A propos de la mort…

En réponse à un message reçu sur facebook :

Je ne crois pas en dieu mais pourtant quand je pense à mon père, je prie dieu pour qu’il le fasse revenir. Je ne sais plus où j’en suis. Est-ce que l’au-delà existe ? Comment puis-je savoir si mon père est heureux là où il est ?

Je peux d’abord proposer une réponse humaine, avant d’être une réponse croyante, et même chrétienne :

Dès qu’il y a de l’humain, il y a l’intuition inaltérable que ce qui a été vécu ici-bas, les relations, les liens affectifs, les projets, les engagements… doivent bien avoir un prolongement, ou un accomplissement, ou une sanction (positive ou négative) au-delà de la mort. C’est là une exigence de justice inscrite dans le coeur de l’homme, et l’on ne trouve pas cette intuition chez les animaux. Cette intuition est à l’origine des marques de respect que seuls les humains donnent à ce qui reste de ceux qui sont morts, c’est-à-dire aux corps des défunts : les rites funéraires (enterrement, crémation, etc…) sont le signe de ce respect, et sont propres à l’homme, y compris préhistorique. Pourquoi respecter ce qui n’est plus qu’un corps destiné à se dissoudre, s’il n’y a pas l’intuition d’un au-delà de la mort ?

Mais si c’est là une attente inscrite dans le coeur de l’homme, on a le choix entre deux attitudes :

– Refuser cette attente, et la considérer comme une illusion ; croire que la réalité est en fait contraire à notre attente, qu’il n’y a en fait rien à espérer au-delà de la mort, que cette vie mène à une tombe, au néant, au rien, et disparaît progressivement du souvenir de ceux qui restent, que cette vie est donc à proprement parler insensée, absurde. La sagesse serait alors d’en prendre acte, sans se bercer d’illusions « opium du peuple ».

Des penseurs passés et présents (André Comte-Sponville fait partie de ceux-là) ont pris ce parti du désespoir, en affirmant que le sens de l’existence ne peut se trouver qu’à l’intérieur de cette courte parenthèse entre notre naissance et notre mort, et pas au-delà. On pourrait leur objecter que c’est là une optique de « nantis », de gens qui ont la possibilité de diriger leur vie ici-bas, d’en faire quelque chose… Que dire alors à ceux qui ont vécu toute leur existence prisonniers de la misère ou du dénuement, victimes innocentes de l’injustice et de la guerre ? Quel sens trouver à cette vie si tout se joue uniquement ici-bas ? Que dire aussi à ceux qui doivent se résigner à la disparition totale de ceux qu’ils ont aimés ?

– Croire que cette attente humaine correspond à une réalité existante, bonne, désirable, et que le scandale du mal, de l’injustice, de la souffrance et de la mort vient paradoxalement confirmer : car si ce que ces maux contrarient n’existait pas, de quoi ces maux nous priveraient-ils ? pourquoi nous feraient-ils tant souffrir ? C’est justement parce que nous sommes faits pour cette vie pleine, éternelle, juste, affranchie de la mort, que l’expérience de la mort physique et du mal fait scandale. Même si nous n’en pouvons avoir qu’une intuition, même si elle reste un mystère, cette réalité désirée que les philosophies évoquent seulement en termes d’ « immortalité de l’âme », les croyants – et tout particulièrement les chrétiens – osent l’affirmer à partir d’une autre expérience que celle de l’attente du coeur humain : l’événement de la Résurrection du Christ, fêté chaque année à Pâques comme le centre de l’histoire, ce qui lui donne son sens.

Jeux de piste photographique à Conques

A la demande d’une catéchiste, voici un « Quizz Conques – photos.doc » à partir de 20 photos prises dans et autour de l’abbatiale de Conques (plutôt pour des CM2, 6èmes), avec la possibilité d’y joindre un questionnaire catéchétique. Il suffit d’imprimer plusieurs de ces planches photos au format A4 couleur, de les plastifier, et d’en confier une par équipe d’enfants. Le tableau des 20 questions liées aux 20 photos « Quizz Conques – texte.doc » n’a pas besoin d’être plastifié, et reste entre les mains de l’animateur qui accompagne l’équipe.

Lorsque j’étais chef scout (d’Europe) au début des années 90, j’avais aussi préparé un jeu de piste avec 30 photos, beaucoup plus difficile, pour visiter le village entier, mais avec peut-être certaines photos obsolètes maintenant. Le fichier « Jeu de piste village Conques. jpg » n’est qu’un scan de mauvaise qualité de ce qui me reste : une planche de 30 photos de serrures, de fenêtres, de détails architecturaux à retrouver dans tout le village, muni simplement d’un plan cadastral de Conques sans aucune indication « Conques, plan cadastral.jpg » !

J’ai remanié ce jeu il y a quelques années pour des collégiens, en indiquant les lieux des 30 photos sur le plan cadastral, et en y associant des lettres pour retrouver une phrase du prologue de Saint Jean : « Jeu de piste village Conques (carte) Jn 3,14.jpg« 

A l'origine…

Un début de réponse à une lycéenne qui pose la question :

Dieu a créé l’univers, les étoiles, les planètes, la terre, l’air, l’eau, le feu, les animaux, les végétaux, les hommes, etc. Mais qui (ou qu’est-ce qui) a créé Dieu ? Est-il un être « infini » ayant toujours existé ?

La question que tu poses, a donné lieu aux 5 classiques « preuves de l’existence de Dieu » résumées par saint Thomas d’Aquin, et qui se résument à 2 : l’une par la remontée à une « cause première non causée », à un « premier moteur non mu », ou à un dieu créateur non créé – le « d » minuscule est exprès ; l’autre par l’argument de la perfection où ce que nous percevons de la beauté, de la finalité ou du sens des choses de ce monde, renvoie à l’absolu dont elles sont la trace.

En fait, on pourrait contester que l’intuition d’une cause première ou d’un premier moteur immobile repose sur notre difficulté à concevoir l’infini. A la suite d’Emmanuel Kant qui reprend Thomas d’Aquin, nous ne concevons rien qui n’ait été perçu d’abord par nos sens (« nihil in intellectu quod non prius in sensu. » St Thomas). Or ceux-ci ne peuvent sentir que du fini, dans l’espace et le temps qui nous conditionnent. Nous peinons donc à concevoir une suite de causes qui remontent à l’infini, d’où l’intuition d’une cause première ou d’un premier moteur qui arrête la chaîne des causes…

Des athées qui admettent le principe de causalité, à savoir qu’il ne peut y avoir d’effet sans cause, préfèrent admettre une chaîne infinie de causes qui remonte sans qu’il y ait un premier moteur immobile. Cette chaîne infinie est plus difficile à admettre qu’un dieu créateur non créé, car elle est encore moins représentable qu’un dieu créateur, mais c’est malgré tout une manière possible d’imaginer l’univers.

Au total, cela fait que ces « preuves » de l’existence de Dieu ne convainquent que les convaincus !

Personnellement, je préfère l’argument ontologique, que refusaient Thomas d’Aquin et Emmanuel Kant sous sa forme simplifiée : le concept de Dieu « plus grand que tout ce que l’on peut penser » comprendrait nécessairement son existence, car ce concept inexistant est moins grand que le même concept existant. En réalité, il ne s’agit pas d’une « preuve » de l’existence de Dieu, car l’existence ne peut effectivement se déduire d’un concept. Il s’agit plutôt d’une critique du statut logique de la proposition athée : « Dieu n’existe pas », non pour dire qu’elle soit fausse – et encore moins qu’elle soit vraie – mais pour dire qu’elle est bancale, car indécidable du fait d’être auto-référentielle comme une phrase du type : « je mens toujours », qui se mord la queue, et donc n’est ni vraie, ni fausse. Cela ne prouve pas que Dieu existe, mais cela rend plus circonspect quant à affirmer son inexistence.

En définitive, le foi en Dieu n’est pas contraire à la raison métaphysique, mais ne peut reposer sur elle. Elle suppose un acte de la volonté, une prise de risque, un engagement qui est de l’ordre de l’amour, qui une fois posé éclaire l’intelligence et lui permet de se dépasser elle-même.

Accompagnement spirituel

L’objectif de l’accompagnement spirituel pourrait être résumé par la formule de Saint Ignace de Loyola : « voir Dieu en toutes choses ».

Dans le flot de pensées, de paroles et d’actions, dont on est l’auteur ou le destinataire, le fait de mettre des mots sur ce que l’on vit, pense, prie, décide… et d’en garder une trace pour en faire périodiquement un récit auprès d’un tiers (l’accompagnateur spirituel, c’est-à-dire un chrétien, une religieuse ou un prêtre ayant une vie spirituelle un peu éprouvée), permet de repérer ce qui vient de Dieu – ou pas -, ce qui est signe ou non de la présence de Dieu dans sa vie, ce qui fait grandir ou non le Royaume de Dieu, aussi bien en soi (mesurable par les fruits de l’Esprit Saint : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi) que dans le monde avec lequel on interagit.

On apprend ainsi à ordonner sa vie et les décisions que l’on prend, non pas seulement au gré des sollicitations ou des envies, mais pour réaliser pleinement sa vocation au service de Dieu et de son prochain, ou comme le disait Saint Ignace, « Ad majorem Dei gloriam » (pour une plus grande gloire de Dieu).

En pratique, une rencontre d’1/2 heure à 1h mensuelle permet de faire le point sur sa vie de chrétien, pour une fécondité plus grande dans ce qui seul compte : l’amour de Dieu et l’amour du prochain comme soi-même. La diffusion actuelle du coaching personnel ne fait que reprendre cette tradition qui date des premiers siècles de l’Eglise, mais que les disciples de Saint Ignace ont développée. Cela dit, le coaching vise surtout le plan de l’efficacité professionnelle et du développement personnel, c’est à dire pas assez haut et pas assez profond.

Rameaux 2010

Pour le rassemblement des 15-25 ans des Rameaux, le samedi 27 mars 2010, sur le thème « Des talents à l’appel « , voici des éléments préparés à cette occasion et qui pourraient être utiles à d’autres :

– Un CHANT composé par Emmanuel Quatrefages (paroles) et Benoît Frémaux (musique).

– Un diaporama pour accompagner la lecture de la Passion selon saint Marc d’images d’Arcabas : DIAPORAMA (c’est un fichier .exe réalisé avec xnview : votre antivirus pourrait le bloquer indûment) et TEXTE.

– Un jeu inspiré du jeu canadien « Brin de jasette » avec 4 x 28 questions pour favoriser l’échange et le témoignage dans un petit groupe (5 à 7 personnes) : JEU

– Une liturgie évolutive imaginée avec Mathieu Gruat et Léa Lavie, au moyen de 40 cartons (0,35 x 0,35 m fournis par Denis Carrière), décorés par les jeunes dans l’après-midi en ateliers créatifs avec l’aide d’artistes (rameaux en collages à la Matisse, avec l’aide de Christiane Lapeyre ; calligraphie à l’encre de chine sur la souffrance, le péché, la mort et le scandale du mal, avec l’aide de Georges Unal ; couleurs évoquant la vie, la joie avec l’aide de Brigitte). Ces cartons ont servi successivement de haie d’honneur avec Rameaux ; d’écran-mur de projection pour la lecture de la Passion (cf. ci-dessus) ; de croix à même le sol servant de support visuel pour une longue prière d’intercession ; et enfin d’autel pour la messe) : DEROULEMENT

Visiter une église

Une visite d’église pour collégiens. Texte pdf téléchargeable ICI.

En MAJUSCULE : les images ou objets à montrer.
Entre [CROCHETS] : indications
En italique : les questions à poser.

Objectifs

Donner le « mode d’emploi » d’une église.
Initier au mystère de l’Eglise : peuple de Dieu, corps du Christ, temple de l’Esprit Saint.

Déroulement

A l’extérieur

En vue aérienne, à quoi la forme de cette église vous fait penser ? à une croix.

Mais aussi à quoi d’autre ?

A quel jeu de votre enfance ? le JEU DE LA MARELLE.

Comment s’appellent les cases de départ et d’arrivée ? La terre, et le ciel. La marelle représente le parcours de chacun : de la terre (symbole de notre vie terrestre) vers le ciel (symbolisant le royaume de Dieu) : pour aller vers le ciel, on suit ce parcours en forme de croix, en forme d’église, pour nous dire que pour rencontrer Dieu, on passe par l’Eglise, par le Christ sur la croix qui nous révèle l’amour du Père.

Les cases représentent les sacrements ! 1, 2 et 3, les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, Eucharistie, confirmation) ; 4 et 5, les deux sacrements grâce auxquels la société des hommes ou l’Eglise peuvent tenir (mariage, ordre) ; 6 signifie le parcours de la vie ; 7 et 8, les deux sacrements de réparation, physique (sacrement des malades) ou spirituelle (pardon).

Avant d’entrer

Comment joue-t-on à la marelle ? à cloche-pied. Comme pour dire que ça cloche aussi pour nous dans notre marche, que nous ne sommes pas parfaits, que l’on entre boiteux dans l’église, conscients que nous avons de la peine à avancer sur le chemin de l’amour, que nous avons besoin d’être soutenus. D’où ce geste d’humilité en entrant : le signe de croix au BÉNITIER, rappel de notre baptême.

[INVITER A ENTRER ET A SE SIGNER PUIS A S’ASSEOIR PRES DE LA CROISEE DU TRANSEPT]

A la croisée du transept

[PRESENTER LES IMAGES DE PLUSIEURS TEMPLES]

Qu’est-ce que c’est ? DIFFERENTES FORMES DE TEMPLES : égyptien, perse, grec, romain, maya. Tous ont en commun d’être le lieu de résidence du dieu ou des dieux. Et les hommes ordinaires sont gardés à distance de ce lieu de résidence (cf . bâtiments fermés, sans fenêtre ; colonnades extérieures, faisant frontière ; rampes ou grands escaliers) : ces dieux ne sont pas n’importe qui, et n’importe qui n’a pas le droit de les rencontrer ; seules certaines personnes bien choisies ont le droit de les rencontrer, de leur offrir des sacrifices (humains dans l’Amérique d’avant Christophe Colomb).

Est-ce que c’est pareil pour une église ? Non. Ici, dans une église chrétienne rien de tel : l’église n’est pas d’abord la maison de Dieu, elle est la maison du peuple de Dieu, c’est à dire votre maison ; vous êtes ici chez vous ! On entre librement dans une église. Les colonnes à l’intérieur permettent même d’y circuler, d’y déambuler entre les piliers : c’est ce qu’on appelle le DÉMBULATOIRE.

Mais on ne vient pas dans une église ou une cathédrale pour faire n’importe quoi. On y vient pour y faire une rencontre.

Rencontrer qui ? Rencontrer Dieu, rencontrer les autres, rencontrer soi-même.

Qui nous donne de rencontrer Dieu ? Jésus ! Par lui, avec lui et en lui, nous rencontrons Dieu, parce qu’en Jésus, Dieu est venu à la rencontre des hommes. Par la prière, par les sacrements que l’on célèbre ici : eucharistie (messe), baptême, confessions, mariages, ordinations… nous sommes en contact avec Jésus-Christ, et donc avec Dieu. Lorsqu’on entre dans une église, c’est donc d’abord pour retrouver Jésus, à travers tout ce qui rappelle sa présence, partout dans cette cathédrale.

[INVITER A MONTRER TOUT CE QUI RAPPELLE LA PRESENCE DE JESUS]

qu’est-ce qui rappelle sa présence ? En premier lieu l’AUTEL, où le Christ se laisse rencontrer dans l’Eucharistie, le don de sa vie qu’il renouvelle à chaque messe ; le TABERNACLE… mais aussi tout ce qui rappelle le visage de Dieu qui se révèle dans le visage d’un homme, d’un enfant : Jésus. On le voit avec Marie sa mère, au cœur de la ROSACE, dans les STATUES, les VITRAUX à l’ORGUE, et surtout dans sa présence que l’on appelle la « présence réelle » : la présence du corps du Christ au tabernacle. Une autre présence, que l’on oublie : la présence du Christ dans son Eglise, c’est à dire dans l’assemblée que nous formons (si nous sommes baptisés !), et certains vont jusqu’à dire finalement que le mobilier le plus sacré dans une église, ce sont… les BANCS (ou les CHAISES), où vous vous trouvez et où vient prendre place le Peuple de Dieu.

Quand ? Principalement le dimanche, pour célébrer la messe.

Comment sait-on que l’on est invité à la messe ? par les cloches, qui battent le rappel. Lorsqu’on entend les cloches sonner, c’est comme si l’Eglise avec un E majuscule nous appelait, nous disait : « Venez, on a besoin de vous. Sans vous, nous ne sommes pas au complet pour prier, pour célébrer le Seigneur. » Dieu a besoin de tout son peuple et non pas de quelques spécialistes. Il a besoin de toi, de moi, pour le salut du monde. Il a besoin de tout le monde, que l’on s’entende bien ou que l’on ne s’entende pas.

Est-ce que vous vous entendez entre vous ? Peut-être bien que oui, je l’espère. Mais peut-être aussi que non. Eh bien peu importe ! Quand on va à la messe, quand on se laisse rassembler en Eglise, ce qu’il y a d’étonnant, c’est que vous pouvez être assis à côté de gens que vous aimez bien, mais aussi à côté de gens qui vous sont indifférents, voire même de personnes qui ne sont pas à votre goût, que vous n’auriez peut-être pas choisies comme amies. Eh bien, dans l’Eglise, peu importe, car nous sommes tous frères. Et le propre des frères et des sœurs, c’est que l’on ne les a pas choisis, qu’on les reçoit, et qu’on finit même par les aimer, non pas parce qu’ils nous plaisent, mais parce que moi comme eux, nous sommes tous aimés par nos parents.

Il peut aussi arriver que l’on soit seul dans une église, et même une cathédrale. On peut alors venir se recueillir, prendre le temps de s’arrêter, de faire une pause.

[SE DEPLACER VERS LA CHAPELLE DU SAINT SACREMENT]

Faire une pause. Oui, mais attention ! je ne suis pas seul à regarder ma vie, sinon je me prendrais facilement pour le plus beau ou le plus fort, ou au contraire pour le plus nul. Non, je regarde ma vie à travers le regard que le Seigneur pose sur moi. J’accepte de me laisser regarder par le Christ. Un lieu comme celui-ci, cette chapelle du Saint Sacrement nous aide. Nous ne sommes jamais seul !

Je vais vous montrer qui d’autres on peut rencontrer lorsqu’on se croit seul !

[AVANCER DANS LE DEAMBULATOIRE LE LONG DES CHAPELLES]

Qui sont ces personnes que l’on voit sur les tableaux, les statues ? Des personnages bibliques, des saints. Car on vient aussi à l’église pour rencontrer ces autres dont il est question dans le credo, lorsque nous disons que nous croyons à la « communion des saints ». Même lorsque apparemment nous sommes seuls, nous venons aussi rencontrer ces autres-là. Parce qu’avec nous qui venons dans cette Cathédrale, il y a la présence discrète mais réelle de tous ceux qui nous ont précédés ici. Certains y sont même enterrés (GISANTS). Mais aussi tous les saints qui nous ont précédés dans la foi, d’où tous ces tableaux, ces vitraux, ces statues de SAINTS. Surtout, les pierres, les VOÛTES résonnent encore des prières, des chants, des pleurs aussi (obsèques) de tous ceux qui se sont rassemblés dans cette Cathédrale. Depuis plus de six siècles, plusieurs dizaines de millions d’hommes, de femmes, d’enfants, de pèlerins, de pécheurs, de fidèles sont venus ici prier, célébrer, rencontrer le Dieu de Jésus-Christ. Plusieurs dizaines de milliers d’enfants et d’adultes ont été baptisés ou se sont mariés dans cette Cathédrale, pour entrer dans le peuple de Dieu dont nous faisons nous aussi partie.

On n’est jamais donc seul : lorsque vous reviendrez ici, même seul, apparemment seul, chacun pourra s’adresser au Christ qui le premier s’est adressé à nous. Et surtout l’écouter.

Comment fait-on pour l’écouter ? où peut-on l’entendre ? A l’écoute de la Parole de Dieu, proclamée à l’AMBON. Mais aussi lue et priée personnellement dans la Bible, en se mettant dans un endroit calme et beau, silencieux pour que vous puissiez vous recueillir, vous tourner vers le Christ. Aujourd’hui comme hier, ils sont nombreux ceux qui viennent pour prier personnellement dans cette église cathédrale. Pour confier une intention de prière, une difficulté ou un souci, un proche dans la peine. Et sortir transformé de la prière. Non que les soucis disparaissent, mais qu’on les affronte avec plus de courage, de confiance et d’espérance : il y a quelque chose qui symbolise cela dans toute église, c’est l’ORIENTATION.

[montrer la BOUSSOLE]

Dans quelle direction est orientée l’église ? Vers l’Est, l’orient, le soleil levant, le jour qui se lève, l’avenir. Entrer dans une église, entrer dans l’Eglise, se laisser rencontrer par le Christ, c’est aussi se tourner vers l’avenir, croire qu’un avenir est possible, grandir, avoir davantage confiance en la vie, en soi, parce que Dieu a confiance en nous. Et beaucoup viennent chercher ici, dans la prière cette confiance qui vient de Dieu. Nous croyons en un Dieu qui fait confiance en l’homme. Nous mettons notre foi en un Dieu qui a foi en nous. Et venir à l’église, c’est réentendre cette confiance.

Je ne viens pas « pratiquer » parce que j’ai assez de foi pour aller à l’église. Mais je viens à la messe pour nourrir cette foi, parce que je n’ai pas assez de cette foi en Dieu qui croit en l’homme, que j’ai besoin de le réentendre, pour le redire aux autres.

TEXTE DE LA LETTRE AUX EPHESIENS (ci-dessous)

[COMMENTER LES MOTS ECRITS EN GROS. A RAPPROCHER DE LA VISITE GUIDEE QUE L’ON A FAITE. NOUS SOMMES LE PEUPLE DE DIEU, LE TEMPLE DE L’ESPRIT SAINT, LE CORPS DU CHRIST, LA DEMEURE DE DIEU]

CHANT, et PRIÈRE DU NOTRE PÈRE

 

Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, le Christ voulait nous réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. Et donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et 1es prophètes ; et la pierre angulaire c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu.

Lettre de saint Paul aux Ephésiens (Ep 2,16-22)

Entrez : Dieu est en attente,
sa maison est un lieu pour la paix.
Goûtez : Dieu est en partage,
sa table est un lieu pour se donner.

Vous êtes le peuple de Dieu :
pierres vivantes de son Eglise,
traces brûlantes de son passage,
jetant les grains de l’Evangile.

Vous êtes le peuple de Dieu :
Marques vivantes de son visage,
signes visibles de sa tendresse,
portant les fruits de l’Evangile.

Vous êtes le peuple de Dieu :
Fêtes vivantes de sa promesse,
pages ardentes de sa Parole,
jouant les mots de sa musique.

Journée du Pardon 2010

Voici quelques éléments de l’édition 2010 de la Journée du Pardon à la Cathédrale de Rodez, à partir de citations du curé d’Ars (cliquer sur 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7), et d’un examen de conscience à partir des fruits de l’Esprit Saint en Galates 5 sous forme de feuillet (A4 resto-verso plié en 4 en accordéon, 211 ko, pdf).

Casting : notre curé le p.Jean-Luc Barrié, pour deux enseignements renouvelant l’idée que l’on se fait du curé d’Ars ; une douzaine de prêtres présents sur le doyenné, qui ont donné le sacrement du pardon ; les nombreux laïcs qui se sont investis, avec les équipes des 6 relais de la paroisse – en particulier de fleurissement, d’accueil, de distribution de tracts… – les catéchistes, les mouvements ou groupe de spiritualité ainsi que les religieuses pour les temps de prière, ceux qui ont apporté les troncs de bouleaux, Georges Unal pour les calligraphies, Bruno Perrinet pour l’affiche, Chantal Pringault pour l’iconographie, Edith Guillemet et Gérard Issalis pour presque tout et… les participants les plus importants, à savoir les quelques 200 fidèles ou plus, qui, en demandant le sacrement du pardon, ont offert au Père de toute miséricorde l’occasion et la joie d’exercer sa paternité.

Magie des lieux…

Pour répondre aux jeunes pèlerins à Taizé la semaine dernière (une trentaine d’aveyronnais, une soixantaine de tarnais, trois cars de toulousains, des bretons, des monferrandais, ainsi que des allemands, des belges, des américains…) à qui Taizé et la qualité des relations les uns avec les autres, manquent…

– Ramène nous à Taizé !

– C’est promis pour la première semaine des vacances de février 2011 ! Mais j’espère que tu auras compris que Taizé est plus qu’un lieu, car le lieu lui-même ne paye pas de mine. C’est aussi plus qu’un rassemblement de jeunes, car entre les festivals, concerts, fêtes, soirées etc… il y a plein d’autres manières de se rassembler entre jeunes. Taizé, c’est surtout l’apprentissage d’une disposition du cœur, le fait de se donner une pause et du silence pour s’ouvrir à la Parole de Dieu. Le mystère est que cette disposition rend plus facile de s’ouvrir aux autres… Il ne dépend alors que de toi de poursuivre l’expérience, ici et maintenant.

– Oui ! Tu sais ce genre d’expérience vaut vraiment le coup d’être vécu. Pour moi, ça a été une façon de me rapprocher de Dieu, ça a été aussi l’occasion de faire de nombreuses rencontres merveilleuses, de comprendre certaines choses sur la vie et surtout que notre vie à Rodez n’est que superficielle, ça m’a aussi appris à plus me tourner vers les autres et être à leur écoute ! Je veux y repartir !!

– Attention à l’enthousiasme débordant… qui peut être suivi de déprime. Tout l’art est de transposer dans l’ordinaire ce qu’on a découvert d’extraordinaire. Non pas d’opposer un lieu à un autre, un temps à un autre, mais de « voir Dieu en toutes choses ». Autrement dit, de découvrir que ce que Dieu donne dans telles circonstances favorables, il continue de le donner partout et toujours, y compris dans des circonstances moins favorables. C’est tout un art, mais c’est celui du bonheur. Sans quoi, on fera dépendre notre bonheur des seules circonstances…

– C’est pas facile de retrouver à Rodez toutes ces choses si merveilleuses que nous avions trouvées là-bas… !

Un post sur facebook pour essayer encore de répondre…

La « magie » de Taizé ? ou de Lourdes avec l’Hospitalité, ou des JMJ etc…

Ces lieux permettent une expérience : se tourner ensemble vers Notre Père raccourcit le chemin pour se découvrir frères. Si ce sont des lieux privilégiés, extraordinaires, pour apprendre cela, Dieu étant fidèle à ses dons, aucun lieu, fût-il le plus ordinaire, n’est contre-indiqué pour vivre cette double ouverture du coeur vers Lui et vers les autres.

C’est là le christianisme le plus basique, l’incarnation, la révélation et la présence de l’extraordinaire (l’absolu de Dieu) dans l’ordinaire (l’humanité du Christ).

Pas de nostalgie donc, mais des choix à poser au quotidien, dans le prolongement ordinaire de l’expérience que l’on vient de vivre ! Se donner chaque jour un temps de silence, d’écoute de la Parole de Dieu, de prière, se rendre disponible aux rencontres offertes chaque jour, participer avec d’autres à la vie de l’Eglise… C’est d’ailleurs de ces réalités basiques dont vivent les frères de Taizé.

Face au mal

Voilà ci-dessous le compte-rendu d’une belle rencontre oecuménique (27/1/2010) à Rodez, avec une conférence à trois voix : celle de Luc Goillot, pasteur des Assemblées de Dieu, de Stéphane Kouyo, pasteur de l’Eglise Réformée Evangélique, et de Jean-Luc Barrié, curé de la paroisse catholique de Rodez.

Tous ensemble face au scandale du mal.

Le texte de ce compte-rendu au format pdf est téléchargeable ICI.

 

Le diable ? Parlons-en !

Luc Goillot, pasteur des assemblées de Dieu

Peut-on parler du diable aujourd’hui, à l’aube de ce nouveau siècle, le 21e siècle de l’ère Chrétienne… ? Cette conférence lance le débat : « Parlons-en ! » Si vous êtes là, c’est que vous acceptez d’en parler !

Jn 10/9-11 « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis »

De qui Jésus parle-t-il quand il parle du voleur ?

On note l’opposition entre deux volontés :

Celle de Dieu : au travers de Jésus il apporte la vie.

Celle du voleur : il vient pour dérober, égorger et détruire.

En fait, Jésus nous parle d’enjeux spirituels qui nous dépassent.

Il y a vraiment dans le monde spirituel deux armées qui se livrent un combat sans merci.

Une qui veut le bien de l’homme : à sa tête Jésus-Christ. Et l’autre qui veut sa perte : à sa tête le voleur, le diable.

On retrouve cette lutte dans toute la parole de Dieu (Guerres, Job, Moïse, Venue de Jésus…)

Jésus a parfaitement conscience de ce combat :

– Mt 6/13, trad. Chouraqui, BDJ, Crampon, Segond : « ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin »

– Lc 23/31-32 : « Le Seigneur dit : Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point »

L’errance spirituelle dans laquelle se trouve notre 21e siècle n’empêche pas, et je crois même, favorise la curiosité pour tous les messages concernant le monde spirituel…

– Musiques, Films, voyance, astrologie, ésotérisme, sciences occultes, satanisme

Allons-nous laisser nos générations livrées à une découverte hasardeuse et inconsciente du monde spirituel ou allons-nous prendre notre place en tant qu’église pour expliquer que derrière ses choses, quelqu’un a juré la perte de l’homme ? Si Jésus en a parlé et nous met en garde, ne devons-nous pas en parler et mettre en garde nos générations ?

Baudelaire : « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas »

Il y a deux leurres qu’il faut à tout prix éviter :

– Croire que le diable n’existe pas.

– Croire qu’on n’est pas concernés, que le diable n’agit que sur les gens possédés ou dans d’autres pays ou époque que les nôtres.

Ep 6/11-12 « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. »

1 Pi 5/8 « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera »

Personnellement, je pense que la raison pour laquelle l’homme échoue en face du mal, c’est qu’il essaie de s’attaquer au mal lui-même, au lieu de lutter contre celui qui répand le mal.

Derrière la violence, les pulsions autodestructrices, les haines, les guerres, l’amour de l’argent, l’égoïsme, le mépris, la chute des valeurs morales, ce sont les puissances mauvaises gouvernées par le diable qui s’organisent pour détruire l’humanité et contrecarrer le plan de salut de Dieu…

Dès lors il est intéressant de se poser la question :

Que fait concrètement le diable aujourd’hui ?

Le diable ne peut s’attaquer directement à Dieu car il lui est inférieur et donc il a choisi de s’attaquer à ses créatures… (Exemple de Job…)

Ces différents noms trouver dans la parole de Dieu nous permettent de le démasquer dans ses intentions :

1 Diable = le diviseur : guerres, racisme, discriminations, insoumission, éclatement des familles. Il arrive même à diviser les Chrétiens !

2 Adversaire = s’oppose à Dieu

– Avant l’homme (Ange qui s’est opposé à Dieu, Es 14 et Ez 28)

– Cela est encore à l’origine de l’humanité : Le serpent a détourné l’homme et la femme du plan de Dieu… (Ge 3/1)

3 Malin = il ne se présente pas avec sa fourche et ses cornes !

2 Co 11/14 « Il se déguise en ange de lumière »

De 18/9-12 « Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel »

4 Menteur = détourne la parole de Dieu ou se fait passer pour Dieu.

Ge 3 « Dieu a-t-il réellement dit » ! (2 Co 11/3-4, Lc 8/12 parabole du semeur)

2 Th 2/3-4 « Que personne ne vous séduise d’aucune manière ; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu »

V9 « L’apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers »

Le danger guette tous les mouvements religieux : Erreurs de l’histoire…

5. Satan = accusateur des frères : Ap 12/10 Il nous écrase sous la CULPABILITE alors que Jésus est venu nous en libérer !

6. Voleur = le but est de nous voler le destin que Dieu a mis en place pour nous (Ep 2/10)

(Signification du mot péché)

 

Faut-il être fataliste ?

Non, nous avons le pouvoir de lui résister :

1. Etre conscient de son existence et de ses objectifs (2Co 2/11 et Ac 26/18)

2. Se soumettre à Dieu (Ja 4/7). Nous sommes vainqueurs sur lui en Jésus-Christ.

 

Jésus face au scandale du mal

Stéphane Kouyo, pasteur de l’Eglise Réformée Evangélique

(notes écrites par Stéphane Kouyo, plus complètes que son exposé oral)

Tous les jours sur terre, des millions de personnes sont aux prises avec le mal et la souffrance. Si Dieu nous aime, que fait-il face à toute cette souffrance, face à tout ce mal ? Comment concilier l’existence d’un Dieu bon et tout-puissant avec la présence du mal et de la souffrance dans le monde et dans l’histoire ? Le mal n’est-il pas le déni de l’existence d’un Dieu d’amour ?

Lactance, un philosophe du troisième siècle après Jésus-Christ formule bien la problématique : Si Dieu veut supprimer le mal et ne peut le faire, c’est qu’il n’est pas tout-puissant, ce qui est contradictoire. S’il le peut et ne le veut pas, c’est qu’il ne nous aime pas, ce qui est également contradictoire. S’il ne le peut ni ne le veut, c’est qu’il n’a ni puissance ni amour et qu’il n’est donc pas Dieu.

Pourquoi le mal est un scandale ?

Sous ces deux formes – la souffrance et la faute – le mal est un scandale parce qu’il constitue ce qui ne peut ni être compris ni être aimé. Il est éprouvé comme ce qui détruit, il va contre tout ce qui est bien, beau, vrai juste et sain (saint ? !). Ainsi il est un véritable objet de scandale, pour l’esprit et pour le cœur, pour la raison et pour l’affectivité, pour le corps et pour l’âme.

Il faut faire une petite distinction entre le mal et la souffrance ou la douleur. Si le mal est une espèce de déchirure de l’être, c’est donc une injustice et une violence. La souffrance est elle, la réaction au mal qui affecte l’être. Ainsi la souffrance est une fonction de la vie – elle ne s’identifie pas au mal, mais elle lui est liée. Nous cherchons à ne pas souffrir, ni physiquement, ni moralement, ni spirituellement.

Des tentatives pour réduire ce scandale :

1) La raison : expliquer le mal

Le mal dans la nature s’explique et se justifie dans la mesure où il est le corrélat d’un bien meilleur. Pour exemple prenons le darwinisme qui explique que la vie progresse grâce au processus évolutif et que la condition de cette progression est la loi de l’évolution selon laquelle il y a survie du plus apte. C’est pour le bien de l’espèce que les animaux malades ou âgés disparaissent. C’est pour le bien de l’ensemble des vivants que telle ou telle espèce disparaît. C’est pour le bien de l’ensemble de la vie que les groupes zoologiques doivent s’adapter – certaines espèces survivre et se développer tandis que d’autres disparaissent. Le processus est au bénéfice de la vie elle-même.

2) La morale : prôner le détachement

Le mal n’est pas seulement une déchirure pour la raison, il est aussi une déchirure pour l’affectivité. Là, il est source d’une douleur qui n’est pas facile à vivre. Aussi les traditions de sagesse ont élaboré une manière de l’esquiver ou de la contenir. Une des stratégies face au mal est d’éluder cette blessure. Cette attitude invite à une mise à distance que les sages appellent le détachement. Il ne faut pas s’attacher pour ne pas être blessé par la douleur de la perte en quoi consiste le mal.

3) L’attitude religieuse

Le mal et le bien sont deux principes antagonistes. Ce sont deux forces divines qui agissent dans le monde.

Ces trois attitudes et bien d’autres ne sont pas satisfaisantes. Elles éludent la vraie difficulté.
La vision chrétienne :

Elle propose une voie plus exigeante. Elle écarte les faiblesses du dualisme religieux en confessant strictement un Dieu unique. Elle récuse la mise à distance du tranchant de la douleur comme si le mal pouvait être oublié. Elle refuse enfin une explication rationnelle qui efface le scandale du mal et le justifie d’une manière ou d’une autre.

Jésus-Christ est la réponse de Dieu à la question du mal. Sans donner d’explication à la présence du mal le Seigneur propose une solution. Dans la personne et l’œuvre du Christ Dieu se rend victorieux du mal. Dans la mort et la résurrection de Jésus il triomphe du mal et de la personne du diable. Cet adversaire est ainsi désarmé, vaincu, maîtrisé.

 

Comment cette victoire s’est-elle orchestrée ?

La victoire prédite : la première prédiction a été faite dans le jardin d’Eden et constituait un aspect du jugement porter contre le serpent : ‘’je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre sa descendance et sa descendance : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon’’ (Gn : 3,15). Nous identifions, avec raison, la descendance de la femme au Messie qui établira le règne de justice de Dieu et mettra fin à la domination du mal.

La victoire amorcée : l’action de Jésus et son message sont le signe visible de la victoire avenir malgré les oppositions qu’il connaîtra.

La victoire remportée : c’est à la croix que cette victoire est remportée. C’est par sa mort que le Christ devait « écraser celui qui détenait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable », et délivrer tous les captifs (He 2 :14-15).

Le passage qui souligne avec le plus de force la victoire de Christ est peut-être celui de Col 2 :13-15 : « … en nous faisant grâce pour toutes nos toutes nos offenses ; il a effacé l’acte rédigé contre nous et dont les dispositions nous étaient contraires ; il l’a supprimé en le clouant à la croix ; il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix. »

La victoire confirmée et proclamée : si la croix est la victoire remportée, la résurrection est la victoire reconnue, annoncée et démontrée. « Il n’était pas possible qu’il soit retenu par la mort » Actes 2 :24. Les principautés et les puissances mauvaises qui, à la croix, ont été dépouillées de leurs armes et de leur dignité, sont désormais placées sous ses pieds et lui sont soumises (Eph 1 :20-23 ; 1Pi 3 :22).

La victoire qui s’étend : plus l’Evangile progresse, plus s’étend l’œuvre rédemptrice de Dieu. Toute conversion chrétienne implique une confrontation de puissance dans laquelle le diable est contraint de renoncer à ses droits sur quelqu’un ; ce duel qui tourne à l’avantage du Christ démontre combien sa puissance est supérieure à celle du diable.

La victoire consommée : Au retour de Christ, le diable sera définitivement placé hors d’état de nuire. Il n’y aura plus de larmes mais nous connaîtrons la félicité éternelle.

En attendant ce jour béni, nous sommes appeler à vivre dans ce monde avec cette foi inébranlable dans la victoire du Christ, dans notre propre vie et dans le monde. C’est la victoire du Christ est celle de son peuple. Elle est aussi rendu possible dans le concret de la vie.

Le mal n’est et ne doit pas être une fatalité et notre foi nous pousse à lutter contre le mal dans toutes ces expressions. C’est de cette manière que nous nous approprions la victoire du Christ.

Nous devons donc développer notre capacité de révolte contre le mal, pour le refuser, le combattre dans nos vies et dans le monde. Dans ce combat, nous ne sommes pas seuls. Nous avons reçu le Saint Esprit, notre force.

 

L’Eglise face au mal et à la souffrance

Jean-Luc Barrié, curé de la paroisse catholique Notre-Dame de l’Assomption

Un peu d’histoire

– Dès ses débuts, l’Eglise a combattu le mal et la souffrance par la solidarité, le partage :

Act 6,1-3 : des diacres pour s’occuper des veuves

Act 3,1 : Le boiteux de la belle porte guéri par Pierre et Jean

– Tout au long de l’histoire, elle a mis en place tout un arsenal de structures pour combattre la souffrance : hôpitaux (sœurs du Saint Cœur), orphelinats, écoles (Ste Famille à Villefranche de Rouergue), aide aux femmes en détresse (Ste Famille, congrégations diverses… je donne là des exemples aveyronnais, mais il y en a partout dans le monde). La plupart de nos congrégations religieuses sont nées pour soulager une souffrance à une époque… (pensons à Mère Térésa de Calcutta, à Sœur Emmanuelle au Caire, à l’Abbé Pierre en France…)

– Certaines de ces structures ont été prises en charge par l’Etat et d’autres institutions laïques, et nous nous en sommes alors séparés pour nous investir dans des lieux où des besoins nouveaux se faisaient sentir. Je pense à l’accompagnement des premiers malades du Sida où l’on a vu beaucoup de religieuses : une docteur d’un grand hôpital de Paris m’a dit à l’époque « heureusement qu’elles étaient là, on ne trouvait personne pour les accompagner… »

– Aujourd’hui sur la Paroisse Notre Dame de l’Assomption, sont présents par exemple :

– Secours Catholique et St Vincent de Paul : pour combattre la pauvreté chez nous. Des associations qui travaillent avec les services sociaux ou directement pour un secours d’urgence et un accompagnement des personnes en grandes difficultés sociales. Je peux dire pour y avoir participé que remplir le frigo d’une maman de deux enfants qui n’a plus rien à leur donner, c’est important.

– CCFD : pour une solidarité avec les pays du Tiers Monde. Une ONG, je crois la plus importante, de solidarité mais surtout d’aide au développement dans les pays pauvres. Pas seulement apporter un sac de riz, même s’il faut le faire pour que les gens ne meurent pas de faim, mais également soutenir les initiatives locales pour un développement, une autonomie alimentaire de ces pays.

– Aumôneries des hôpitaux, le Service Evangélique des Malades par rapport à la maladie…

– Aumôneries des prisons : souffrance psychologique et sociale. Des laïcs et un prêtre qui visitent les prisonniers.

– Mère de Miséricorde : femmes en détresse (grossesse non désirée)

– Accompagnement des familles en deuil : des équipes de laïcs qui accompagnent, se rendent présents auprès des familles pour préparer la sépulture mais aussi pour signifier notre soutien, notre solidarité dans ces moments dramatiques et douloureux.

Quelle attitude de l’Eglise face à la souffrance ?

D’abord la prière : car cela ne sert à rien de bâtir sans Dieu.

Souffrance sociale : Le Partage et solidarité, donner le nécessaire, le vital, ne pas laisser les personnes mourir de faim, un enfants sans vêtement, mais aussi sans jouets à Noël… Aider à payer la facture du fuel pour ne pas vivre l’hiver dans le gel… Permettre de se redresser, de retrouver sa dignité, de se prendre en main. Les aider à ne plus se sentir rabaissés, exclus, mis à part, montrés du doigt, ou au contraire invisible (SDF)

Dénoncer les injustices, lutter contre elles, combattre les causes de ces injustices. Cf. Rapport annuel du Secours Catholique, chrétiens engagés dans diverses organisations syndicales et associatives, Action Catholique…

Interventions des évêques de France à Lourdes cette année sur les sans papiers :

Non seulement elles doivent bénéficier de moyens de subsistance dignes d’une personne humaine (nourriture, hygiène, soins médicaux, etc.) mais encore elles doivent pouvoir accéder normalement aux informations nécessaires à leur défense. Le fait d’être en situation irrégulière ne fait pas perdre ses droits élémentaires à quelque personne que ce soit. Quel que soit le bien-fondé des décisions judiciaires ou administratives, leur application doit respecter ceux qui sont concernés, en particulier les enfants et les jeunes pour lesquels les liens familiaux doivent êtres privilégiés.

Encyclique du Pape Benoît XVI : « L’amour dans la vérité »

ACAT : lutte contre la torture (œcuménique)

Maladie : Présence silencieuse et gratuite, accompagnement, compassion, prière avec et pour les malades. Etre là, simplement, par pur amour, dans une attitude de compassion. Pas pour dire, mais pour accueillir ; pas pour récupérer, mais pour offrir une aide ; pas pour enseigner, mais pour écouter… Une présence qui manifeste la présence et la tendresse de Dieu.

Réponse sacramentelle : le sacrement des malades qui signifie, rappelle, manifeste, la présence de Dieu, de la force de son Esprit, dans la maladie, la souffrance ou la fin d’une vie.

L’attitude de l’Eglise catholique face au mal, ce sont les prises de paroles de sa hiérarchie, mais c’est avant tout et surtout l’engagement de baptisés dans les différents combats pour la justice et la paix, contre tout ce qui opprime l’homme. J’aurais pu donner de multiples exemples, peut-être des catholiques présents se disent, il n’a pas parlé de ceci ou de cela, mais on ne peut pas faire ici un inventaire exhaustif, simplement voir les grandes lignes de cette attitude qui prend des visages multiples.

Des mots clefs : SOLIDARITE- PARTAGE – LUTTE CONTRE L’INJUSTICE – DENONCIATION – PRESENCE – COMMUNION – COMPASSION
La source de ces attitudes

Jésus n’a pas donné de justification à la souffrance, ni d’explication.

Lc 13,1 : Les victimes de la tour de Siloé pas plus pécheurs que les autres.

Jn 9,2 Aveugle de naissance : « lui ou ses parents qui ont péchés ? » Réponse de Jésus : la guérison de l’aveugle.

Jésus a combattu les causes de la souffrance :

Il a dénoncé tous ceux qui à son époque étaient responsables d’injustice et de souffrance :

Mc 12,40 Les scribes qui dévorent les biens des veuves. Et tout le chapitre 23 de Matthieu sur l’hypocrisie des scribes et pharisiens qui exploitent le peuple en abusant de leur pouvoir…

Jésus, chaque fois qu’il a pu, a soulagé la souffrance : toutes ses guérisons…qui rendent aussi aux personnes leur dignité et leur place dans la société.

Jésus a habité notre souffrance :

Il a fait sienne toute souffrance au jardin des Oliviers, lors de son jugement et sur la croix. Entre le jardin des Oliviers, l’arrestation, le jugement, les fausses accusations, les injures, les crachats, les quolibets et moqueries, l’abandon de ses disciples, la souffrance de femmes qui l’entourent, les coups, les tortures, la crucifixion, la mort sur la croix… Je pense qu’il n’est pas une souffrance qu’il n’ait touchée, fait sienne, habité de sa présence, de son amour, de son don de lui-même. Mais il l’a fait sienne toute au long de sa vie :

Jean 11,33 : Jésus pleure son ami Lazare…

Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla. 34 Il dit : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. » 35 Alors Jésus pleura ; 36 et les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »

Cf. Livre de Jacques Ellul « Si tu es le Fils de Dieu… Souffrances et tentations de Jésus » :

Dans le credo nous disons couramment : « Il a souffert sous Ponce Pilate » (donc il n’a souffert que sous Ponce Pilate !), puis « Il a été crucifié ». Alors que le texte véritable (et conforme à la construction grammaticale latine) est : « Il a souffert ; sous Ponce Pilate il a été crucifié. »

Jésus, par sa mort et sa résurrection, à fait de la souffrance un instrument de Salut :

C’est par le don de sa vie sur la croix qu’il nous a donné part à sa vie divine et gloire, de joie et de paix éternelle. La souffrance, le mal suprême, la mort, qui l’échec absolu, devient en lui et par lui un chemin de vie, de salut, de gloire et de joie infinie. Ce qui est le mal suprême nous ouvre au bien suprême.

Marie au pied de la croix, silencieuse, qui souffre de la souffrance de son Fils (Jn 19,26-27)

…comme le lui avait annoncé Siméon (Lc 2,3)

La souffrance peut…

– La souffrance n’a pas de sens en elle-même, mais elle peut être vécue en communion avec Jésus en croix et permet de participer à son œuvre de rédemption.

Elle peut être aussi un lieu de purification, de conversion.

Elle peut être un lieu d’expérience du mystère Pascal.

Cela est expérimenté par beaucoup de croyants, mais ce n’est pas quelque chose que l’on peut assener à quelqu’un qui est en souffrance. Ce n’est que petit à petit, dans un accompagnement de proximité et dans le temps que les choses peuvent se découvrir avec l’aide de l’Esprit Saint. Et l’expérience d’une personne ne peut être donnée en modèle ou en exemple, elle peut simplement ouvrir une brèche, permettre un pas vers la paix.

J’ai vécu cela dans de nombreux accompagnements de malades ou de familles fortement touchées par un deuil.

 

Questions-débat

Peut-on considérer que la mort fait partie du mal, alors qu’elle est intrinsèque à la vie ? Pourquoi dit-on que Jésus est venu vaincre la mort ?

JL – La mort est l’échec absolu, humainement parlant. Il y a une brisure de la relation, de la présence de la mort. Là où Jésus vainc la mort, c’est qu’il en fait le lieu d’une vie nouvelle, dans une relation, une communion des saints, qui fait que celui qui naît en Jésus à cette vie nouvelle est présent. Jésus a fait de l’échec absolu, le don absolu de la vie divine.

S – A côté de l’expérience existentielle de la mort, dès l’origine, il est question de la mort. Si vous mangez du fruit de l’arbre interdit… il y a d’abord mort spirituelle. La mort est rupture de lien avec notre Créateur, notre Père céleste.

Comment envisager le mal en dehors de la religion, en dehors du Christ, pour accompagner la souffrance de quelqu’un qui n’a pas la foi…

L – On a en tant que chrétien un devoir d’écoute, d’accompagnement et de partage. La question me déstabilise, car je ne vois pas comment envisager autrement qu’en chrétien… On va témoigner, sans pour autant imposer notre foi à ceux qui la refusent. L’écoute est ce dont on a le plus besoin quand on souffre.

R.Salles – L’expérience de plusieurs années de soins palliatifs nous a montré que la demande religieuse est rare en fin de vie, et que le mourant est rasséréné lorsqu’il s’est mis en relation satisfaisante avec lui-même, parce qu’il a résolu un problème d’inimitié le plus souvent familiale. On a mult exemples d’attente du mourant de celui avec qui il veut se réconcilier.

M.Salles – C’est l’écoute du malade qui importe en premier. On est là pour être avec lui, rétablir la relation.

L – S’il est vrai que malheureusement il y a peu de demande religieuse, je vois des signes d’une relation avec Dieu, d’un face à face avec Dieu qui peut se faire sans mot, sans nous, un Dieu bon qui amène l’homme à une réconciliation avec soi et les autres certes, mais aussi avec lui.

Il y a aussi de la méchanceté, du cynisme, des gens qui torturent, des méchants. Comment expliquer cela ?

S – Le mal implique la souffrance pour celui qui le subit, et la faute pour celui qui le commet. Il a été question de lutte plus que d’explication, lutte à différents niveaux : social, politique y compris… Quelquefois, les méchants triomphent en ce monde (cf. Psaumes), mais dans un regard de foi, il ne faut pas s’en tenir au seul temps ici bas, mais voir à l’échelle de l’éternité et du Jugement final. La foi au Christ vient dire la victoire sur le mal et la méchanceté des méchants. Un jour, il y aura rétablissement de la justice par Dieu, et chacun aura à rendre compte de ce qu’il a fait.

JL – Dieu nous a créé à son image et donc libre, à la différence des animaux qui obéissent à leur instinct. Libres jusqu’à pouvoir dire non à Dieu. Une liberté qui rend capable de faire des choses magnifiques, mais aussi de pécher. On est impliqué dans ce péché. Notre liberté nous fait nous aussi mener ce combat spirituel : qu’est-ce que je fais de ma liberté ?

L – Paul dit dans Rm qu’il n’y a aucun homme qui soit juste. Nous sommes tous pécheurs. Je fais le mal que je ne veux pas, et je ne fais pas le bien que je voudrais faire. Nous ne sommes pas au dessus de Paul. Veillons nous-mêmes à ne pas faire de mal, avant de condamner le mal en autrui, alors qu’il est en nous. Que l’Esprit soumette mon esprit au sien ! Cf. Ga 5 qui nous parle de la lutte de la chair et de l’Esprit. Il y a du bon en l’homme, mais l’homme sans Dieu est souvent perdu… Cf. Les génocides… Derrière tout cela, il y a le diable.

Que répondre à Camus au sujet de la mort de l’enfant ?

JL – Cette question de la mort de l’enfant innocent, pose la question du « comment Dieu a-t-il pu créer un monde où un enfant innocent puisse mourir ? » Gn 1 nous dit que Dieu vit que le monde qu’il avait fait était bon, voire très bon, mais non parfait. Un monde non fini, en croissance, en création, avec des imperfections, des accidents… Cela n’enlève rien au scandale. Cela est la même chose pour le tremblement de terre d’Haïti. C’est un mystère, au double sens de ce que mon esprit ne peut l’atteindre, et de ce que Dieu y est présent.

L – On ne peut pas avancer sur cette question. On n’est pas Dieu. Ce qui me touche plus que le départ d’un enfant, car je crois qu’il y a quelque chose au-delà de la mort, c’est la souffrance de l’enfant. Cela nous dépasse totalement. Il n’y a pas d’explication.

JL – Je me rappelle un jeune couple dont le premier enfant meurt d’une maladie orpheline dans des souffrances impossibles, et qui m’accueille comme prêtre pour préparer la célébration des obsèques, et qui mystérieusement avaient une paix infinie dans leur cœur. Là, j’ai vu la grâce divine : Dieu était présent. Ils ne m’ont jamais posé la question du pourquoi.

Est-ce que Dieu permet la souffrance pour que l’homme se tourne vers lui ?

S – Dieu peut se servir dans sa souveraineté pour attirer les gens à lui. Et heureusement qu’il s’en sert, qu’il est capable d’utiliser du meilleur et du pire.

JL – Un papa ou une maman ne supportera jamais de voir souffrir un enfant sans rien faire. Dieu souffre de notre souffrance. Il ne peut « permettre » en vue de… mais il est capable de faire de la souffrance un lieu de l’expérience pascale.

L – Je crois plutôt en un Dieu totalement souverain, et qui permet que je souffre. Pourquoi, comment ? Je n’en sais rien… mais je crois que le premier objectif de Dieu est de nous amener au salut, et que notre passage ici-bas est une préparation de notre éternité. Je n’en déduis pas une règle en disant que toutes les souffrances sont voulues par Dieu, encore moins qu’il y prend plaisir, mais je mesure que pour moi, c’est dans les moments difficiles que Dieu m’a rejoint.

S – On parle souvent du scandale du mal pour le reprocher à Dieu, mais ce peut être aussi une occasion de glorifier Dieu, dans sa capacité de faire d’un mal un bien. Du pire, le Seigneur est capable de faire le meilleur. Il n’est pas limité par l’outrance des hommes, pour nous dire combien il nous aime. Si Dieu le permet, s’il est souverain sur toutes les choses…

Celui qui est forcé de commettre le mal, comment situer ce mal ?

S – Je dois obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Réponse simple, mais je ne sais pas si je serai capable de résister. En tous cas, c’est ce que nous devons faire. Il y a des martyrs qui le font.

En catéchèse, faut-il parler du diable ?

L – Oui, dans nos églises (assemblées de Dieu), car on n’élude pas cette question. Mais il faut voir à quel âge le dire. Eviter aux tout-petits. On peut aussi en parler mal, ou lui donner trop d’importance. Cela dit, des jeunes fréquentent le monde occulte, et il faut les mettre en garde.

J.Sylvain (ERF) – J’ai été catéchiste pendant une dizaine d’années. Nous préférons parler du Mal que du diable.

S – La catéchèse concerne enfants et adultes. Même des chants pour enfants en parlent. Maintenant, ce n’est pas forcément bien fait. Au niveau pédagogique, c’est parfois léger. Aujourd’hui, il importe que nous ayons moins peur d’en parler, car les jeunes en parlent facilement, et pratiquent des choses, des expériences occultes.

JL – Dans l’Eglise Catholique, on parle peu du diable, mais du mal, en veillant à ce que l’on puisse l’identifier, dans les luttes, et le combat spirituel. On en parle peu, car il y a une imagerie, et le danger qu’il pourrait y avoir deux dieux qui se combattent. L’idée d’une trop grande personnalisation du mal peut amener à un dualisme.