A quoi ça sert la foi ?

Sur facebook, un ami transmet une question de sa nièce : « Avec un groupe, on réfléchit sur la liberté et la foi. Depuis quelques séances ce qui ressort dans notre groupe, ce sont les notions de bien et de mal, du fait de choisir Dieu ou non, d’enfer et de paradis, aujourd’hui. Mais à quoi ça sert d’avoir la foi du coup ? »

Dans ce que te dit ta nièce, j’entends l’objection suivante : avoir la notion du bien et du mal et choisir librement le bien, ne requiert ni dieu(x), ni foi, ni perspective d’une sanction (enfer ou paradis) : le libre exercice de notre conscience suffirait.

On pourrait répondre qu’un peu d’expérience de la vie nous rend plus modestes. Avec Saint Paul, nous vérifions que nous ne faisons pas le bien que nous voulons, et que nous faisons le mal que nous ne voulons pas ; qu’il y a un écart entre savoir ce qui est bien, le vouloir, et pouvoir l’accomplir. En ce sens, notre liberté n’est ni native, ni absolue. Elle doit être éclairée par une éducation qui passe par sanctions et récompenses de la part de parents, société, autorités…, pour s’exercer comme capacité à choisir le bien. Et la modestie est aussi requise de la part de toute autorité humaine, qui ne peut être dupe de la relativité de ses lois, de ses principes moraux : « Vérité en deçà des Pyrénés, erreur au-delà ». (Pascal)

La pensée démocratique « fait avec » la conscience de cette relativité. Elle y voit même une digue contre l’intolérance, le fanatisme et l’absolutisme des autorités, jamais si tentées d’abuser de leurs pouvoirs que lorsqu’elles sont absolument certaines d’être dans le « camp du Bien ». Mais on ne peut se contenter de cette modestie et de ce relativisme. La proclamation de droits de l’homme qui soient « universels », c’est-à-dire valables quelles que soient les cultures et les époques, l’intuition d’une « common decency » qui fait qu’il y a des choses qui se font, et qu’il y en a d’autres qui ne se font pas… tout cela rejoint la notion aristotélicienne et thomiste de « loi naturelle », qui renvoie à un ordre objectif, non-écrit, et donc jamais-totalement-clair-pour-la-conscience, qui précède pourtant tout discernement moral. Constatant alors que les actes bons ne sont pas toujours récompensés (« trop bon, trop c… »), on ne peut que « postuler » que la moralité des actes, la cohérence entre les actes et cet ordre moral, soit ultimement récompensée (Kant).

Cependant, faire dépendre la foi en Dieu de la nécessité de fonder l’ordre moral sur une autorité supérieure, sur un juge suprême qui le garantisse, a peu de rapport avec ce que nous chrétiens nous appelons la foi. Le Christ a lui-même contesté le pharisaïsme comme vision mercantile de la foi où l’on attendrait de Dieu qu’Il récompense nos bonnes actions par le salut. Ce volontarisme qui voudrait réaliser le bien par ses propres forces, ce salut par les oeuvres, cette prétention de maîtrise ont été dénoncés par Saint Augustin puis Luther.

La foi est d’un autre ordre : relationnel, amical, amoureux… De même que la question « A quoi ça sert d’être l’ami de… ? » signe par là-même que l’on n’est plus dans le registre de l’amitié, la question du « A quoi ça sert d’avoir la foi ? » n’est pas du tout adéquate. Elle peut éventuellement être changée en « Qu’est-ce que ça change d’être croyant ? » et il faudrait pour cela écouter le témoignage de convertis, qui peuvent mieux faire la différence entre un avant (sans la foi) et un après (avec). Mais comme la foi est toujours en processus, avec ses progrès et ses reculs, toute croissance dans la foi peut aussi donner lieu à un témoignage sur ce qu’elle produit comme « fruit » – terme plus juste que « résultat » ou « effet » – car ce « fruit » n’est toujours qu’un surcroît par rapport au seul et vrai enjeu de la foi : être en relation avec Dieu, s’en découvrir aimé et l’aimer en retour, notamment dans l’amour de nos frères. C’est la définition que donne Ste Thérèse d’Avila de la prière, de l’oraison : « un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé. »

Cela dit, comme c’est le binôme liberté-foi qui est questionné par ta nièce, je te redonne la « formule ignatienne de l’action » qui articule parfaitement l’une et l’autre, par delà les écueils possibles, y compris en régime chrétien, comme par exemple une foi fidéiste ou quiétiste qui justifierait un abandon irresponsable à la providence ; ou une foi qui ne serait pas libre, car rendue obligatoire pour réussir sa vie, pour obtenir le salut ; ou une liberté qui se croirait souveraine et où l’homme serait donc responsable de tout…

Cette formule est la suivante :
« Aie foi en Dieu comme si le succès de ce que tu entreprends ne dépendait que de toi. Et cependant, agis en tout comme si Dieu devait tout faire, et toi rien. » (Hevenesi 1705).

Des souvenirs d’un commentaire magistral de cette sentence par le p. Gaston Fessard s.j., voilà ce que j’en retiens : la foi chrétienne est la confiance en un Dieu qui dans toute la Bible se révèle dans sa volonté de libérer l’homme, de toute forme d’esclavage, du péché, de la mort… Parce qu’Il aime l’homme d’un amour inconditionnel, Dieu le rend libre, y compris et surtout dans la manière de répondre à cet amour : il n’y a pas d’autre prédestination que celle d’être enfants de Dieu, car à la suite du Christ – le Fils unique dont Il nous a fait à l’image – le choix des moyens nous appartient pour être davantage à sa ressemblance, et l’amour de Dieu ne nous fera pas défaut parce que nous aurons fait tel choix plutôt que tel autre. La foi en ce Dieu-là nous rend capable d’un choix libre et entier, sans pusillanimité ni demi-mesure, car posé dans un climat de confiance en un Dieu qui ne nous a pas programmé pour telle ou telle vocation, mais fait siens nos choix lorsqu’ils sont posés dans ce climat de foi. Aussi, dans la phase du discernement de ce que nous pouvons entreprendre, des oeuvres dans lesquelles nous nous lançons (pour servir Dieu et nos frères), du choix d’un état de vie pour suivre le Christ, nous faisons « comme si » tout cela ne dépendait que de nous, d’où le sérieux et la paix, et donc la véritable liberté dans lesquels s’accomplissent ces choix. Pourtant, et c’est le 2ème volet de la sentence, le véritable maître de l’Histoire, c’est Dieu, qui fait tout contribuer au bien de ceux qu’il aime : tout, c’est-à-dire succès et échecs… ce qui devrait donner à l’homme d’action chrétien la décontraction, l’humour, la souplesse, le détachement pour vivre avec bonheur les aléas de l’action.

La religion, un rêve ?

En réponse à un jeune qui voit dans la religion un « rêve qui donne de l’ambition », mais qui est une marque de fragilité, du fait du « besoin de s’accrocher à quelque chose »…

Lorsqu’un rêve n’est que rêve, lorsqu’on le sait irréel ou inaccessible, il perd de fait le pouvoir de donner ambition, force, courage, car on ne s’accroche pas à quelque chose que l’on sait illusoire : on s’arrête de marcher quand on croit que l’on n’arrivera jamais au but.

Mais on peut en dire autant quand on croit que l’on est déjà arrivé…

La foi implique donc un certain inaccomplissement, une incomplétude dans ce à quoi on donne sa foi, en même temps qu’une espérance de la voir s’accomplir, espérance fondée non sur une projection aveugle vers l’avenir, mais sur un avant-goût, sur l’expérience d’un début de réalisation de ce à quoi l’on croit et que donne justement la foi, et que celui qui refuse de croire ne peut goûter.

Ce n’est donc pas la catégorie du « rêve » qui dit le rapport du croyant à cet inaccompli, mais plutôt la catégorie de la « promesse » : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… Tu aimeras ton prochain… ». Y croit-on ou non ? Faisons-nous confiance en Celui qui le promet, et qui prend les moyens – onéreux (Incarnation, Passion, Rédemption…) – pour nous le dire ? Si oui, le croyant goûte et sent le déjà-là de cette promesse – ce que l’on appelle les « fruits de l’Esprit » (Ga 5,22) -, et cela lui donne de s’engager plus avant dans la confiance. Si non, le critique aura beau jeu de prendre une position de surplomb par rapport au croyant, par un prétendu « savoir » sur le caractère fictif du contenu de la foi, il n’a en fait pour lui que l’inexpérience que provoque son refus de croire, et qui ne saurait être une preuve d’inexistence de l’objet de la foi du croyant.

Un voeu pour 2017


Que nous soyons des hommes de parole !

…des citoyens pour qui la liberté, l’égalité et la fraternité ne soient pas que des mots, en particulier à l’égard des migrants ;

…des politiques qui sans vaine promesse suscitent l’engagement pour le bien commun ;

…des sages qui sachent penser contre eux-mêmes pour accueillir la part de vérité dans une parole adverse ;

…des prophètes qui risquent leur vie sur la Parole qu’ils proclament ;

…des croyants qui incarnent les mots de leurs lectures et de leurs prières ;

…des hommes de foi, identifiables aux actes que cette foi suscite, à l’instar des musulmans dont la pratique – des plus nombreux pour le meilleur, des autres pour le pire – nous oblige à assumer ce d’où l’on vient, ce que l’on croit, ce que l’on veut ;

…des célébrants dont les rencontres préfigurent la pleine et joyeuse communion du Ciel ;

…des chrétiens qui fassent entendre l’Evangile dans leur vie mais aussi dans l’annonce du Christ Sauveur et Seigneur, à l’instar des protestants évangéliques ou du pape François ;

…des catholiques qui osent l’oxymore de l’ « humble fierté » d’être ce qu’ils sont ;

…des prêtres dont l’attitude soit plus éloquente que les homélies ;

…des hommes sur qui l’on puisse compter.

Deux évangiles en nuage de mots

Devinez de quels évangiles il s’agit ?

Ces « nuages de mots » ont été réalisés avec l’outil gratuit en ligne Tagxedo (qui ne fonctionne pas avec Chrome mais avec Firefox après avoir installé Silverlight). J’ai inséré dans cet outil le texte d’un évangile dont j’avais retiré les articles, pronoms, prépositions, auxiliaires, démonstratifs, etc… qui auraient faussé les statistiques de comptage des mots.

 

Chrétien avec vous, prêtre pour vous (Saint Augustin)

Quelques mots en forme d’action de grâce et d’au-revoir aux paroisses du Ségala que je quitterai le 1er septembre.

Prêtre, à quoi ça sert ?
Comme vous le savez, je ne serai bien­tôt plus votre curé à Baraqueville – ou votre « prêtre modérateur » à Naucelle. Depuis ma maladie, j’ai reçu de nom­breux té­moignages d’attention, d’in­quiétude parfois, de prière souvent, qui m’ont fait davantage percevoir la place subtile qu’un curé occupe non seulement dans l’Église, mais dans la société. Une place pas facile à définir quand il est là – « à quoi sert-il ? » -, mais sensible quand il manque ; ni in­dispensable, ni facul­tative… comme un sacrement en fait, c’est-à-dire une présence vouée à laisser place à la Présence, parce qu’il faut que le Christ grandisse et que je diminue. (Jn 3,30) C’est le sens, pas toujours compris, de ces soirées-débats donnant la première place aux questions, de ces partages d’E­vangi­le et dialogues contemplatifs invitant à oser prendre la parole, de ces prépara­tions de maria­ge ou de bap­tême où le témoignage de chacun primait sur le savoir d’un seul, où la première tâche du prêtre était de s’ef­facer pour que la Parole de Dieu et votre parole se libèrent, avant tout en­seignement cer­tes utile…

Un art de recevoir
Un effacement plus net se profile donc aujourd’hui pour moi. La longue pré­paration d’une prothèse aortique – longue car problématique durant plu­sieurs mois de scanners, IRM et test sur l’irrigation du cerveau – et les incer­titudes sur ma santé après opération, ont conduit no­tre évêque à vous assu­rer de la présen­ce (sacramentelle !) d’un prêtre en for­me, comme responsa­ble de votre com­munauté paroissiale, et donc à m’en décharger à la ren­trée de septembre. Je vis tout cela paisible­ment en faisant mienne une formule du p. Jean Mourier, mon supérieur au Séminaire de Toulouse quant à l’art de recevoir une mission d’Egli­se : « Ne rien demander, ne rien refu­ser ! » Une obéissance qui ouvre l’expé­rien­ce personnelle de la foi et de la pasto­rale à celle de l’Égli­se, bien plus lar­ge ; qui évite qu’un service devienne chose personnelle ou chasse gardée ; qui libère de la vanité de réussir au­tant que du déses­poir d’échouer…

Curiosité et admiration
Certes, je me suis attaché au Ségala où depuis six ans pour la pre­mière fois j’exerce la responsabilité de commu­nautés paroissiales que je n’ai pas choisies, mais que j’ai appris à aimer, fût-ce dans de rares conflits. Parisien devenu ruthénois, j’ignorais quasiment tout du monde rural, et aujourd’hui en­core c’est de l’extérieur, comme un ami étranger, que j’éprouve un éton­nement, une curiosité* souvent em­prein­te d’admiration pour l’attention que l’on y donne aux relations de fa­mille et de voisinage, en particulier à l’égard des plus anciens et des plus fragiles ; pour la quantité et la qualité du travail requis par l’agriculture d’éle­vage, pour les risques incroyables que l’on y consent ; pour le dévouement des élus rencontrés ; pour les fêtes de village avec petits-déjeuners carnés (plus masculins dans leur par­ticipants) et messes patronales (plus fémini­nes) ; pour les gratounades et les ensi­lages ; pour les aubades des conscrits ; pour les granges patiemment relookées en écrins familiaux ; pour les amitiés de jeunesse prolon­gées en affection de vieillesse ; pour les noces d’or ou de diamant célébrées ou non en Eglise ; pour le temps que des chré­tiens à l’a­genda chargé libè­rent au service des autres – en parti­culier des jeunes -, de leur Eglise, ou simplement – mais c’est presque pareil – de leur église : celle de Baraqueville en sait quelque cho­se ; pour la solida­rité en acte dans l’accueil de sans-abris ou de mi­grants ; pour l’homma­ge que l’on sait rendre à ceux ayant rejoint le Père ; pour la noblesse du monde paysan dans le deuil d’un des siens mort trop jeune…

La vocation à consacrer
« Vous nous avez apporté, mais nous vous avons aussi apporté ! » me disait récemment Marie-Thérèse Lacom­be, des paroles presque liturgiques qui sous-entendent tout ce que j’ai commen­cé à énumérer plus haut et dont j’aurais voulu vous remercier tous, rendre grâce d’en être le témoin privilégié, car c’est déjà un bonheur profond que de pratiquer l’admiration. Mais la vocation de prêtre n’est pas seulement d’être attentif à ce que tous apportent comme joies ou suppor­tent comme peines. C’est aussi et surtout celle de laisser le Christ les prendre dans son offrande à Dieu lui-même, d’en faire Eucha­ristie. Un peu de foi catholi­que suffit pour faire pressentir que se joue ici l’acte de sens « plus que nécessaire » qui don­ne à tou­te joie et à toute peine d’être trans­fi­­gurées par le mystère pascal.
Par delà les talents et limites personnelles du prêtre, par delà sa sainteté et son péché, c’est la gran­deur essentielle de sa vocation que de por­ter sacramentellement à son accom­plisse­ment cette noble matière faite du « fruit de la terre et du travail des hommes », de toute la vie qu’on lui porte.
Puissent des chrétiens, des jeunes, être saisis par la grandeur de cette vocation… et y répondre !

p. Raphaël Bui

* En témoignent les centaines de clips-vidéos et les dizaines de mil­liers de photos que j’ai prises dont quelques 30.000 sur les sites internet parois­siaux (ndhs12.fr.cr & sbes.fr.cr) et conservées dans les albums photos ici et

 

 

La foi en questions

Nous expérimentons sur la paroisse de Baraqueville (depuis avril 2011) et de Naucelle (depuis mars 2013), une formule de soirées-discussions intitulées « La foi en questions » : 2 heures inspirées de la démarche B’ABBA initiée dans le diocèse de Poitiers, mais sous une forme plus « light », moins dépendante du nombre de participants quant aux préparatifs, et reconductible chaque mois :

Caractéristiques :

• Horaire : 20h30-22h30

• Proposée mensuellement à tout paroissien, chaque 3ème mardi du mois à Baraqueville et 4ème mardi du mois à Naucelle, toute l’année sauf en août. La régularité rend l’info plus facile à retenir et à publier dans le journal mensuel paroissial (paraissant autour du 10 du mois).

• Les couples se préparant au mariage, ou préparant le baptême d’un enfant doivent participer à au moins une telle rencontre : cela est inclus dans la préparation au sacrement qu’ils demandent.

• L’invitation est adressée à tous (annonces paroissiales orale et écrite, affiche-flyer, site internet de la paroisse, journal paroissial), ainsi que par mail aux couples qui y ont déjà participé : quelques-uns de ces couples sont revenus ponctuellement.

• Les participants sont répartis par tables de 6 disposées en forme de cabaret, en mélangeant les générations (pour faciliter l’échange, la remontée commune sans se déplacer, et le visionnage commun d’une éventuelle vidéo au vidéo-projecteur). Nous avons eu jusqu’à présent entre 2 et 6 tables de participants, et une moyenne d’une quinzaine de participants.

• On essaie de ne mettre qu’un couple jeune par table, pour favoriser l’intergénération.

• L’animateur fait une introduction de 2’ à partir de l’intitulé du thème.

• Il lance une première étape de 15’ sur une (ou plusieurs) question(s) « Enquête » imprimée(s) sur un petit papier distribué à chaque table, et permettant à chacun de parler de soi, et de se présenter.

La foi en questions (19 mai 2015)• Après l’ « Enquête », par trois fois :

– l’animateur pose une question à tous (« Recherche ») imprimée sur un petit papier donné à chaque table, qu’ils discutent pendant 15’, suivi d’une remontée par un participant de chaque table ;

– l’animateur conclut par 5 à 10’ de synthèse et éventuellement de remarques pour nuancer, compléter, corriger la remontée, et donner un court complément d’enseignement de foi.

• La 1ère question relève de la morale : un cas de conscience. La 2ème est plutôt existentielle, philosophique ou sur le sens de la vie. La 3ème aborde la foi, avec parfois un extrait biblique. Chaque fois, la question part d’un paradoxe, l’affirmation de deux vérités apparemment contraires, pour obliger à creuser, à entrer dans une intelligence de sa foi… Il ne s’agit pas de questions-devinettes, avec une seule réponse possible. Au contraire, les questions sont faites pour laisser place au débat et obliger l’animateur à « sauver la proposition de l’autre » au moment de la synthèse des réponses des tablées.

• Au moment le plus opportun, on passe éventuellement une vidéo de 4 à 8’ (avant « Enquête » pour lancer le thème ; entre « Enquête » et « Recherche » pour aller plus loin que l’expérience de chacun ; ou après « Recherche » pour donner la parole à un témoin…)

• On conclue par la lecture commune d’un texte (prière, texte biblique, méditation…) avec lequel chacun repart.

• On garantit de terminer à l’heure (22h30).

 

La foi en question (28 avril 2015)La préparation de « La foi en questions » peut être très rapide (moins de 2 heures, travail d’édition compris). Elle consiste à :

• Définir le thème, si possible sous forme de question, ou depuis avril 2013 sous forme de titre d’une émission ou d’une série télé connue (les mots d’un tel titre ont de fait été choisis pour toucher des millions de spectateurs…).

• Elaborer les questions « Recherche » et « Enquête » (il est préférable de le faire à plusieurs…), et les imprimer séparément en plusieurs exemplaires.

• Réaliser l’affiche (très facile au moyen d’un logiciel de dessin gratuit sur le même modèle de départ).

• Choisir (sur internet) textes et éventuellement vidéo.

Dans la logique d’Ecclesia 2007 et de B’ABBA, on ne prépare pas à l’avance de réponse aux questions posées, mais on s’appuie sur les réponses remontées des tables pour la synthèse et les remarques éventuelles permettant d’aller plus loin dans la foi.

L’animateur peut être doublé en un binôme d’animateurs ce qui permet de réagir aux remontées des tables de façon encore plus nuancée, différente : la foi est présentée alors de façon dialoguale.

 

Thèmes abordés jusqu’à présent :

Cliquer sur une image, pour en avoir les pistes d’animation et/ou une affiche plus grande. Pour télécharger toutes les animations des soirées-débats passées, cliquer ICI.

Soirée-débat : la foi en questions - Entrée libre - mardi 20 septembre 20h30-22h30 Soirée-débat : la foi en questions - L'amour est dans le pré - mardi 19 juillet 20h30-22h30 Soirée-débat : la foi en questions - Capital - mardi 21 juin 20h30-22h30 Soirée-débat : la foi en questions - Une famille formidable - mardi 17 mai 20h30-22h30 Soirée-débat, la foi en questions : Silence, ça pousse - mardi 19 avril 2016 20h30-22h30 Soirée-débat, la foi en questions : Il était une fois l'homme - mardi 15 mars 2016 20h30-22h30 Soirée-débat, la foi en questions - 16 février 2016 - A prendre ou à laisser Soirée-débat, la foi en questions - 22 janvier 2016 - Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu... Soirée-débat, la foi en questions - décembre 2015 Soirée-débat, La foi en questions : La France a un incroyable talent - 17/11/2015 Soirée-débat, la foi en questions : un jour, un destin - octobre 2015 Soirée-débat, la foi en questions : Toute une histoire... - septembre 2015 Soirée-débat, la foi en questions : des paroles, des actes - juillet 2015 Soirée-débat juin 2015 - la foi en questions, Secrets d'histoire Soirée-débat mai 2015 - la foi en questions, Retour vers le futur Soirée-débat : La foi en questions Soirée-débat : La foi en questions Soirée-débat : La foi en questions, Patron incognito La foi en questions : Urgences La foi en questions : Envoyé Spécial La foi en questions (nov. 2014) : Tout quitter pour changer de vie La foi en questions, octobre 2014 : Game of Thrones La foi en questions : N'oubliez pas les paroles La foi en questions : Man vs wild La foi en questions : Tout le monde veut prendre sa place Des chiffres et des lettres Vivement Dimanche Salut les terriens ! Ce soir (ou jamais !) Rendez-vous en terre inconnue C dans l'air Un dîner presque parfait Vis ma vie La foi en questions, TransmettrePrier, jeûner, partager

Oraison de Pâques

« Aujourd’hui, Dieu notre Père, tu nous ouvres la vie éternelle par la victoire de ton Fils sur la mort, et nous fêtons sa résurrection. Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie. Lui qui règne avec Toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. »

L’oraison de ce dimanche de Pâques nous tourne vers une vie vécue autrement, à la suite du Christ, habitée de son Esprit, renouvelée dans sa lumière : un style de vie à aimer son prochain, la Création, la vie… sans craindre la souffrance, le mal et la mort. Cette prière nous ouvre aussi vers un « au-delà » de la vie, dont le style de vie chrétien « ici-bas » donne un avant-goût sans en épuiser les possibles, et dont la résurrection du Christ atteste qu’il est notre véritable destination. Une prière en communion toute particulière avec les familles et les victimes des derniers attentats, à Lahore, Bagdad, Bruxelles, Maiduguri, Grand Bassam, Aden, Istanbul…

Jésus, l’accomplissement des Ecritures

Cliquer pour accéder à la mini-vidéo de Dan Stevers sur youtube

Cliquer sur l’image pour accéder à la vidéo intitulée « Meilleur et véritable » de Dan Stevers, sur Jésus, accomplissement de toutes les figures bibliques.

En complément :

  • une vidéo-résumé de la conférence de Jean-Emmanuel de Ena o.c.d. à Rodez (20/4/2017) sur « Jésus, accomplissement de la Torah », à partir d’une connaissance plus fine du judaïsme contemporain de Jésus ;
  • une série d’images-diapos présentant également Jésus accomplissant les écritures ;
  • enfin, ci-dessous, un texte, plus long et moins clair que ces images, en forme de devoir de séminaire sur le même sujet :

La Bible est plus qu’un livre, c’est une bibliothèque. Mieux, c’est un réseau de textes fonctionnant à la manière d’un hypertexte, avec des liens dynamiques, avec des renvois multiples d’un texte à l’autre, que les notes de bas de page ou en marge de nos bibles nous révèlent. L’analogie avec le web s’arrête là, car se priver de cliquer sur ces liens, ce n’est pas seulement laisser de côté des informations certes complémentaires mais finalement autonomes, c’est aussi manquer le surcroît de sens que le rapprochement de ces textes produit dans le cœur du lecteur croyant de la Bible, dont la lecture est d’abord mémoire d’événements de salut. Parce que tel événement de salut renvoie à tel autre, la moindre analogie entre l’un et l’autre, signalée par une allusion, par des thèmes ou par des mots identiques, éveille la mémoire attentive du croyant, et par suite sa reconnaissance : « C’est le Seigneur ! » (Jn 21,7). L’expérience d’événements analogues conduit alors le peuple d’Israël à écrire une histoire du salut, avec un classement apparemment chronologique des événements. Mais ce classement des textes est aussi perturbé par les relectures multiples d’un même événement, et plus particulièrement celui de Pâque, donnant lieu à des variations sur le même thème, traduites en plusieurs textes, ou au contraire enchâssées dans le même texte, en autant de couches rédactionnelles qu’une exégèse historico-critique essaiera de démêler. Pâques est pour Israël le mémorial annuel de la première Pâques, de la libération de la captivité en Egypte par l’intervention décisive de Dieu pour son peuple. Cette délivrance de l’Exode qui s’actualise dans chaque Pâques annuelle est aussi invoquée chaque fois qu’Israël subit d’autres esclavages et qu’il fait l’expérience d’un salut qui ne lui vient que de Dieu. Aussi, l’Ancien Testament, en tant qu’histoire de salut apparaît comme une succession de relectures, de réinterprétations de cet événement fondateur aux implications présentes et futures. Cette complexité des Ecritures ne nuit pas au projet de mémoire croyante des événements de salut. Elle est au contraire une nécessité pour rendre compte du salut dans sa dimension historique, d’une manière qui dise à la fois sa cohérence dans le temps – la fidélité de Dieu d’Israël à lui-même et à son Alliance – et en même temps dans sa nouveauté – la liberté imprévisible du Seigneur qui est maître de cette histoire. Il y a donc récit, orienté dans le temps vers un salut homogène avec les expériences passées de salut dont on fait le récit ; et en même temps, ce récit est pluriel – au contraire d’une démonstration scientifique, d’une tragédie ou du roman d’un auteur unique où tout converge vers une solution unique – car ces expériences restent partielles, elles ne sont que les figures de ce qu’elles promettent et ne sauraient en elles-mêmes suffire à déduire à l’avance la forme du salut promis. C’est ce double aspect de cohérence et de liberté qui permet de parler d’un accomplissement des Ecritures et de les interpréter typologiquement. Que ce soit dans la 1ère alliance ou dans l’ultime acte de révélation et de salut qu’est Jésus-Christ, l’événement de salut, quel qu’il soit, est cohérent avec ce qui le précède ; il est même espéré, attendu ; et pourtant il relève d’une nouveauté inattendue. Ecritures (photo tirée du site de l'exposition "Torah, Bible, Coran") - cliquer sur cette photoEn faire l’expérience, c’est à la fois vérifier la pertinence des figures qui l’annonçaient, et en même temps accueillir une révélation nouvelle. Celle-ci jette alors sur les figures de salut, sur l’Ecriture, sur les récits passés de l’histoire sainte dans ce qu’ils ont de plus sacrés, de plus « intouchables », une lumière qui autorise à en user comme matériau d’un nouveau récit de salut. A en user jusqu’à les amplifier, à les complexifier avec surcroît de sens, voire à les déformer, au point que le lecteur peut être tenté de s’interroger sur la pertinence du recours à telle Ecriture passée pour le nouveau récit. Il peut même être tenté de ne lire dans ces correspondances entre Ecriture et événements, qu’artifices littéraires, prophéties ex eventu, emploi abusif de formules d’accomplissement déformant les faits pour les faire rentrer dans un cadre de pré-compréhension. Il s’agit en réalité de lire dans ce processus d’amplification, moins une exagération des événements passés, ou une adaptation du récit des faits présents aux formules antérieures du langage biblique, qu’une maximalisation de l’ampleur des événements futurs attendus, un renforcement de l’attente de l’accomplissement : si les événements passés de salut ont eu telle forme, combien plus celui promis à la fin des temps doit-il récapituler tout ce qui n’en a été que la préfiguration. Orientation foncière vers l’avenir, plutôt que souci de correspondance entre événements du passé proche et lointain. On retrouve cette orientation dans ces commentaires théologiques que sont les targum, ou les midrash qui semblent négliger la vérité historique des faits passés pour accentuer la valeur de leur sens actuel ou futur. Cette liberté dans l’usage du passé résulte de l’orientation foncière d’Israël vers l’avenir, qui fait mettre le mémorial du passé au service de cette ouverture, et qui autorise bien des enjolivements à motif théologique ou moral. La littérature apocalyptique (AT et intertestamentaires) fonctionne dans le même sens, en soutenant l’espérance des croyants persécutés, par le rappel du passé pris comme modèle de ce qui doit advenir. Cet eschatologisme propre à Israël puisqu’il est entouré de cultures à temps cyclique, va dans le même sens que son refus viscéral de toute idolâtrie : l’attente du Dieu qui vient, de son intervention définitive pour Israël ne saurait être comblée par une représentation temporelle ou une manifestation historique du divin. Dans cette attente messianique qu’aucun accomplissement historique (juge, roi, prophète…) ne satisfait pleinement, Israël s’ouvre toujours plus à une récapitulation de toutes ses expériences de rencontre avec Dieu, mais telle qu’elle ne peut être conçue qu’à la fin des temps, au delà de l’histoire. On attend celui qui sera à la fois le nouveau Moïse, le nouveau David, le nouvel Elie, le nouveau prophète… mais aussi le serviteur souffrant, la sagesse en personne etc… Devant l’impossible synthèse de ces figures juxtaposées dans l’Ancien Testament, et attendant leur unité dans le Messie eschatologique, la tentation existe d’avoir une conception si transcendante de Dieu qu’on lui refuse la possibilité de se manifester historiquement, et qu’on ne puisse avoir accès à lui que par une « élévation » apocalyptique au dessus de l’histoire qui rendrait négligeable tout ce qui a lieu dans ce monde . On risque alors d’être tellement polarisé sur cette glorieuse fin des temps, qui sera aussi la résurrection des justes, que l’on en devient inattentif à l’humble présence de Dieu à l’œuvre dans le temps. L’attente eschatologique reste première : les thèmes et les figures, les mots et les récits bibliques sont paroles de Dieu, certes, mais en tant qu’ils pointent tous en direction du Messie à venir.

Ecritures

A ce titre, ils lui sont relatifs ; ils ont beau être inlassablement mis en relation les uns avec les autres, être analysés via targum, interprétation allégorique, rabbinique ou cabalistique… de manière toujours plus complexe ou imagée pour leur faire donner du sens, Israël les conserve en fait comme autant de trésors sans rapport évident les uns avec les autres, comme autant de pièces détachées dont il manquerait le plan d’assemblage. Et le Talmud, qui est l’équivalent juif du Nouveau Testament, ne change rien à cette attente. L’attention croyante d’Israël se concentre ainsi successivement sur (1) l’intervention de Dieu dans l’histoire, à travers tel événement de salut, (2) l’attente d’une intervention future de Dieu dans l’histoire, qui intègre toutes les caractéristiques passées – ce serait le propre du prophétisme – et les récits jouent bien sur des formules d’accomplissement, et enfin, devant l’impensabilité d’une telle intégration dans l’histoire, (3) l’attente d’un temps nouveau, eschatologique, apocalyptique, en rupture avec le temps de l’histoire, car intégrant toutes les figures apparemment contradictoires de l’histoire sainte. Si accomplissement des Ecritures il y a, ce n’est donc pas seulement en vertu d’une analogie de fait entre les événements historiques de salut, ou en vertu de la lumière portée par les événements postérieurs sur ceux du passé et réciproquement, mais dans le cadre de l’attente d’un événement ultime, impensable, qui récapitule toute l’histoire du salut. De la sorte, si les formes d’accomplissement des Ecritures de l’Ancien Testament ont une valeur qui va au-delà du procédé littéraire ou de la relecture de l’histoire sainte d’Israël, c’est parce qu’elles sont elles-même la préfiguration d’un événement réel qui soit l’accomplissement des Ecritures par excellence. Cet événement, c’est la Pâques de Jésus-Christ. Tout accomplissement – partiel – des Ecritures renvoie à cette Pâques.

Lire la Bible

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Ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’il s’accomplit. (Lc 4,21)

Baptisé, catéchisé, communié enfant, je suis devenu incroyant (mais non pas athée) au début du collège : les études profanes et plus particulièrement scientifiques me semblaient suffire à un esprit humain. Inutile de consacrer du temps à des choses pas forcément fausses mais incertaines. A 20 ans, la rencontre avec des camarades à la fois chrétiens et scientifiques, a ébranlé mon pseudo-rationalisme. Le premier moment de ma conversion a cependant été la lecture de l’Evangile dans une version de poche qui traînait depuis des années dans mon sac à dos, et que j’avais reçue de l’association protestante des Gédéons qui diffusait des Nouveaux Testaments à la sortie des lycées. Pendant la lecture de l’Evangile selon Saint Luc s’est alors opéré insensiblement le passage de la question « Qui est-il ce Jésus auquel croient mes camarades chrétiens ? » à « Qui es-tu Jésus ? » : passage du « il » au « tu », de la lecture à un dialogue, d’un texte à une rencontre, d’un contenu d’information à l’accueil d’une personne qui s’adresse à moi mystérieusement mais surtout personnellement. Cette rencontre s’attestait par la joie suscitée, jusqu’aux pleurs de joie, mais surtout par un rapport désormais bien plus aimant à soi et aux autres. L’Evangile ne demandait qu’à se manifester, non pas comme simple Ecriture, mais comme Parole vivante, Bonne Nouvelle capable de mettre en mouvement, en relation, en joie.

J’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi. (Lc 1,1-4) L’évangéliste Luc ne s’attendait probablement pas à ce que son récit finisse par devenir Parole de Dieu proclamée en Eglise, accueillie comme inspirée par l’Esprit Saint, inspiratrice à son tour pour la foi des disciples de Jésus-Christ. C’est là un accomplissement étonnant de l’Ecriture, où l’interprétation et la transmission que les croyants font d’elle peut devenir Parole de Dieu, dotée de la même capacité de toucher les cœurs, de les convertir, motiver, réjouir. C’est là aussi où le bât blesse pour nous catholiques de France, de l’Aveyron, du Ségala, qui prétextons souvent notre manque de culture biblique, d’aisance dans l’expression… pour laisser à quelques-uns seulement – prêtres, religieux etc… – la possibilité de lire, d’interpréter et de transmettre la Parole de Dieu. Qu’attendons-nous pour lire la Bible ?*

Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. (…) Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. (Lc 2,19 ; 8,21) Lire et relire, ruminer la Parole de Dieu est possible et indéfiniment fécond, par-delà tout ce que l’on connaît déjà d’elle, à l’instar de cette carte postale qu’une grand-mère du Ségala ne se lassait pas de lire et de relire, parce que c’était celle que son petit-fils lycéen lui avait adressée de Taizé pour lui dire ce qu’il y approfondissait de la foi. Point n’est besoin de science ou d’études ou d’une tête bien pleine, mais plutôt d’un cœur qui écoute, qui se mette en quête d’une compréhension aimante de ce que l’Autre veut lui dire, à travers un mot, une expression, une attitude, un geste du texte qui nous touche, bouscule, réconforte, dérange, éclaire, scandalise etc… A la limite, les moins familiers avec la Bible ont l’avantage de pouvoir lire un passage biblique sans être influencés par tout ce que l’on aurait déjà compris de lui. C’est ce que nous pratiquons avec les collégiens de l’aumônerie avec le « dialogue contemplatif », une méthode de lecture et de partage de la Bible qui permet non seulement d’être attentif à la Parole de Dieu, mais aussi à la manière dont celle-ci résonne dans le cœur des autres.

 

* Que choisir ?

– Une Bible : la nouvelle traduction liturgique, la Bible des Peuples, la Bible de Jérusalem, la TOB, la Bible Osty

– Un mensuel : Prions en Eglise, Magnificat ou Parole et Prière

– Une application pour smartphone ou tablette : Aelf (Android) ou iBreviary, Bible (Apple)…

– Sur internet : www.aelf.orghttp://www.ndweb.org/versdimanche

Laïcité et identité chrétienne

Disons-le tout de suite : pour l’Eglise catholique, l’absence de crèches de Noël dans une mairie ou dans un lieu public ne pose pas de problème. Mais leur présence non plus ! Ce qui pose question, c’est que cela soit l’objet d’une énième polémique, comme si la laïcité y était en jeu… Les recommandations décalées de certains responsables de l’Association des Maires de France – sur les crèches ou les concerts à connotation religieuse – nous font sourire, même si elles reflètent un a priori de méfiance à l’égard des religions, un refus des racines judéo-chrétiennes de l’Europe, un oubli de l’histoire de France comme si celle-ci n’avait commencé qu’en 1789, et par suite une volonté explicite de neutraliser le fait religieux selon une laïcité déviée en contre-religion laïciste.

Être chrétien implique de rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, et donc d’être laïc. La laïcité est bien la séparation des pouvoirs politiques et religieux, temporels et spirituels, la neutralité de l’Etat à l’égard des religions, et non pas la séparation de la société avec la religion ou le refoulement du religieux dans la sphère privée, autant de contre-médications exacerbant les revendications communautaristes, les replis identitaires et la fragilisation du vivre ensemble, que révèlent pêle-mêle la montée du fondamentalisme musulman, la peur du migrant, le port du voile tout comme l’allergie à son égard, le vote FN comme l’allergie à son égard…

Si le judéo-christianisme a massivement laissé sa trace dans la culture européenne,* les chrétiens n’en sont pas les gardiens jaloux, comme des sortes de « salafistes chrétiens » confondant la foi avec des fruits civilisationnels passés, qu’il s’agirait de défendre contre l’indifférence de la société, l’hostilité des athées, la « concurrence » de l’Islam… Comme le répète le pape François, le risque que court l’Eglise et que courent les chrétiens ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur, de l’ « entre-soi », de notre tiédeur dans le témoignage (aux autres) comme dans la prière (au Tout-Autre), de notre timidité à aller « de toutes les nations faire des disciples », à être des « disciples-missionnaires »… Ce qui nous manque en bref, c’est la parrhésia de Saint Paul, autrement dit l’humble fierté d’être chrétien, qui donne une confiance en soi, une liberté de parole, une ouverture aux autres et une dynamique missionnaire, toutes fondées sur la foi en Jésus-Christ, Dieu-fait-homme, la Parole de Dieu faite chair, se faisant conversation avec les hommes.

La fécondité dont nous voulons faire preuve est à conjuguer au présent. La foi en Jésus-Christ donne d’en être les DISCIPLES – sans cesse à son école pour recevoir l’Evangile comme une chance, comme la nouvelle bouleversante d’un Dieu qui nous aime et nous donne sa vie – et des MISSIONNAIRES – sans cesse envoyés par lui vers les autres pour leur témoigner en actes mais aussi en paroles de l’amour même dont nous nous savons aimés. En bref, d’être chercheurs de Dieu et pêcheurs d’hommes !

 

* « Chercher Dieu et se laisser trouver par lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif – comme non scientifique – la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à l’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable. » Benoît XVI, Discours au Collège des Bernardins, Paris (12/9/2008)