A une paroissienne qui me posait avec insistance la question de la différence entre jugement particulier (juste après la mort) et jugement dernier (à la Résurrection finale), je lui ai répondu que vus nos âges respectifs, elle aurait certainement la réponse avant moi…
Cela dit, la différence entre jugement particulier et dernier ne me semble pas relever d’un revirement de la part de Dieu, mais dans la différence de statut de celui à qui s’applique le jugement : l’âme au moment de la mort (jugement particulier) ; la personne toute entière, corps et âme à la fin des temps (jugement dernier), où tous ressusciteront, « ceux qui ont fait le bien, ressuscitant pour entrer dans la vie ; ceux qui ont fait le mal, ressuscitant pour être jugés. » (Jn 5,29)
Etant des personnes, c’est à dire des êtres à l’image des Personnes divines – le Père, le Fils, le Saint Esprit qui se définissent intégralement par leur relation aux autres Personnes -, c’est selon le seul critère de l’amour que nous serons jugés (St Jean de la Croix). Ce qui n’est pas amour va au néant (qui veut sauver sa vie la perdra…), ce qui est amour nous personnalise : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime + celui qui perd sa vie à cause de moi, la garde pour la vie éternelle = salut.
Or notre corps est à la fois ce qui nous individualise – ici-bas, notre corps est le seul à occuper telles coordonnées d’espace-temps – et l’instrument par excellence de notre relation au monde et aux autres, via nos sens et les moyens de communication qu’offre le corps. L’âme seule ne constitue pas toute notre personne, n’étant que ce qui donne « forme » au corps (c’est là du langage scolastique, pas important de s’y arrêter…).
Il faut donc introduire une certaine temporalité dans les réalités de l’au-delà, et donc une distinction entre jugements particulier et dernier, pour tenir compte de ce que :
– L’amour donné par et reçu d’une personne se prolonge au-delà de sa mort à toute l’humanité et à toute la Création, qui poursuivent leur histoire. Cf. « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre… » (Ste Thérèse de Lisieux), l’intercession des saints, ce que l’on nomme dans le Credo, la communion des saints. Cet amour-là donné et reçu constitue aussi la personne dans sa figure d’éternité, tout comme les actes personnels qu’elle a posés dans son existence terrestre. De cette façon, notre solidarité d’êtres humains, implique que le jugement dernier de chacun ait un rapport avec le jugement de tous.
– La résurrection de tous les corps, non pas au sens littéral de retour à une vie terrestre de la matière de notre chair, mais au sens d’une personnalisation maximale de chacun et d’une unification de tous dans le Corps glorieux du Ressuscité, rend seule possible le plein rétablissement des relations d’amour entre les êtres.
Il faudrait demander à plus calé que moi en « eschatologie », car ce qui précède n’est pas « parole d’Evangile »… mais variations sur des données de base de la foi chrétienne.
Ci-joints deux liens vers les articles 1021 et suivants du Catéchisme de l’Eglise Catholique sur le jugement particulier et sur le jugement dernier.