fichiers Word 2000 de la célébration pénitentielle : Déroulement & Feuille d’assemblée au format A5 paysage recto-verso]
De l’Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc (Lc 14,16-24)
Jésus disait cette parabole : « Un homme donnait un grand dîner, et il avait invité beaucoup de monde. A l’heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : ‘Venez, maintenant le repas est prêt.’ Mais tous se mirent à s’excuser de la même façon. Le premier lui dit : ‘J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir ; je t’en prie, excuse-moi.’ Un autre dit : ‘J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je pars les essayer ; je t’en prie, excuse-moi.’ Un troisième dit : ‘Je viens de me marier, et, pour cette raison, je ne peux pas venir.’ A son retour, le serviteur rapporta ces paroles à son maître. Plein de colère, le maître de maison dit à son serviteur : ‘Dépêche-toi d’aller sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.’ Le serviteur revint lui dire : ‘Maître, ce que tu as ordonné est fait, et il reste de la place.’ Le maître dit alors au serviteur : ‘Va sur les routes et dans les sentiers, et insiste pour faire entrer les gens, afin que ma maison soit remplie. Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne profitera de mon dîner.’ »
Examen de conscience
Un homme donnait un grand dîner, et il avait invité beaucoup de monde.
Un grand dîner, une fête, c’est l’image traditionnelle du salut, de la communion des saints, une image que Jésus emploie pour dire à quoi Dieu invite les hommes : une vie pleine, en communion les uns avec les autres, en communion avec Dieu. Une invitation qui passe par la voix des prophètes et des saints, par la révélation biblique d’un Dieu qui veut l’homme vivant, mais une invitation qui passe aussi en tout homme, par la voix de sa conscience éclairée.
Quels moyens prenons-nous pour entendre cette invitation à vivre selon l’Evangile, à entrer dans l’alliance avec Dieu, à être et à agir en communion avec nos frères ?
– avec la Parole de Dieu…
– par la prière personnelle…
– par l’accueil de l’Esprit Saint dans les sacrements, en particulier l’Eucharistie…
– par la fidélité à écouter et à suivre sa conscience…
– par l’éclairage de cette conscience via conseils, lectures, formation, révision de vie…
Tous les invités se mirent à s’excuser de la même façon. Le premier lui dit : ‘J’ai acheté un champ…’ Un autre dit : ‘J’ai acheté cinq paires de bœufs…’ Un troisième dit : ‘Je viens de me marier…’
Le péché ne consiste pas seulement à refuser l’invitation de Dieu, à rompre l’alliance qu’il propose entre nous et avec lui. Il consiste aussi à s’en excuser, en usant de ces choses bonnes que sont l’avoir (le champ), le travail (les bœufs), la famille (se marier), pour justifier la distance prise avec Dieu et avec nos frères. Ces choses ont pourtant leur vraie valeur lorsqu’elles nous rapprochent de Dieu et de nos frères.
Comment ordonnons-nous les différents aspects de notre vie selon l’Evangile, au service de Dieu et de nos frères ? ou au contraire pour nous « justifier », pour nous donner de la valeur ?
– l’avoir et tout ce que nous possédons en argent, propriétés, mais aussi compétences, savoirs, pouvoirs…
– le travail, toutes nos activités et nos engagements…
– la famille et toutes nos relations…
Amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.
Pauvres, estropiés, aveugles, boiteux… une liste qui pourrait s’allonger pour embrasser toute misère, physique, morale, spirituelle… Non seulement cette misère ne laisse pas le Seigneur indifférent, mais elle l’attire, elle suscite sa préférence. D’où pour les pécheurs que nous sommes, cette grâce possible de se découvrir attendu, espéré par le Seigneur. Et en retour, cette invitation à donner nous-mêmes la même préférence aux pauvres.
Quel est notre rapport à la faiblesse, à la souffrance ?
– la nôtre, physique, morale, spirituelle… : découragement, révolte, résignation, ou union au Christ et à nos frères souffrants, confiance renouvelée en Dieu…
– celle de mes frères… : ignorance, indifférence, mépris, ou compassion, solidarité, service…
Quel est notre rapport au péché ?
– le nôtre, pour recevoir du Seigneur et de ceux que j’ai blessés, pardon et relèvement…
– celui de mes frères, pour pardonner…