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« Au fur et a mesure de notre évolution dans les études, principalement a partir de la seconde, et ce jusqu’à la terminale, on pousse des connaissances en science de la terre, que je trouve en contradiction, du moins indirecte, avec la Bible, et le début de la Bible, avec la création du monde et compagnie. La fois ou un non-croyant m’a posé la question, la première réponse qui m’est venue est : la Bible est imagée sur la Genèse. Mais je me demandais ce que vous en pensiez, et si ce conflit de croyance a aussi eu lieu pour vous. »
Sur cette question, les deux écueils du concordisme (vouloir que la foi et de la science se correspondent, au point que la science « prouve » ce qui relève de la Révélation, par exemple, en faisant correspondre le Big Bang avec la Création, notamment de la lumière…) et du modernisme (prétendre que les avancées de la science rendent progressivement caduques les données de la foi) proviennent d’une confusion des plans de lecture. La foi donne de lire la Bible pour discerner le « pour quoi » et le « pourquoi » des choses, à savoir que tout procède de l’Amour Créateur de Dieu et que tout y retourne. La science vise, non pas tout à fait à dire le « comment » des phénomènes, mais à fournir une représentation provisoire du réel pour mieux s’en saisir, s’en servir, le prévoir, au moyen de variables si possible en nombre le plus limité possible. Si l’on distingue bien les plans (physique et métaphysique), il n’y a pas contradiction entre science et foi, ni concordisme, tout comme il n’y a pas contradiction ni concordisme entre le discours du neurologue et celui du poète sur l’amour conjugal.
Cela ne signifie pas que la Bible soit pure poésie, symboles virtuels sans lien avec le concret de la nature et de l’histoire. Au contraire, il est nécessaire de vérifier la pertinence des images bibliques, dans ce qu’elles disent de profondément vrai sur l’homme, sur Dieu et sur leur relation, qui s’enracinent dans le monde créé et dans l’histoire. Ainsi, plutôt que de se poser la question d’un ancêtre commun que serait monsieur Adam, le 2ème chapitre de la Genèse parle de « ha adam », littéralement « le terreux », non pas d’abord un nom propre, mais le nom commun de l’humanité ; non pas premièrement le masculin, mais l’humain, en quête de vis à vis avec qui entrer dans une relation qui le constitue comme personne. Les animaux ne suffisent pas à cela. Le fait que cela soit placé « Dans un commencement » (Gn 1,1) ne signifie pas d’abord une donnée préhistorique, mais la manière juive, hébraïque pour dire le fondamental, le principiel, l’universel, ce que traduit bien le grec « èn archè » ou le latin « in principio ». Au principe, toute l’humanité a en commun avec « le terreux » d’être suscité par amour comme lieu-tenant de Dieu, gérant de la Création, à l’image de son Créateur dans la mesure où il est lui-même en relation avec l’autre ; d’être tenté de se suffire à lui-même, d’abuser de la Création, de vouloir être comme Dieu etc… C’est non pas l’histoire d’un homme primitif, qu’une chiquenaude divine aurait lancé dans l’existence, mais c’est l’histoire de tout homme dans son principe même d’être humain, et dont l’existence présente relève d’un acte créateur permanent de la part de Dieu. Et tout ce qui précède demeure valable au plan de la foi, que Darwin ait raison ou non.
Ensuite, on peut discuter au plan scientifique si Darwin a raison ou non. Aujourd’hui la théorie restreinte de l’évolution (la diversité des membres au sein d’une espèce vient des micro évolutions dues aux mutations et à la sélection naturelle) est prouvée. La théorie générale (la diversité des espèces provient d’un même mécanisme sur une très longue durée) n’est pas prouvée, et pose des problèmes aux généticiens, qui n’expliquent pas comment la galaxie des humains (jaunes, blancs, pygmées etc…) puisse être aussi éloignée de celle des singes (chimpanzé, gorilles…), sans que l’on voit de trace d’intermédiaires. A la rigueur osef…