Quelques liens…

Pour la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, les communautés chrétiennes de Rodez ont préparé ensemble un dépliant à partir du chapitre 24 de l’Evangile selon Saint Luc : pour le télécharger, cliquer ICI

Une lecture d’image à partir de l’Evangéliaire diocésain : ICI

Un photo-langage d’une cinquantaine d’images sur le baptême : cliquer ICI (puis décocher la croix X en haut à droite de la page, cliquer sur « Télécharger », attendre quelques secondes, puis cliquer sur « Cliquez ici pour télécharger ce fichier »)

Dispute sur la foi et l’amour avec un jeune…

Pas facile de converser avec un jeune en bisbille sur la foi et sur l’amour… même avec MSN, comme hier soir. On croit que la question est théologique ou philosophique, alors qu’elle est existentielle…

Lui : Êtes-vous là ?

Le prêtre : Oui !

Lui : C’est quand même rare que nous profitions de votre présence sur MSN.

Le prêtre : En fait, je suis plus souvent sur facebook, et ce soir tout particulièrement avec des 3èmes qui préparent leur confirmation dimanche.

Lui : Oulala… Ne leur mettez pas trop d’idées dans leur tête ! C’est pas bien.

Le prêtre : A les entendre, après la retraite de confirmation que nous leur avons concoctée, j’ai plutôt l’impression que cela les a rendus plus heureux et responsables d’eux-mêmes.

Lui : Mon cher. Disons que par expérience, ils verront vite que les choses ne sont pas ce qu’elles sont ou que l’on donne.

Le prêtre : Tu parles au futur. Eux et moi voient au présent les fruits de ce qu’ils ont reçu.

Lui : Le problème, c’est que j’ai vu comme eux, et que maintenant, je vois l’avenir pour eux. Leur mettre des illusions dans la tête, n’est-ce pas les mettre dans le mauvais chemin.

Le prêtre : On peut tous se tromper de chemin, et de critère pour choisir ce chemin.

Lui : Quel critère ?

Le prêtre : Il y a celui de la cohérence intellectuelle de la foi chrétienne que je pense avoir plus creusé que toi – pardonne-moi d’user d’un argument d’autorité parce que je n’ai pas le temps de développer. Mais il y a aussi le critère du fruit que la foi produit en nous. S’il y a des chrétiens malheureux, fermés et irresponsables, je constate que le fait de considérer la foi comme une illusion ne rend pas plus heureux, ouvert et responsable, au contraire.

Lui : Ne croyez-vous pas à un moment donné que – en parlant concrètement – nous vivons dans un monde fait pour ne plus croire.

Le prêtre : Pardon, je ne comprends pas ton message.

Lui : Je vais reformuler. Comment croire en quelque chose lorsque tout nous montre le contraire. Y croire encore, n’est-ce pas une erreur ?

Le prêtre : Le contraire de quoi ? Je vois un monde tout à fait conforme à ce que l’Evangile et la révélation biblique me dit. Non pas un monde où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », mais au contraire un monde injuste, violent, immoral, où le juste est bafoué, où l’amour est crucifié, où Dieu accepte de subir de plein fouet les conséquences de cela. C’est cela la Passion du Christ.

Mais cela commence bien avant, avec une Création, assez belle, assez immense, assez admirable pour que l’on en puisse espérer le meilleur, et qui induit une désillusion d’autant plus grande que les fruits que nous lui faisons produire sont plus contraires.

Voilà le monde de la Bible, qui nomme dans son énormité le scandale du mal, de la souffrance et de la mort. C’est le discours athée qui nie ce monde, qui endort les consciences, parce qu’il ne prend pas la mesure – infinie – du décalage entre ce qui est espéré et ce qui est atteint. Pour l’athée, le mal est fini, puisqu’il ne nous prive pas d’un Bien avec un grand B. Il ne fait que raccourcir un peu une existence limitée.

Seul le chrétien voit le monde tel qu’il est, dans son horreur, comme négation de Dieu, de l’absolu, et donc scandale infini. Mais il voit aussi au coeur du monde la présence de celui qui en est le Sauveur, non pas comme un magicien invulnérable ou extérieur au monde, mais comme celui qui vient assumer avec l’homme ce scandale, et la vulnérabilité qui va avec.

Lui : ça ne répond pas trop à ma question. Bon, ne nous basons pas sur la religion. Prenons un exemple concret. Voilà : un type sort avec une fille ; le truc classique ; celle-ci plante le gars, ce qui arrive de nos jours de plus en plus ; d’après votre philosophie, le gars, ayant vécu un truc de malade ne peut pas arrêter de penser à elle ; et là, il fait vraiment de la m**** ; mail il lui dit quand même qu’il l’aime, un truc de malade ; et il y croit, alors que tout lui montre le contraire. Est-ce que le pauvre bougre a encore raison d’y croire plus que tout. N’est-ce pas une erreur d’y croire.

Le prêtre : Dans ton exemple, « tout lui montre le contraire », parce que la fille ne l’aime pas. Mais je ne vois pas en quoi il m’est montré le contraire de la révélation d’un Dieu aimant l’homme au point de plonger avec lui dans son enfer.

Le gars n’a pas de raison d’y croire si tout lui montre le contraire. Tout comme je n’ai pas de raison de croire aux martiens, ou au monstre du Loch Ness etc…

Lui : On va dire qu’un lourd sentiment lui dit d’y croire.

Le prêtre : Mais je redis que pour ce qui est de la foi chrétienne, ton point de départ : « tout lui montre le contraire » est faux !

Lui : Donc, il a raison d’y croire.

Le prêtre : Dialogue de sourds ! Pour ta petite histoire amoureuse, le gars n’a pas de raison d’y croire, et c’est lui qui se berce d’illusions à continuer d’y croire, alors que « tout lui montre le contraire ». Une sorte d’obstination dans l’erreur.

Mais je re-redis que je ne vois aucun rapport entre une telle histoire et la foi en Jésus-Christ, où « rien ne me montre le contraire » !

Lui : Donc tu n’y crois pas.

Le prêtre : ?

Lui : Alors, le type a-t-il vraiment raison de continuer à aimer cette personne plus que sa propre personne ? Et de croire en ce sentiment qui lui dit d’y croire.

Le prêtre : La réponse se trouve dans la compréhension que l’on a du verbe « amour ».

Pour les grecs, il y a 3 mots :

– Eros : attirance, désir amoureux, passion… en gros, le fait que la personne aimée te séduit, t’attire de par ses qualités, son charme etc… et c’est ce dont tu parles dans l’histoire précédente. C’est là un état que l’on subit – dans passion il y a « passif » – et qu’il peut être difficile de maîtriser. Difficile, mais pas impossible : le pilote dans l’avion, cela reste moi-même. Cet état ne peut non plus durer. Il ressemble davantage à un feu de paille : rapide, violent, mais peu durable.

– Philia : amitié, réciprocité… comme dans une équipe, où l’on s’aime moins l’un l’autre, que du fait de vivre ou de viser ensemble quelque chose. Cet amour-là est moins violent que l’Eros, mais tient plus la durée, car il repose sur un projet commun.

– Agapè : amour désintéressé, de don de soi, où il s’agit moins d’aimer l’autre pour le bien qu’il m’apporte (ça, c’est l’Eros), que de vouloir faire son bonheur…

A la limite, quand on aime de cet amour-là, on préfèrera voir l’autre heureuse avec un autre, que malheureuse avec soi.

Il ne faudrait s’engager pour la vie avec quelqu’un que si l’on assume les 3 formes d’amour : un sentiment amoureux, un projet de vie à deux, du désintéressement. Ce n’est pas le cas du gars qui s’illusionne sur l’amour de l’autre, car il est plutôt dans un Eros frustré.

Lui : En clair, tu me dis que cette personne a tort d’y croire encore et d’attendre.

Le prêtre : On n’est pas dans le registre du « avoir tort », « avoir raison », mais dans celui de la qualité de l’amour que l’on veut offrir à (et recevoir de) l’autre. Il y a des couples qui se contentent d’un amour Eros à deux, où chacun consomme l’autre pour ce qu’il lui apporte : ça ne dure pas longtemps (2 à 5 ans en gros). Il y a des couples où un projet – par exemple de fondation d’un foyer – donne plus d’ampleur à leur amour, mais qui se séparent après 10 à 20 ans de mariage, quand la réalisation effective du projet ne semble plus exiger le même engagement dans la durée.

A mon – humble – avis, je préférerais vérifier que l’amour que je donne et reçois comporte toutes les dimensions d’un amour 3 étoiles, c’est à dire avec Eros, Philia et Agapè, pour ne serait-ce que commencer une relation amoureuse.

En faisant le contraire, en pensant que l’amour passionnel, le sentiment amoureux seul est suffisamment fort pour fonder le couple, beaucoup s’abîment le cœur.

Lui : Donc il ne faut pas croire en aucun de ses sentiments.

Le prêtre : Je n’ai pas dit cela, puisque l’Eros fait partie de l’amour. Mais il a besoin d’être régulé par les 2 autres formes d’amour.

Par exemple, puisque tu veux du concret : un gars follement amoureux d’une fille, à la limite, si son sentiment amoureux n’est pas régulé, il pourrait en arriver à l’avoir pour lui de force (viol), voire à la tuer par jalousie plutôt que de la laisser à un autre. Moins dramatiquement, il pourrait négliger voire piétiner ses projets à elle, pour l’avoir tout le temps avec lui et pour lui.

Au contraire, si la Philia régule l’Eros, il pourra comprendre la nécessité d’attendre que l’autre soit prête, envisager non pas l’autre comme un bien à conquérir, mais voir avec l’autre le bien qu’ils peuvent faire ensemble. Si l’Agapè régule le tout, il pourra laisser l’autre vraiment libre de lui répondre oui ou non, acceptant d’avance la réponse, quelle qu’elle soit.

Lui : Hum, ça ne répond pas trop à ma question, mais bon, je m’en contenterai.

Le prêtre : @ plus !

Lui : @ +

Partage de fichiers d’animation pastorale

Pour partager des pistes d’animation pastorale, voici des liens vers :

ICI : des moyens d’animation de l’année sacerdotale 2009-2010 en Aveyron.
ICI : une trentaine de pistes d’animation pastorale proposées à des collégiens de 4e-3e de l’Enseignement Catholique à Rodez depuis quelques années.
ICI : le parcours de préparation à la confirmation des collégiens de 4e-3e de l’Enseignement Catholique à Rodez depuis quelques années. (mult liens vers textes, diaporamas, vidéos)

Après avoir cliqué sur un lien, décocher la croix X à droite du bandeau supérieur (jaune) de la page.

Réaction à un message sur facebook

En réponse à un lycéen écrivant sur son « mur » sur facebook :

« La vie pose le problème du poids de la fatalité inhérente à toutes destinées humaines. La confrontation avec l’absurde condamne l’homme à être la victime du hasard. »

Aux mots fatalité, destinée, absurde, victime, hasard… je préfère ceux-ci :
liberté : détermination de soi pour ce qui est vrai, bon et beau, non pas contre mais en tenant compte de ce qui me conditionne ;
vocation : réponse à un appel personnel venant de plus loin que de moi-même ;
sens : a priori de confiance en la cohérence de mon histoire, fût-elle perçue après coup ;
sujet : personne, susceptible de consentir – ou pas – au statut de victime ;
mystère : non ce qui est incompréhensible, mais ce dont notre compréhension toujours croissante ne saurait épuiser la richesse…

Absolu et relatif…

Facebook est un provocateur de débat… ce soir, avec un lycéen sur la légitimité de l’utopie, si les idéologies qui ont voulu en réaliser une ont débouché sur des totalitarismes sanguinaires.

Le désir de l’absolu, la visée du Bien avec un grand B, de tout ce que tu indiques de parfait, fait partie de notre identité d’être humain, et que le livre de la Genèse signifie en disant de l’homme qu’il est créé « à l’image de Dieu », on pourrait même dire « à l’empreinte de Dieu », « capax Dei », d’une capacité destinée à être remplie par Dieu. L’homme est ainsi en creux infini, éternel insatisfait, car il est fait pour accueillir rien moins que Dieu. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos [inquietus], tant qu’il ne demeure en toi. » (Saint Augustin, encore !) Aussi, l’inquiétude de l’homme de désirer l’infini bien au-delà de ce qu’il peut réaliser, seul ou collectivement, ne peut se résoudre que de 3 manières :

– La première est de s’illusionner sur soi, sur le monde créé, et sur ce que l’on peut y créer nous-même, en pensant que nous aurions la capacité de satisfaire nous-mêmes cette aspiration, par nos oeuvres (artistiques, scientifiques, économiques, politiques etc…) ou par la possession de telle ou telle chose (objet, diplôme, honneur…). On tombe alors dans l’idolâtrie, le fait de prendre une réalité finie pour Dieu, d’absolutiser ce qui n’est qu’un moyen, de lui demander… tout. On tombe alors au mieux dans l’activisme ou l’orgueil, la course au toujours plus, ou au pire dans le fanatisme. Bien des messianismes temporels viennent de cette illusion de pouvoir faire soi-même l’oeuvre de Dieu.

– La seconde est de renoncer à cette aspiration, à cette tension vers l’infini, en considérant au contraire de l’idolâtre, que tout est relatif, que « vanité des vanités, tout est vanité » (Ecclésiaste). C’est là une voie d’une apparente sagesse, mais qui est en fait une sagesse de médiocre, parce qu’elle renonce à ce désir d’absolu qui nous constitue comme homme, mais aussi parce qu’elle détourne de prendre au sérieux le monde tel qu’il est, le progrès qu’on peut et doit lui imprimer. C’est ce que l’on reproche à juste titre aux philosophies orientales qui insistent sur cette relativité de toutes choses, sur le fait que nous ne sommes que de passage, mais qui finalement consentent trop facilement au monde tel qu’il est.

– La troisième voie, la seule qui respecte l’homme dans son mystère, sa quête de l’absolu et sa responsabilité à l’égard du monde fini, c’est celle qui consiste à accueillir le mystère de l’Absolu qui se donne dans le relatif, de l’éternel qui se donne dans le temps, du Verbe qui se fait chair, de Dieu qui se fait homme. Il y a là une toute autre sagesse que celle qui part de soi pour s’ajuster à la relativité de toutes choses (pour moi, c’est ça le bouddhisme). C’est la Sagesse de ceux qui savent « voir Dieu en toute chose » (Saint Ignace de Loyola), qui avec les yeux de la foi savent repérer dans la finitude des créatures et de nos oeuvres, dans l’apparente pauvreté de ce « fruit de la terre et du travail des hommes », ce qui a en fait le goût de Dieu, ce qui est sacrement de Sa présence, non par sa propre vertu, mais par la consécration que lui donne le Christ. Le christianisme est de fait cette voie unique, qui ne détourne pas l’homme d’agir ici-bas, parce que c’est ici et maintenant que l’on s’exerce à aimer et, ce qui est équivalent, à rencontrer Dieu. D’où le double commandement de l’amour, où le premier des commandements est d’aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme, de toute son intelligence – c’est là le propre de l’homme qui désire l’absolu -, et le second qui lui est semblable – et c’est justement au niveau de ce « semblable » (Mt 22,39) que se joue le christianisme – d’aimer son prochain comme soi-même, d’être responsable de lui alors même qu’il partage ma condition de créature finie.

Conversation avec une lycéenne…

Ci-dessous, la mise en forme d’une discussion en ligne sur facebook, hier soir tard, avec une lycéenne…

 

Elle : ça va ? tu vis toujours ton petit train-train de prêtre surmené ?

Le prêtre : C’est en rapport à mon dernier message sur facebook ? En réalité, on peut être surmené avec peu de choses que l’on fait dans le stress, et en faire beaucoup paisiblement et joyeusement, ce qui était tout à fait le cas lundi…

Elle : Tant mieux, et pour le stress tout est question d’organisation.

Le prêtre : Oui, mais pas que ça… Il y a des jours où je mets davantage en pratique ce que traditionnellement on appelle la « sentence ignatienne de l’action », la règle de Saint Ignace de Loyola pour une action fermement décidée, et pourtant accomplie dans la confiance, la paix et la joie…

Elle : Donc en fait, pour faire la même chose, tu vas y mettre plus de cœur et d’énergie ?

Le prêtre : Oui, de manière personnelle, engagée, et en même temps plus… décontractée, en ayant humblement conscience que ce n’est pas moi le Maître de l’histoire…

Elle : Mais comment on agit en étant le maître de l’histoire ?

Le prêtre : La règle ignatienne de l’action est en latin celle-ci (je te donnerai ensuite la traduction en français, si cela t’intéresse) :

« Sic Deo fide, quasi rerum successus omnis a te, nihil a Deo penderet ;
ita tamen iis operam omnem admove, quasi tu nihil, Deus omnia solus sit facturus
. »

Elle : Oui ça m’intéresse car j’ai beau avoir fait du latin au collège, mes souvenirs et connaissances sont vagues.

Le prêtre :

« Aie foi en Dieu comme si le succès de tes œuvres dépendait en tout de toi, et en rien de Dieu ;
de même cependant, efforce-toi d’agir en tout comme si Dieu seul devait tout faire, et toi rien. »

Elle : Pourquoi dans la Bible, ils disent toujours dans un sens puis l’inverse ? en fait la 1ère version me convient ; la 2ème, je ne la comprend pas.

Le prêtre : C’est la vie qui est paradoxale. La première formule dit que la foi ne déresponsabilise pas l’homme de ses décisions et des actes qu’il doit poser. La seconde dit qu’une fois décidée, l’action doit être menée avec la décontraction de celui qui sait que c’est Dieu seul le Maître de l’histoire, et que succès ou échec, il fait tout contribuer au bien de ceux qu’il aime.

Elle : Ok merci c’est plus clair. En gros, il faut avoir conscience des autres lorsqu’on agit ? et non pour son propre intérêt ?

Le prêtre : Ce n’est pas tout à fait la question. Le problème est que l’on fait souvent l’inverse de ces 2 règles : avoir foi en Dieu comme en attendant qu’il fasse un miracle ; et inversement, quand on agit, se mettre la pression, en faisant comme si tout ne dépendait que de soi, en étant incapable d’accueillir l’échec.

Elle : Ok la 1ère règle, ça ne me concerne pas ; la 2ème si, mais comment accepter certains échecs si on est mal vu après… ? est-ce qu’on n’accepte pas l’effort lorsqu’on est déçu de notre travail et qu’après on travaille plus pour y arriver, même si on met la barre haute ?

Le prêtre : Les 2 règles ont toutes deux un rapport avec la foi (fides, qui signifie aussi confiance et fidélité). La 2ème signifie que c’est Dieu seul qui est Dieu, et qu’il y a une prétention cachée à se prendre pour Dieu, dans la manière dont nous entreprenons nos meilleures actions. Il s’agit de se décider librement, en prenant nos responsabilités (règle 1), puis de mettre en oeuvre la décision prise, en étant « détaché », en se rendant indifférent au résultat, le laissant à Dieu seul. Ce n’est pas non plus que l’on s’en fiche, puisque l’on a décidé l’action en âme et conscience, mais la mise en oeuvre est… confiante et donc décontractée.

Elle : Ok c’est une belle philosophie, mais pour moi je crois que c’est irréalisable : je stresse trop, car c’est pas que j’ai peur de rater, car je recommence, mais je veux obtenir le mieux en me donnant à fond. Enfin, moi je veux surtout savoir si c’est égoïste comme comportement, car pour moi maintenant, ça va peut être pas te plaire : la religion, c’est une belle chose, car ça aide à cadrer l’esprit, mais pour moi la notion de Dieu est irréelle.

Le prêtre : Je peux comprendre que tu le vois ainsi, puisqu’il en était de même pour moi jusqu’à l’âge de 20 ans. Ce qui a fait la différence à 20 ans, c’est qu’en scientifique se soumettant aux faits, j’ai eu la chance de rencontrer des croyants tout aussi scientifiques que moi, et dont le témoignage, la manière de vivre en cohérence avec leur foi, ne m’a pas fait interpréter leur foi comme une illusion, mais plutôt ma non-foi de l’époque comme un manque d’attention à la réalité la plus profonde.

Elle : Non mais si tu veux moi, je crois en l’homme et pas en une force supérieure.

Le prêtre : Et il est presque… normal qu’il en soit ainsi quand on a 17 ans, c’est à dire quand on est en plein dévoilement de ses talents, de toutes ses potentialités, quand on n’a pas vraiment fait l’expérience de ses limites.

Elle : Je ne sais pas si je changerai d’avis car moi quand j’étais petite j’y croyais ; et puis pour moi je trouve la Bible géniale, car elle donne un peu de morale à ce monde, mais pour moi elle a juste été écrite par des gens remplis de bon sens.

Le prêtre : La Bible a effectivement été écrite par des hommes, mais à partir d’une expérience qui implique une rencontre, une altérité, un dépassement de la solitude de fond que l’homme, même le plus aimé, le plus entouré, éprouve du fait de sa place dans l’univers. Nous ne sommes pas musulmans, dont la foi affirme que Dieu a dicté le texte même du Coran. Pour nous la Bible est un recueil d’expériences humaines de la présence d’un autre au coeur même de ce qu’il y a de plus humain : l’amour, la fraternité – parfois difficile -, la guerre, le succès, la défaite, la mort…

Elle : Oui, alors pourquoi parler de dieu ?

Le prêtre : Parce qu’être lucide sur ces expériences nous fait dire que l’homme n’y est pas tout seul. Quand un homme et une femme s’aiment profondément, ce n’est pas que le résultat de leur séduction réciproque, de leur bonne éducation, des concessions qu’ils ont pu se faire… Il y a au contraire un don, un émerveillement sur un au-delà de tout ce « faire » humain, nécessaire, mais en même temps bien incapable de « produire » l’amour.
Idem pour ce qui vient au coeur de parents lorsqu’ils mettent au monde un enfant.
Idem, dans cette paix paradoxale qui peut habiter le coeur de l’homme alors même qu’il est confronté au scandale du mal, au désespoir…

Elle : Je ne sais pas si j’ai bien tout compris : l’homme ne peut pas avoir de réelle émotion comme l’amour sans dieu ?

Le prêtre : Ce n’est pas ce que j’ai dit. Ce que je dis, c’est qu’en tout amour, même entre non croyants, il y a du sacré, de l’au-delà de l’humain, du don.

Elle : Ok, désolé, je cherchais juste à bien comprendre ce que tu disais. Donc : ce don, cet extraordinaire, c’est une émotion tellement forte qu’elle doit venir d’autre part que de l’homme ?

Le prêtre : Des non-croyants sont même capables de reconnaître ce don, cet extraordinaire que l’homme ne produit pas, mais sans y voir un donateur. Le fait qu’il y ait du merveilleux, de la profondeur, du mystère dans la vie humaine leur suffit. Pas à moi.

Elle : Ok moi j’explique ça par la féérie ! lol

Le prêtre : C’est ta manière de dire qu’il n’y a pas d’explication !

Elle : Plus ou moins.

Le prêtre : Mais il y a d’autres approches que celle du don ou de l’extraordinaire, pour évoquer… Dieu. Ce peut être aussi le contraire de l’extraordinaire : l’expérience de l’insatisfaction qui nous habite, nous êtres humains, le fait que rien ne puisse combler ce manque inscrit au coeur de l’homme, désir infini de bonheur, soif de reconnaissance, besoin insatiable d’amour… Soit on reste dans ce que la Bible appelle « idolâtrie » : l’illusion qu’une réalité de ce monde ait le pouvoir de combler ce manque ; soit c’est la course d’objet en objet qui nous distrait temporairement de ce manque ; soit c’est l’homme qui est bancal, et une forme de sagesse consiste à consentir à cet état de fait ; soit ce manque désigne une réalité certes manquante, mais existante, et la vocation de l’homme est de la rechercher, de la reconnaître et d’y communier. Je penche pour la dernière, la plus cohérente.

Elle : Ok, donc chacun la sienne : moi je me vois bien vivre parmi les fées !
bon je suis fatiguée je vais au lit, d’où le monde des rêves, idéal propre à chacun…

Le prêtre : Bonne nuit avec les fées !

Elle : Oui en ce moment, c’est plutôt des textes de français et des définitions de SVT ! lol

Le prêtre : Joie ! Content en tout cas de ce petit temps spi avec toi !

 

Quel témoin chrétien es-tu ?

Un petit test, préparé au départ pour des adolescents de l’AEP : choisir la réponse qui vous correspond le plus…

1)   On se moque de ta foi en te disant que Jésus-Christ est mort, point final. Comment réagis-tu ?

a.  Je sais qu’il est là avec moi, en particulier quand je prie.
b.  Je le vois à travers tous ceux que je rencontre.
c.  Ce n’est pas ce que j’ai appris au KT et à l’aumônerie.
d.  Ce n’est pas si important pour moi : ce qui compte, c’est l’exemple que Jésus a donné.
e.  Chacun pense ce qu’il veut.

 

2)   Qu’est-ce qui est le plus important pour toi ?

a.  Réussir sa vie professionnelle.
b.  Faire un mariage d’amour.
c.  Être riche.
d.  Développer mes talents.
e.  Contribuer à améliorer le monde.

 

3)   De quoi as-tu le plus besoin pour dire ta foi ?

a.  De m’ouvrir davantage aux autres.
b.  De mieux connaître l’Evangile.
c.  De l’aide des autres chrétiens.
d.  De laisser plus de place à Dieu, à l’Esprit Saint dans ma vie.
e.  D’être un peu plus convaincu.

 

4)   Que penses-tu de ceux qui acceptent de souffrir et même de mourir pour leur foi chrétienne ?

a.  Ils vont jusqu’au bout de leurs convictions.
b.  Ils sont fous ou fanatiques.
c.  Ils sont courageux.
d.  Ils sont un exemple pour les chrétiens.
e.  Ils imitent le Christ.

 

5)   Quelle est ton attitude face à un camarade / collègue qui s’intéresse à la foi chrétienne ?

a.  Tu l’invites au groupe de chrétiens auquel tu appartiens (aumônerie, mouvement, équipe…).
b.  La foi est une affaire personnelle. Je ne m’en mêle pas.
c.  Je suis admiratif.
d.  Je prie pour que Dieu l’éclaire.
e.  J’essaie de répondre à ses questions.

 

6)   A quoi le mot conversion te fait penser ?

a.  Quand un non-chrétien devient chrétien.
b.  Quand un chrétien se met vraiment à croire.
c.  Un grand changement de comportement à l’égard des autres.
d.  Une conviction nouvelle reçue au contact des autres
e.  Je n’en ai pas besoin puisque je suis chrétien.

 

7)   Pour toi, quel est le plus grand témoignage chrétien ?

a.  Aller jusqu’au bout de soi-même.
b.  Mettre tous ses talents au service des autres.
c.  Prendre une part active dans la vie de l’Eglise.
d.  Consacrer sa vie à Dieu.
e.  Passer le relais de la foi.

 

Pour l’évaluation des réponses, cliquer ICI.

Pour l’interprétation, cliquer ICI.

Sur Saint Paul

Voici quelques documents, en lien avec l’année Saint Paul, fêtée par le MEJ le 7 mars 2009 à Rodez. (cliquer sur les liens de téléchargement) :

– Saint Paul en 7 extraits de ses textes : diaporama 1 (avec cartes, commentaires et questions d’approfondissement), diaporama 2 (avec photos, réaction de jeunes et chant – cf. ci-dessous).

– Saint Paul en 12 extraits de ses textes : texte ou diaporama. Une version préparatoire à celle en 7 extraits.

– Le chant Paul, apôtre des nations : musique de Benoît Fremaux, paroles d’Emmanuel Quatrefages ; un chant composé pour le rassemblement du 7 mars.

– Des cartes des communautés à qui Saint Paul a écrit : Rome, Corinthe, Galatie, Ephèse, Philippes, Colosses, Thessalonique. P.S. avec la phrase « Rococo-Galéfi-Coltété-Timtimtit-Fié » on a un moyen mnémotechnique pour retenir l’ordre des épîtres de saint Paul (ROmains, COrinthiens 1, COrinthiens 2, GALates, EPHésiens, PHIlippiens, COLossiens, THEssaloniciens 1, THEssaloniciens 2, TIMothée 1, TIMothée 2, TITe, PHIlémon, HEbreux).

Au risque d’y croire…

Les 15-25 ans du diocèse de Rodez étaient invités à vivre un rassemblement diocèsain à Rodez (collège-lycée Saint Joseph), le samedi 4 avril, veille des Rameaux, sur le thème « Au risque d’y croire… », c’est-à-dire sur l’engagement chrétien.

Un blog ne peut traduire les échanges, les témoignages, les rencontres, mais aussi la célébration à la Cathédrale et le concert de Gospa. Tout cela a fait la richesse de ce rassemblement apprécié par tous les participants, mais aussi le fait que la préparation pilotée par le p.Jérôme Lemouzy ait été faite du début à la fin, en équipe inter-mouvements.

Le groupe des collégiens et lycéens « Chré’atifs » de Rodez (voir la page du groupe sur facebook) a préparé plusieurs ingrédients de cette rencontre. Les voici en téléchargement :

Tableau de répartition de n individus en groupes de p participants– Le diaporama du rassemblement le matin : chants, présentation des mouvements, enseignement sur deux formes d’engagement (le héros et le saint). Vous pouvez aussi l’obtenir en cliquant sur l’image ci-dessus.

– Le tableau de répartition aléatoire de n personnes en groupes de p participants. Vous pouvez aussi l’obtenir en cliquant sur l’image ci-contre.

– La Passion selon saint Marc : le montage (19’45  au format vidéo avi, avec 60 images issues de la Passion de Mel Gibson, traitées avec l’utilitaire befunky et la bande-son des voix des « Chré’atifs » et la musique de Camille Devillers et d’Arvö Part), un diaporama (sans son, ni textes de chants, au format exe, avancement par clic) et pour suivre le déroulement, le texte de la Passion à lire à plusieurs voix en lien avec les images du diaporama.

Les propos de Benoît XVI sur le SIDA, sans déformation…

Voici le texte intégral de la déclaration dans son contexte (infos issues de ZENIT.org) :

Question : Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l’Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l’Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n’étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?

Benoît XVI : Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant’Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades… Je dirais qu’on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n’y met pas l’âme, si on n’aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d’augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l’un avec l’autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l’homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la juste réponse, et c’est ce que fait l’Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

Pour plus d’infos : cliquer ICI (site de la conférence des évêques de France), ICI (site de réflexions à partir de la doctrine sociale de l’Eglise), ICI (article de Edouard Husson), ICI (« Les capotes sont cuites », article caustique et très informé)  ou ICI (« Le discours de Benoît XVI sur le préservatif est tout simplement réaliste », réponse de 5 scientifiques à la lettre ouverte publiée dans Le Monde). A télécharger également : un quizz pour collégiens (3ème) ICI, un texte humoristique sur les réactions aux paroles du pape ICI.

Commentaire personnel :

Chose rare sur ce blog (qui n’en est pas tout à fait un), je me permets un commentaire qui relève de la logique, avant même de parler de morale :

Des pays très pauvres d’Asie ou d’Amérique latine ont un taux de diffusion du préservatif comparable à celui en Afrique. La différence entre ces pays et l’Afrique – où le SIDA est tellement plus répandu -, n’est donc pas liée à la faible diffusion du préservatif qui leur est commune, mais à la différence de comportement affectif et sexuel entre ces continents.

Certes, dans un raisonnement à court terme, le préservatif peut être nécessaire, et même obligatoire pour qui ne serait pas capable de vivre une sexualité ordonnée à l’amour, c’est à dire fidèle à un seul partenaire. Et c’est ce que l’Eglise a déjà dit, y compris officiellement : je l’ai notamment entendu de la voix du cardinal Lustiger sur un JT, et plus récemment de Mgr Di Falco.

A l’inverse, la promotion du préservatif comme premier voire comme « seul » remède au fléau du SIDA a pour effet de cautionner des moeurs qui sont justement la cause du problème, ou de les considérer comme un état de fait irréformable. Une prévention du Sida exclusivement basée sur le préservatif combine ainsi une immoralité fondamentale (« vous pouvez continuer à vagabonder, du moment que vous avez un préservatif ») et un désespoir flirtant avec le racisme (« ils ne changeront jamais de moeurs »), qui ont donc pour conséquence d’ « augmenter le problème », comme le dit Benoît XVI. Une telle prévention est tout aussi dangereuse que celle qui limiterait la prévention routière au seul port du casque ou de la ceinture, sans s’interroger sur les comportements (vitesse, alcoolémie…). Ce que l’Eglise refuse, c’est la doctrine du « tout-préservatif » que prône la société occidentale, si allergique aux mots fidélité, abstinence, morale sexuelle… – l’abbé Pierre sur le plateau télé d’un Sidaction avait été publiquement conspué pour avoir osé parler de fidélité ! Incapable d’entendre le discours de l’Eglise sur la lutte contre le Sida, dont l’action concerne un malade du Sida sur 4, nos sociétés préfèrent censurer le discours de l’Eglise, ou le caricaturer en interdiction du préservatif.

Un des rares pays où l’épidémie VIH a régressé au début des années 2000 est l’Ouganda, dont le message du gouvernement (oui du gouvernement, pas seulement de l’Eglise locale) était la chasteté et la fidélité pour enrayer l’épidémie. Et cela à marché. Voir l’étude (résumée en anglais ci-dessous*) des chercheurs RL Stoneburner, Low-Beer (2004), « Population-Level HIV Declines and Behavioral Risk Avoidance in Uganda », publiée par le magazine Science n° 304, avril 2004, p. 714-718. » (commentaire de xav007 le 18/03/2009, extrait du site de Famille Chrétienne)

Osons le dire, contre tous ceux qui hurlent aujourd’hui avec les loups : par le poids de ses œuvres caritatives dans le domaine de la lutte contre le VIH, par la pertinence de ses réflexions sur les causes et les remèdes, l’Eglise catholique est le plus responsable des acteurs de la lutte contre le SIDA. Il apparaît hélas que le rôle prophétique qu’elle endosse avec courage sur cette question, implique pour elle d’être seule à défendre la vérité.

*Population-Level HIV Declines and Behavioral Risk Avoidance in Uganda
Rand L. Stoneburner and Daniel Low-Beer

Uganda provides the clearest example that human immunodeficiency virus (HIV) is preventable if populations are mobilized to avoid risk. Despite limited resources, Uganda has shown a 70% decline in HIV prevalence since the early 1990s, linked to a 60% reduction in casual sex. The response in Uganda appears to be distinctively associated with communication about acquired immunodeficiency syndrome (AIDS) through social networks. Despite substantial condom use and promotion of biomedical approaches, other African countries have shown neither similar behavioral responses nor HIV prevalence declines of the same scale. The Ugandan success is equivalent to a vaccine of 80% effectiveness. Its replication will require changes in global HIV/AIDS intervention policies and their evaluation.

Population Health Evaluation Unit, Cambridge University, Cambridge, UK.