Les vocations, c’est l’affaire de tous

Les vocations, c’est l’affaire de tous

Les vocations, c’est l’affaire de tous, parce que nous sommes tous appelés à trouver notre manière unique d’aimer, de nous donner, de consacrer notre vie. Par­ce que la valeur de la vie se mesure à ce pour quoi on est prêt à la donner, et non à ce que l’on veut y gagner et dont la mort nous privera bientôt. La vocation, c’est alors la forme personnelle du don de soi, du service d’amour, du « sacrifice », non au sens de ‘perte doulou­reuse’, mais de ‘don joyeux’, de consécration de ce que nous sommes, avons et faisons, et qui donne plein sens à notre vie.

Pour les croyants, les vocations, c’est aussi l’affaire de tous, parce qu’il s’agit de chercher et de trouver sa voie, mais surtout de se laisser chercher et trouver par Dieu qui adresse un appel universel à la sainteté : un appel qui vient de plus loin que de notre aspiration au bon­heur ; qui sourd à travers les gémissements du monde nous requérant à le servir ; un appel de l’Absolu à l’ado­rer, dans la louange et la gratitude, dans la nuit et la supplication.

Pour les chrétiens, et en particulier les catholiques, les vocations, c’est l’affaire de tous, parce que l’Eglise est Corps du Christ, et que tout baptisé est membre de ce Corps, porte-parole habilité à relayer l’appel de Dieu, à redire à chacun les paroles de Saint Paul aux Romains : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable. » (Rm 12,1) cf. Appeler à devenir prêtre

Depuis quand avons-nous…

– prié pour les vocations personnellement, en équipe, dans notre mouvement, service, paroisse ?

– parlé positivement à quelqu’un de la vocation religieuse ou presbytérale ?

– relayé auprès d’un jeune l’appel à servir le Christ, l’Eglise, le monde par le don de sa vie ?

Les vocations, ce n’est pas tabou

L’Eglise a besoin de prêtres, et pour des jeunes qui pourraient devenir prêtre, il y a un enjeu de bonheur d’y être appelés.

Pourtant, beaucoup – y compris des prêtres – sont réti­cents à appeler. Nous craignons parfois qu’un appel di­rect en « veux-tu… ? » ressemble à un recrutement qui ne respecte pas la liberté : « On n’a pas le droit d’appe­ler… c’est entrer dans l’intimité de quelqu’un, s’immis­cer dans sa relation avec Dieu. »

En réalité, la vocation n’est pas qu’une affaire de for intérieur. C’est encore plus vrai pour un ministère, un service d’Eglise (et le diaconat et l’épiscopat le mani­festent complètement), où la vocation réside entière­ment dans l’appel explicite, objectif… de l’Eglise adres­sé à quelqu’un pour servir à telle ou telle mission, et non dans l’attrait intérieur, subjectif que l’on aurait pour tel état de vie. Il n’y a donc pas à attendre que quelqu’un y soit attiré pour l’interpeler sur une possible vocation de prêtre, si nous percevons qu’il a les « dis­positions requises ».

– Echanger en équipe, en relais, en mouvement, en équipe d’animation pastorale… sur ce que l’on ferait pour appeler un jeune à être prêtre, ou accueillir sa démarche.

– Donner davantage une coloration vocationnelle aux proposi­tions de la pastorale diocésaine des jeunes. (cf. SNEJV : un seul service national)

Appeler rend libre

Le fait d’être appelé est libérateur et permet de se construire sans cette « fatigue d’être soi » contem­poraine, liée à la prétention et à l’obligation d’inventer seul sa vie.

Laisser à quelqu’un le choix et respecter sa liberté, n’implique pas de le laisser errer en se contentant de lui dire « Tu feras ton chemin », le laissant découvrir seul sa vocation. Et ne pas appeler quelqu’un, c’est aussi déjà répondre « non » à sa place… alors que tout appel et donc toute réponse – quelle qu’elle soit – porte du fruit.

– Oser poser la question de la vocation – dès la catéchèse en primaire – « Et toi, as-tu pensé… ? »

– Ecrire une lettre aux confirmands sur la vocation.

Pas de vocation chrétienne
sans relation personnelle au Christ

La réponse à sa vocation est réponse au Tout-Autre. Cela suppose une relation profonde à Dieu, une ren­contre avec le Christ. Il nous faut surmonter notre ti­midité à annoncer le cœur de la foi, et faire en pasto­rale des jeunes des propositions où la prière ait la pla­ce centrale : les vocations naissent dans les lieux ferti­les, où les jeunes trouvent une proposition spirituelle forte.

– S’inspirer des propositions d’autres diocèses (école de prière, initiation à l’oraison, adoration, « valise vocation » tournant dans les familles, camp retraite diocésain…).

– Proposer un accompagnement spirituel personnel aux jeunes en aumônerie, services ou mouvements.

Le temps est propice

Nous sommes à une période propice de l’Eglise com­me lieu de fraternité et de partage de l’amour de Dieu. Des chrétiens sont prêts à s’engager pour inventer de nouvelles manières d’être frères en Christ. Ils ont be­soin de pasteurs accessibles, simples, pratiquant la « visitation », venant chez eux, capables d’appeler… La place du prêtre est à réinventer, à vivre autrement, et c’est une aventure passionnante. Il y aura à faire des choix pastoraux pour les prêtres, mais l’implica­tion croissante des laïcs permettra aux prêtres d’être davantage là ils doivent être, en tant que prêtres.

En soi, le métier de prêtre est épanouissant. On ne le dit pas assez, et l’activisme des prêtres peut le mas­quer. C’est un engagement qui demande de se donner, une source de joie du fait d’être toujours en mission, où l’ennui est absent ! Et un prêtre heureux, accessible et fécond… est appelant !

– Travailler en équipe d’animation pastorale sur ce que l’on attend du prêtre, sur d’au­tres styles de prêtres que curé ou modérateur.

– Communiquer davantage sur le bonheur d’être prêtre.

Sachons accueillir ce qui nous dérange

L’Eglise a de plus en plus mission de révéler ce que Dieu fait déjà dans le cœur des hommes. Un rôle d’ac­cueil, d’authentification, qui suppose une ouverture de cœur à toutes les richesses suscitées par Dieu… La vocation est un mystère qui nous dépasse. Il n’y a pas qu’une voie. Les sensibilités doivent pouvoir coexister, se respecter. Il nous faut arrêter de coller des étiquet­tes, de ne défendre qu’une chapelle, au risque de per­dre des vocations avec des jeunes qui ne se sentent pas chez eux dans l’Eglise.

p. Raphaël Bui

d’après les propos échangés en Services Provincial (Toulouse : 28/1/2014) et Diocésain (Rodez : 15/2/2014) des Vocations

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