Une tragédie a lieu en Méditerranée, à nos portes, où des migrants de Syrie, de la Corne d’Afrique ou d’Afrique subsaharienne, trouvent la mort dans des embarcations surchargées, après un périple souvent fait de racket, de maltraitance, voire de torture (cf. le sort des Erythréens pris en otages au Sinaï). Les chrétiens ont-ils sur cette question une voix et des actes originaux qui ne soient pas taxés de « bons sentiments », d’irréalisme ?
La parole du Christ : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25) et la mystique qu’elle induit – voir l’étranger, le migrant comme un frère, comme une icône du Christ – n’ont peut-être pas de traduction politique immédiate, mais elles invitent chacun à oser des gestes prophétiques personnels d’accueil de l’autre, sans s’en défausser sur les autres ou la société. C’est ce que nous ferions chacun si un frère transis de faim, de froid ou de misère frappait à notre porte. La doctrine sociale de l’Eglise peut cependant donner quelques idées au politique : à l’inverse de l’assistanat, donner au migrant le droit de travailler, conditionner le prolongement de son séjour à différents objectifs (maîtrise de la langue, travail, autonomie financière, respect des lois…).
Être catholique – un mot qui signifie « universel » – devrait nous rendre surtout plus sensibles à la solidarité de fait qui unit tous les êtres humains, et qui renforce notre responsabilité à l’égard de notre prochain, fût-il dans un pays en guerre ou en dictature, à des milliers de kilomètres de l’Europe : le contraire de la « mondialisation de l’indifférence » (pape François).