La Bible, de belles histoires ?

Je voulais savoir qu’est-ce que c’était la bible, pour nous les catholiques. De belles histoires comme des contes ? La parole de Dieu et uniquement celle de Dieu, donc un condensé de sagesse ? Ou un mélange de vérité et d’inventions ? 

La question que tu poses est celle de l’historicité de la Bible, relancée par un livre comme le « Da Vinci Code », mais qui réchauffe un débat ancien, sur le rapport entre l’histoire et la foi. Un débat entre exégètes, historiens, théologiens… qui s’est conclu par l’échec des tentatives de séparer le « Jésus de l’histoire » et le « Christ de la foi ».

Certes, il y a toujours des contestataires pour penser la Bible, et en particulièrement le Nouveau Testament, comme une affabulation de croyants, pour prétendre que les chrétiens ont accolé au Jésus historique des fables, du merveilleux, des miracles, du mythe, pour lui faire porter un costume trop grand pour lui (Christ, fils de Dieu, Seigneur…). Ils invitent alors à une « démythologisation » de la Bible, pour en faire non pas une Révélation de Dieu, mais un simple message de sagesse émis par des communautés humaines, comme on le fait pour des mythes ou des fables. Dan Brown et d’autres vont encore plus loin en imaginant un complot de l’Eglise, avec l’invention d’un message qui assoie le pouvoir des chefs de l’Eglise.

Voici quelques arguments contre de telles contestations qui s’opposent à la foi chrétienne :

– La diversité des Evangiles et les incohérences de détail qu’on y trouve, manifestent leur véracité historique : on n’invente pas un message de sagesse en y laissant des contradictions, et les Evangiles sont bien l’oeuvre de témoins qui préfèrent honorer ce qu’ils ont perçu de Jésus plutôt que d’harmoniser leurs discours.

– L’absence d’information sur ce qui se passe entre la mise au tombeau et le tombeau vide, sur le coeur de la foi chrétienne qu’est la Résurrection, et qui était pourtant la première des choses à mythologiser. L’Eglise a choisi les 4 Evangiles canoniques (Mt, Mc, Lc, Jn) et refusé des évangiles dits apocryphes qui font justement du mythe. Jésus sortant victorieux et resplendissant du tombeau et faisant s’évanouir les gardes… voilà du mythe, tel qu’on le trouve dans l’évangile dit « de Pierre », qui inspire en partie l’iconographie chrétienne (cf. le haut de la mise au tombeau de la Cathédrale) mais qui n’est pas de foi, car absent des Evangiles canoniques.

– Le refus des évangélistes de prouver la Résurrection : ils s’en tiennent à des faits vérifiables, le tombeau vide, des disciples apeurés, découragés et dispersés… qui ensuite se rassemblent, témoignent avoir vu le Christ, et partent dans le monde entier se faire martyrs de cette annonce.

– La présence dans les Evangiles d’épisodes « gênants » pour l’évangélisation : le baptême de Jésus par Jean-Baptiste (il est utile de lire le récit de ce baptême dans Mt 3,13, Mc 1,9 et Lc 3,21 pour comprendre comment les évangélistes ont fait pour traiter ce fait historique, sans le trahir, mais en rognant éventuellement les angles pour se le rendre plus digeste : garder précieusement le fait et proposer une interprétation, c’est là le maximum de ce qu’ils ont fait comme « invention » de croyants) ; l’ignorance par Jésus de certaines choses (la fin des temps…) ; le fait que les premiers témoins de la Résurrection soient des femmes… Tout cela indique le contraire d’un projet de mythologisation de Jésus, mais un souci de coller aux faits, même gênants pour les premiers chrétiens.

– La place qu’occupent les premiers disciples, les apôtres et tout particulièrement Simon Pierre dans les Evangiles, qui n’est pas celle de chefs d’une Eglise qu’ils auraient inventée : avec le reniement de Pierre, l’incompréhension de tous devant le projet de Jésus, Pierre traité de Satan, leur carriérisme (être le plus grand…) etc… on ne sape pas soi-même son autorité dans des textes que l’on aurait écrits pour se faire valoir dans l’Eglise que l’on aurait créée pour en être responsable.

– Les miracles de Jésus ne suscitaient pas de contestation, y compris chez ses opposants : « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même »… On ne voit pas ce qui aurait fait que certains quittent tout pour suivre Jésus, sans des actes extraordinaires de sa part.

– Des paroles de Jésus – appelées « ipsissima verba » – ne s’expliquent ni par le milieu juif de l’époque, ni par la foi de l’Eglise primitive…

Pour en venir à l’Ancien Testament, il faut comprendre ce que le concile de Vatican II a rappelé, que la Parole de Dieu pour nous, chrétiens, n’est pas un livre, mais une personne : Jésus, le Verbe-fait-chair, la Parole-de-Dieu-incarnée. La Bible est finalement la bibliothèque des expériences de Dieu qu’a faites le peuple juif du Christ, soit sous forme d’attente ou d’annonce, avec ce cela peut avoir d’approché, soit pour l’avoir rencontré en Jésus, accomplissement des Ecritures.

Jn 1,1 et Gn 11,1-9

Une amie demande un éclairage sur « Au commencement était le Verbe » (Jn 1,1) et sur l’épisode de la tour de Babel (Gn 11,1-9). Je m’aperçois que cela a aussi un rapport avec la question de l’absolu et du relatif.

 

1) Verbe (français), traduit verbum (latin), qui traduit logos (grec), un terme philosophique d’inspiration stoïcienne, désignant l’intelligence ordonnatrice de l’univers. Le sage grec constatant que le monde est ordonné, harmonieux, « cosmos » (ce qui signifie en grec « belle parure ») – cf. la régularité des saisons, des lois de la nature etc… -, il en déduit qu’une intelligence organisatrice y est à l’oeuvre, qu’il y a de la raison dans l’ordre du monde, non pas seulement maintenant, mais toujours, et donc depuis les origines. Il nomme cela logos. La pensée chrétienne se saisira de ce concept de logos, pour affirmer paradoxalement que cette intelligence créatrice, maître d’oeuvre de la Création et participant à l’éternité divine, a choisi de s’incarner, de s’auto-limiter en entrant dans le temps, en devenant l’un de nous, pour révéler ce qu’il est principalement : amour infini, capable de don total de soi pour l’homme. Ce que le Prologue de l’Evangile selon saint Jean décrit avec le langage emprunté à la philosophie grecque (Jn 1,14), et que Saint Paul redit avec un langage plus concret dans son épître aux Philippiens (Ph 2,5-11), ce mouvement où ce n’est pas l’homme qui va vers Dieu, mais Dieu qui vient vers l’homme, dans un vertigineux mouvement de descente, pour élever l’homme à lui.

2) L’épisode de la tour de Babel au chapitre 11 de la Genèse est très intéressant, d’autant plus qu’il se prête à des mauvaises interprétations, la principale d’entre elles étant que c’est la jalousie de Dieu devant l’ingéniosité des hommes qui lui fait faire cesser la construction de cette tour. En fait, Robin, un de mes amis, ingénieur des Ponts et Chaussées, m’a indiqué qu’en relisant précisément le processus de construction, on s’aperçoit que les hommes commencent par faire des briques (11,3a), puis s’en servir comme pierres (11,3b), puis se dire qu’ils peuvent bâtir une ville et une tour (11,4a), et enfin ils posent l’objectif : se faire un nom et ne pas être dispersés (11,4b). Ce processus où l’objectif, la finalité ne sont définis qu’à la fin, où l’on se laisse entraîner dans une course en avant dans l’usage des moyens, où la fin invoquée n’est invoquée que pour justifier les moyens, cela est caractéristique du péché par excellence qu’est l’idôlatrie, qui consiste en une absolutisation de ce qui n’est en fait que moyens (objets, biens matériels, argent, connaissances ou savoirs, honneurs, activités…), en oubliant leur relativité à la fin pour laquelle toutes choses sont créées, le sacrifice d’action de grâce à Dieu. Saint Ignace de Loyola dirait « pour louer, révérer et servir Dieu son Créateur, et par là sauver son âme ». Jésus lui-même donne la bonne manière de construire une tour, en envisageant la fin, et en ordonnant les moyens à cette fin, qui n’est autre que de le suivre, lui, le Verbe incarné, dans son sacrifice d’amour et sa glorification. Cf. Evangile selon saint Luc 14,26-30.

Trois questions d’une jeune catéchiste…

Une étudiante, catéchiste auprès de collégiens de 5ème, m’a posé hier sur facebook quelques questions…

La religion est-elle logique ?

– Tout est logique dans la foi chrétienne (je préfère ce terme de foi plutôt que celui de religion qui en est l’appareil intellectuel, social, cultuel, même si une foi sans religion devient subjective et invertébrée) : tout est cohérent dans la foi, au sens de non contradictoire, et cette cohérence participe à sa crédibilité ; s’il y avait une seule contradiction dans la foi chrétienne, je cesserai d’y croire.

– Mais le fait que ce soit logique ou cohérent n’est pas une preuve que ce soit vrai : les fous sont très logiques, mais s’appuient sur des prémisses fausses.

– Ce n’est donc pas simplement un raisonnement ou une déduction logique – c’est à dire un pur acte de l’intelligence – qui permet d’accéder à la vérité profonde du christianisme, mais également un acte de la volonté, le choix de prendre le risque de donner sa confiance, sa foi à Celui qui se propose sans forcer notre intelligence, avec l’humilité de l’Enfant de Noël ou du crucifié du Golgotha. Le oui de la foi suppose la crédibilité de celle-ci, mais implique un au-delà, une plongée dans le mystère que mon intelligence ne saurait épuiser. [à lire : encore un excellent livre de Fabrice Hadjadj, La foi des démons, Salvator 2009]

– Ce qui à certains pourrait apparaître comme « contradiction » (Dieu tout-puissant & Jésus impuissant dans sa Passion, Dieu maître de l’histoire & l’homme libre ; Dieu infiniment bon & laissant faire le mal ; Dieu unique & trinitaire ; Jésus vrai Dieu & vrai homme et donc mortel ; la confiance totale en la Providence & la responsabilité d’agir bien…), est en fait « paradoxe », tension féconde entre deux termes à tenir ensemble pour rendre compte de ces mystères que sont le monde, autrui, moi-même et Dieu. Les hérésies – en grec, ce mot signifie « choix » – simplifient la réalité en choisissant un seul des termes du paradoxe : ce n’est qu’en apparence plus reposant intellectuellement, mais on en voit les limites dans les fruits amers qu’elles portent (on juge l’arbre à ses fruits). Par exemple, ne choisir qu’un strict monothéisme, en refusant la Trinité, aboutit à un Dieu de pure transcendance, inconnaissable, ininterprétable sinon par une soumission totale à ses commandements (c’est le Dieu de l’Islam). L’hérésie arienne, qui ne voyait en Jésus qu’une créature intermédiaire entre Dieu et les hommes, aboutit à admettre d’autres chefs temporels « tenant-lieu » de Dieu, d’autres « lieutenants » de Dieu au pouvoir totalitaire. etc…

 

Comment Jésus fait-il tous ses miracles ?

– Eh bien, c’est tout simplement parce qu’il est Dieu !

– A qui douterait que Jésus a effectivement fait des miracles, on peut demander en vertu de quoi des hommes apparemment sains d’esprit et de corps – leurs témoignages et leurs écrits l’attestent – auraient suivi un homme qui n’aurait rien fait d’extraordinaire, et après sa mort seraient allés jusqu’aux extrémités du monde connu pour parler de lui, vivre et mourir pour lui.

– Mais la vraie question n’est pas celle-là. Elle est plutôt : « pourquoi lui qui pouvait faire tant de miracles n’en a-t-il pas fait un tout-petit, qui l’aurait sorti du guêpier final ? » C’est la remarque des chefs des prêtres : « il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même ! » qui atteste des miracles antérieurs, et du sens le plus profond de la mission du Fils unique, qui ne nous sauve pas à la manière d’un magicien, mais en épousant notre condition humaine jusque dans ses enfers.

 


Où est Dieu ?

– Je suis tenté de te rappeler la petite histoire juive suivante :

Un jour, le fils du Rav Dov Ber, le rabbin de Mezeritch, vint en pleurs se plaindre auprès de son père : « Je jouais à cache-cache avec mes amis, et je me suis tellement bien dissimulé qu’ils ont cessé de me chercher et sont partis ailleurs ! ». Le rabbin consola son fils en lui disant : « C’est sans doute ce que Dieu ressent, lorsqu’il nous dissimule l’aspect de sa divinité, à tel point que certains d’entre nous cessent de le chercher, et se mettent ainsi à vivre sans Dieu ! »

Cette histoire correspond aussi au fait que Dieu crée en se retirant, en donnant au monde son autonomie, ou au jeu amoureux de chat et de la souris que joue le fiancé du Cantique des Cantiques (Dieu) pour faire grandir le désir chez sa bien-aimée (l’humanité).

– Mais elle n’est pas totalement juste, car si Dieu est effectivement caché, ce n’est pas tant qu’il se cache, que nous, qui ne sommes pas assez présents au monde, aux autres et à nous-mêmes pour le reconnaître. Il y a un regard de la foi qui permet de « voir Dieu en toutes choses » (Saint Ignace de Loyola) et d’en rendre grâce.

– De la même façon, on ne voit pas l’électricité, et il faut d’autres instruments de mesure pour la sentir.

– Pour corriger cette impression d’un ‘Dieu-qui-se-cache’, j’aime le commentaire sur le blog de Philippe Lestang : clique ICI.

 

Science et Création

Question sur facebook :

« Au fur et a mesure de notre évolution dans les études, principalement a partir de la seconde, et ce jusqu’à la terminale, on pousse des connaissances en science de la terre, que je trouve en contradiction, du moins indirecte, avec la Bible, et le début de la Bible, avec la création du monde et compagnie. La fois ou un non-croyant m’a posé la question, la première réponse qui m’est venue est : la Bible est imagée sur la Genèse. Mais je me demandais ce que vous en pensiez, et si ce conflit de croyance a aussi eu lieu pour vous. »

 

Sur cette question, les deux écueils du concordisme (vouloir que la foi et de la science se correspondent, au point que la science « prouve » ce qui relève de la Révélation, par exemple, en faisant correspondre le Big Bang avec la Création, notamment de la lumière…) et du modernisme (prétendre que les avancées de la science rendent progressivement caduques les données de la foi) proviennent d’une confusion des plans de lecture. La foi donne de lire la Bible pour discerner le « pour quoi » et le « pourquoi » des choses, à savoir que tout procède de l’Amour Créateur de Dieu et que tout y retourne. La science vise, non pas tout à fait à dire le « comment » des phénomènes, mais à fournir une représentation provisoire du réel pour mieux s’en saisir, s’en servir, le prévoir, au moyen de variables si possible en nombre le plus limité possible. Si l’on distingue bien les plans (physique et métaphysique), il n’y a pas contradiction entre science et foi, ni concordisme, tout comme il n’y a pas contradiction ni concordisme entre le discours du neurologue et celui du poète sur l’amour conjugal.

Cela ne signifie pas que la Bible soit pure poésie, symboles virtuels sans lien avec le concret de la nature et de l’histoire. Au contraire, il est nécessaire de vérifier la pertinence des images bibliques, dans ce qu’elles disent de profondément vrai sur l’homme, sur Dieu et sur leur relation, qui s’enracinent dans le monde créé et dans l’histoire. Ainsi, plutôt que de se poser la question d’un ancêtre commun que serait monsieur Adam, le 2ème chapitre de la Genèse parle de « ha adam », littéralement « le terreux », non pas d’abord un nom propre, mais le nom commun de l’humanité ; non pas premièrement le masculin, mais l’humain, en quête de vis à vis avec qui entrer dans une relation qui le constitue comme personne. Les animaux ne suffisent pas à cela. Le fait que cela soit placé « Dans un commencement » (Gn 1,1) ne signifie pas d’abord une donnée préhistorique, mais la manière juive, hébraïque pour dire le fondamental, le principiel, l’universel, ce que traduit bien le grec « èn archè » ou le latin « in principio ». Au principe, toute l’humanité a en commun avec « le terreux » d’être suscité par amour comme lieu-tenant de Dieu, gérant de la Création, à l’image de son Créateur dans la mesure où il est lui-même en relation avec l’autre ; d’être tenté de se suffire à lui-même, d’abuser de la Création, de vouloir être comme Dieu etc… C’est non pas l’histoire d’un homme primitif, qu’une chiquenaude divine aurait lancé dans l’existence, mais c’est l’histoire de tout homme dans son principe même d’être humain, et dont l’existence présente relève d’un acte créateur permanent de la part de Dieu. Et tout ce qui précède demeure valable au plan de la foi, que Darwin ait raison ou non.

Ensuite, on peut discuter au plan scientifique si Darwin a raison ou non. Aujourd’hui la théorie restreinte de l’évolution (la diversité des membres au sein d’une espèce vient des micro évolutions dues aux mutations et à la sélection naturelle) est prouvée. La théorie générale (la diversité des espèces provient d’un même mécanisme sur une très longue durée) n’est pas prouvée, et pose des problèmes aux généticiens, qui n’expliquent pas comment la galaxie des humains (jaunes, blancs, pygmées etc…) puisse être aussi éloignée de celle des singes (chimpanzé, gorilles…), sans que l’on voit de trace d’intermédiaires. A la rigueur osef…

Vivre au dessus de ses moyens…

Nommé curé dans le Ségala par Mgr Bellino Ghirard, notre évêque, je quitte la paroisse Notre-Dame de l’Assomption après dix premières années de sacerdoce comme vicaire à Rodez. La célébration dimanche dernier en la Cathédrale pour se dire au-revoir a été l’occasion de rendre grâce ensemble pour ce que le Christ a pu susciter comme échanges, partages, collaborations, enrichissements mutuels… Ce fut un plaisir de jouer le jeu de cette célébration de remerciements, d’être prétexte à une occasion de joie pour une communauté rassemblée, même si ce fut pour m’entendre prêter des qualités encore seulement désirées de loin. L’occasion d’éprouver encore le décalage entre ce qu’un prêtre connaît de son indigence et ce qui est attendu de lui, et que de fait on reçoit de lui par-delà ses limites personnelles : ce qu’un prêtre donne est au-delà de ses moyens !

En rapport avec ce constat, j’aime cette citation d’André Frossard : « La foi donne à l’intelligence de vivre au-dessus de ses moyens. »*  Mais pour paraphraser Frossard, je dirais aussi qu’être prêtre donne à la foi, à l’espérance et à la charité de vivre au-dessus de leurs moyens. Qu’être appelé à transmettre la foi et en particulier à la prêcher la fait grandir. Qu’être envoyé avec la mission d’être attentif aux personnes rend un peu plus aimant. Que l’obligation professionnelle de la prière – et en particulier des psaumes – et de la relecture des événements et pour y retrouver la présence du Seigneur qui nous accompagne, tout cela rend un peu plus espérant. Il en est de même pour tout chrétien en tant qu’il témoigne de sa foi en actes d’espérance et de charité, qu’il soit catéchiste auprès d’enfants, bénévole dans un service de solidarité, accompagnateur en pastorale des jeunes, en aumônerie ou en mouvements d’Eglise, visiteur de malades pour une présence fraternelle ou pour apporter la Présence, ou « fidèle », simplement fidèle à l’unique mission de l’Eglise d’évangéliser. La foi grandit au-delà d’elle-même en se communiquant ; l’espérance et l’amour en s’exerçant. A cette donnée d’expérience, on ne peut opposer un « je ne sais pas faire », « je n’ai pas les compétences », « je n’en suis pas digne ».

Pour ce qui est de la foi, il faut objecter que la foi se travaille, et que ne manquent pas dans le diocèse, la paroisse ou les autres lieux d’Eglise les moyens d’une plus grande intelligence de la foi en vue de la dire. « Pour rester en tenue de service, se former en Eglise » est la priorité de l’année dans le diocèse, que les ruthénois ont – avouons-le – davantage de moyens pour la mettre en pratique : cours de l’antenne de l’Institut Catholique à Saint Pierre ; conférences nombreuses et variées ; formations des mouvements souvent dispensées à Rodez ; diversité dans l’unité au sein de l’équipe des prêtres, qui donne à entendre la même Parole de Dieu sous différents angles d’approche… Il n’y a pas lieu de se plaindre : demandez plutôt le programme !

Surtout, la foi en Jésus-Christ fait de tout baptisé un porte-parole de Dieu, et que cela va au-delà de la conscience qu’il peut en avoir, à condition qu’il accepte dans la foi que ce ne soit plus lui qui vive, mais le Christ en lui (Ga 2,20), s’il consent à se laisser traverser par une réalité qui le dépasse, l’Esprit Saint qui sait passer à travers nos manques et nos obscurités.

Lors de la célébration d’au-revoir à la paroisse, ce fut pour moi un chapelet de souvenirs qui s’est égréné à toute vitesse avec les visages des fidèles de la procession de communion et les visages de ceux salués à la sortie de la Cathédrale, incarnant cette réalité du Christ présent en son Eglise : bénévoles de la paroisse ; confirmés, baptisés et catéchumènes ; collégiens et lycéens engagés à l’hospitalité aveyronnaise, en aumônerie ou dans un mouvement d’Eglise ; jeunes et chefs engagés dans les mouvements scouts ; catéchistes en primaire ou auprès de collégiens ; professeurs et chefs d’établissements d’enseignement catholique ; animatrices en aumônerie du public ; époux préparés au mariage ; membres d’équipes Notre-Dame ou en Action Catholique ; hommes ou femmes ayant célébré les obsèques d’un conjoint ou d’un enfant ; personnes accompagnées dans telle épreuve de leur vie…

Que la foi en Jésus-Christ nous donne à tous de vivre et d’aimer au-dessus de nos moyens !

Que Notre-Dame de l’Assomption nous porte à l’humilité et à la folle ambition de montrer Dieu au monde !

 

*  Il y a effectivement des vérités auxquelles ne peut accéder une raison livrée à ses seules forces, si elle n’est accompagnée, voire précédée par un acte de confiance, par un engagement, et par l’acte de volonté et de foi qu’ils impliquent. Par exemple, tout ce qui a trait à la relation à autrui demande une foi pour que l’intelligence puisse se déployer pleinement. La raison seule ne peut prouver l’amour d’un autre ou pour l’autre, ni dire le sens ultime de la vie, ni donner la certitude d’avoir trouvé sa vocation, ni mener à cet émerveillement rendu plus joyeux d’être mû par la gratitude.

A propos de la mort…

En réponse à un message reçu sur facebook :

Je ne crois pas en dieu mais pourtant quand je pense à mon père, je prie dieu pour qu’il le fasse revenir. Je ne sais plus où j’en suis. Est-ce que l’au-delà existe ? Comment puis-je savoir si mon père est heureux là où il est ?

Je peux d’abord proposer une réponse humaine, avant d’être une réponse croyante, et même chrétienne :

Dès qu’il y a de l’humain, il y a l’intuition inaltérable que ce qui a été vécu ici-bas, les relations, les liens affectifs, les projets, les engagements… doivent bien avoir un prolongement, ou un accomplissement, ou une sanction (positive ou négative) au-delà de la mort. C’est là une exigence de justice inscrite dans le coeur de l’homme, et l’on ne trouve pas cette intuition chez les animaux. Cette intuition est à l’origine des marques de respect que seuls les humains donnent à ce qui reste de ceux qui sont morts, c’est-à-dire aux corps des défunts : les rites funéraires (enterrement, crémation, etc…) sont le signe de ce respect, et sont propres à l’homme, y compris préhistorique. Pourquoi respecter ce qui n’est plus qu’un corps destiné à se dissoudre, s’il n’y a pas l’intuition d’un au-delà de la mort ?

Mais si c’est là une attente inscrite dans le coeur de l’homme, on a le choix entre deux attitudes :

– Refuser cette attente, et la considérer comme une illusion ; croire que la réalité est en fait contraire à notre attente, qu’il n’y a en fait rien à espérer au-delà de la mort, que cette vie mène à une tombe, au néant, au rien, et disparaît progressivement du souvenir de ceux qui restent, que cette vie est donc à proprement parler insensée, absurde. La sagesse serait alors d’en prendre acte, sans se bercer d’illusions « opium du peuple ».

Des penseurs passés et présents (André Comte-Sponville fait partie de ceux-là) ont pris ce parti du désespoir, en affirmant que le sens de l’existence ne peut se trouver qu’à l’intérieur de cette courte parenthèse entre notre naissance et notre mort, et pas au-delà. On pourrait leur objecter que c’est là une optique de « nantis », de gens qui ont la possibilité de diriger leur vie ici-bas, d’en faire quelque chose… Que dire alors à ceux qui ont vécu toute leur existence prisonniers de la misère ou du dénuement, victimes innocentes de l’injustice et de la guerre ? Quel sens trouver à cette vie si tout se joue uniquement ici-bas ? Que dire aussi à ceux qui doivent se résigner à la disparition totale de ceux qu’ils ont aimés ?

– Croire que cette attente humaine correspond à une réalité existante, bonne, désirable, et que le scandale du mal, de l’injustice, de la souffrance et de la mort vient paradoxalement confirmer : car si ce que ces maux contrarient n’existait pas, de quoi ces maux nous priveraient-ils ? pourquoi nous feraient-ils tant souffrir ? C’est justement parce que nous sommes faits pour cette vie pleine, éternelle, juste, affranchie de la mort, que l’expérience de la mort physique et du mal fait scandale. Même si nous n’en pouvons avoir qu’une intuition, même si elle reste un mystère, cette réalité désirée que les philosophies évoquent seulement en termes d’ « immortalité de l’âme », les croyants – et tout particulièrement les chrétiens – osent l’affirmer à partir d’une autre expérience que celle de l’attente du coeur humain : l’événement de la Résurrection du Christ, fêté chaque année à Pâques comme le centre de l’histoire, ce qui lui donne son sens.

A l'origine…

Un début de réponse à une lycéenne qui pose la question :

Dieu a créé l’univers, les étoiles, les planètes, la terre, l’air, l’eau, le feu, les animaux, les végétaux, les hommes, etc. Mais qui (ou qu’est-ce qui) a créé Dieu ? Est-il un être « infini » ayant toujours existé ?

La question que tu poses, a donné lieu aux 5 classiques « preuves de l’existence de Dieu » résumées par saint Thomas d’Aquin, et qui se résument à 2 : l’une par la remontée à une « cause première non causée », à un « premier moteur non mu », ou à un dieu créateur non créé – le « d » minuscule est exprès ; l’autre par l’argument de la perfection où ce que nous percevons de la beauté, de la finalité ou du sens des choses de ce monde, renvoie à l’absolu dont elles sont la trace.

En fait, on pourrait contester que l’intuition d’une cause première ou d’un premier moteur immobile repose sur notre difficulté à concevoir l’infini. A la suite d’Emmanuel Kant qui reprend Thomas d’Aquin, nous ne concevons rien qui n’ait été perçu d’abord par nos sens (« nihil in intellectu quod non prius in sensu. » St Thomas). Or ceux-ci ne peuvent sentir que du fini, dans l’espace et le temps qui nous conditionnent. Nous peinons donc à concevoir une suite de causes qui remontent à l’infini, d’où l’intuition d’une cause première ou d’un premier moteur qui arrête la chaîne des causes…

Des athées qui admettent le principe de causalité, à savoir qu’il ne peut y avoir d’effet sans cause, préfèrent admettre une chaîne infinie de causes qui remonte sans qu’il y ait un premier moteur immobile. Cette chaîne infinie est plus difficile à admettre qu’un dieu créateur non créé, car elle est encore moins représentable qu’un dieu créateur, mais c’est malgré tout une manière possible d’imaginer l’univers.

Au total, cela fait que ces « preuves » de l’existence de Dieu ne convainquent que les convaincus !

Personnellement, je préfère l’argument ontologique, que refusaient Thomas d’Aquin et Emmanuel Kant sous sa forme simplifiée : le concept de Dieu « plus grand que tout ce que l’on peut penser » comprendrait nécessairement son existence, car ce concept inexistant est moins grand que le même concept existant. En réalité, il ne s’agit pas d’une « preuve » de l’existence de Dieu, car l’existence ne peut effectivement se déduire d’un concept. Il s’agit plutôt d’une critique du statut logique de la proposition athée : « Dieu n’existe pas », non pour dire qu’elle soit fausse – et encore moins qu’elle soit vraie – mais pour dire qu’elle est bancale, car indécidable du fait d’être auto-référentielle comme une phrase du type : « je mens toujours », qui se mord la queue, et donc n’est ni vraie, ni fausse. Cela ne prouve pas que Dieu existe, mais cela rend plus circonspect quant à affirmer son inexistence.

En définitive, le foi en Dieu n’est pas contraire à la raison métaphysique, mais ne peut reposer sur elle. Elle suppose un acte de la volonté, une prise de risque, un engagement qui est de l’ordre de l’amour, qui une fois posé éclaire l’intelligence et lui permet de se dépasser elle-même.

Accompagnement spirituel

L’objectif de l’accompagnement spirituel pourrait être résumé par la formule de Saint Ignace de Loyola : « voir Dieu en toutes choses ».

Dans le flot de pensées, de paroles et d’actions, dont on est l’auteur ou le destinataire, le fait de mettre des mots sur ce que l’on vit, pense, prie, décide… et d’en garder une trace pour en faire périodiquement un récit auprès d’un tiers (l’accompagnateur spirituel, c’est-à-dire un chrétien, une religieuse ou un prêtre ayant une vie spirituelle un peu éprouvée), permet de repérer ce qui vient de Dieu – ou pas -, ce qui est signe ou non de la présence de Dieu dans sa vie, ce qui fait grandir ou non le Royaume de Dieu, aussi bien en soi (mesurable par les fruits de l’Esprit Saint : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi) que dans le monde avec lequel on interagit.

On apprend ainsi à ordonner sa vie et les décisions que l’on prend, non pas seulement au gré des sollicitations ou des envies, mais pour réaliser pleinement sa vocation au service de Dieu et de son prochain, ou comme le disait Saint Ignace, « Ad majorem Dei gloriam » (pour une plus grande gloire de Dieu).

En pratique, une rencontre d’1/2 heure à 1h mensuelle permet de faire le point sur sa vie de chrétien, pour une fécondité plus grande dans ce qui seul compte : l’amour de Dieu et l’amour du prochain comme soi-même. La diffusion actuelle du coaching personnel ne fait que reprendre cette tradition qui date des premiers siècles de l’Eglise, mais que les disciples de Saint Ignace ont développée. Cela dit, le coaching vise surtout le plan de l’efficacité professionnelle et du développement personnel, c’est à dire pas assez haut et pas assez profond.

Rameaux 2010

Pour le rassemblement des 15-25 ans des Rameaux, le samedi 27 mars 2010, sur le thème « Des talents à l’appel « , voici des éléments préparés à cette occasion et qui pourraient être utiles à d’autres :

– Un CHANT composé par Emmanuel Quatrefages (paroles) et Benoît Frémaux (musique).

– Un diaporama pour accompagner la lecture de la Passion selon saint Marc d’images d’Arcabas : DIAPORAMA (c’est un fichier .exe réalisé avec xnview : votre antivirus pourrait le bloquer indûment) et TEXTE.

– Un jeu inspiré du jeu canadien « Brin de jasette » avec 4 x 28 questions pour favoriser l’échange et le témoignage dans un petit groupe (5 à 7 personnes) : JEU

– Une liturgie évolutive imaginée avec Mathieu Gruat et Léa Lavie, au moyen de 40 cartons (0,35 x 0,35 m fournis par Denis Carrière), décorés par les jeunes dans l’après-midi en ateliers créatifs avec l’aide d’artistes (rameaux en collages à la Matisse, avec l’aide de Christiane Lapeyre ; calligraphie à l’encre de chine sur la souffrance, le péché, la mort et le scandale du mal, avec l’aide de Georges Unal ; couleurs évoquant la vie, la joie avec l’aide de Brigitte). Ces cartons ont servi successivement de haie d’honneur avec Rameaux ; d’écran-mur de projection pour la lecture de la Passion (cf. ci-dessus) ; de croix à même le sol servant de support visuel pour une longue prière d’intercession ; et enfin d’autel pour la messe) : DEROULEMENT

Visiter une église

Une visite d’église pour collégiens. Texte pdf téléchargeable ICI.

En MAJUSCULE : les images ou objets à montrer.
Entre [CROCHETS] : indications
En italique : les questions à poser.

Objectifs

Donner le « mode d’emploi » d’une église.
Initier au mystère de l’Eglise : peuple de Dieu, corps du Christ, temple de l’Esprit Saint.

Déroulement

A l’extérieur

En vue aérienne, à quoi la forme de cette église vous fait penser ? à une croix.

Mais aussi à quoi d’autre ?

A quel jeu de votre enfance ? le JEU DE LA MARELLE.

Comment s’appellent les cases de départ et d’arrivée ? La terre, et le ciel. La marelle représente le parcours de chacun : de la terre (symbole de notre vie terrestre) vers le ciel (symbolisant le royaume de Dieu) : pour aller vers le ciel, on suit ce parcours en forme de croix, en forme d’église, pour nous dire que pour rencontrer Dieu, on passe par l’Eglise, par le Christ sur la croix qui nous révèle l’amour du Père.

Les cases représentent les sacrements ! 1, 2 et 3, les sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, Eucharistie, confirmation) ; 4 et 5, les deux sacrements grâce auxquels la société des hommes ou l’Eglise peuvent tenir (mariage, ordre) ; 6 signifie le parcours de la vie ; 7 et 8, les deux sacrements de réparation, physique (sacrement des malades) ou spirituelle (pardon).

Avant d’entrer

Comment joue-t-on à la marelle ? à cloche-pied. Comme pour dire que ça cloche aussi pour nous dans notre marche, que nous ne sommes pas parfaits, que l’on entre boiteux dans l’église, conscients que nous avons de la peine à avancer sur le chemin de l’amour, que nous avons besoin d’être soutenus. D’où ce geste d’humilité en entrant : le signe de croix au BÉNITIER, rappel de notre baptême.

[INVITER A ENTRER ET A SE SIGNER PUIS A S’ASSEOIR PRES DE LA CROISEE DU TRANSEPT]

A la croisée du transept

[PRESENTER LES IMAGES DE PLUSIEURS TEMPLES]

Qu’est-ce que c’est ? DIFFERENTES FORMES DE TEMPLES : égyptien, perse, grec, romain, maya. Tous ont en commun d’être le lieu de résidence du dieu ou des dieux. Et les hommes ordinaires sont gardés à distance de ce lieu de résidence (cf . bâtiments fermés, sans fenêtre ; colonnades extérieures, faisant frontière ; rampes ou grands escaliers) : ces dieux ne sont pas n’importe qui, et n’importe qui n’a pas le droit de les rencontrer ; seules certaines personnes bien choisies ont le droit de les rencontrer, de leur offrir des sacrifices (humains dans l’Amérique d’avant Christophe Colomb).

Est-ce que c’est pareil pour une église ? Non. Ici, dans une église chrétienne rien de tel : l’église n’est pas d’abord la maison de Dieu, elle est la maison du peuple de Dieu, c’est à dire votre maison ; vous êtes ici chez vous ! On entre librement dans une église. Les colonnes à l’intérieur permettent même d’y circuler, d’y déambuler entre les piliers : c’est ce qu’on appelle le DÉMBULATOIRE.

Mais on ne vient pas dans une église ou une cathédrale pour faire n’importe quoi. On y vient pour y faire une rencontre.

Rencontrer qui ? Rencontrer Dieu, rencontrer les autres, rencontrer soi-même.

Qui nous donne de rencontrer Dieu ? Jésus ! Par lui, avec lui et en lui, nous rencontrons Dieu, parce qu’en Jésus, Dieu est venu à la rencontre des hommes. Par la prière, par les sacrements que l’on célèbre ici : eucharistie (messe), baptême, confessions, mariages, ordinations… nous sommes en contact avec Jésus-Christ, et donc avec Dieu. Lorsqu’on entre dans une église, c’est donc d’abord pour retrouver Jésus, à travers tout ce qui rappelle sa présence, partout dans cette cathédrale.

[INVITER A MONTRER TOUT CE QUI RAPPELLE LA PRESENCE DE JESUS]

qu’est-ce qui rappelle sa présence ? En premier lieu l’AUTEL, où le Christ se laisse rencontrer dans l’Eucharistie, le don de sa vie qu’il renouvelle à chaque messe ; le TABERNACLE… mais aussi tout ce qui rappelle le visage de Dieu qui se révèle dans le visage d’un homme, d’un enfant : Jésus. On le voit avec Marie sa mère, au cœur de la ROSACE, dans les STATUES, les VITRAUX à l’ORGUE, et surtout dans sa présence que l’on appelle la « présence réelle » : la présence du corps du Christ au tabernacle. Une autre présence, que l’on oublie : la présence du Christ dans son Eglise, c’est à dire dans l’assemblée que nous formons (si nous sommes baptisés !), et certains vont jusqu’à dire finalement que le mobilier le plus sacré dans une église, ce sont… les BANCS (ou les CHAISES), où vous vous trouvez et où vient prendre place le Peuple de Dieu.

Quand ? Principalement le dimanche, pour célébrer la messe.

Comment sait-on que l’on est invité à la messe ? par les cloches, qui battent le rappel. Lorsqu’on entend les cloches sonner, c’est comme si l’Eglise avec un E majuscule nous appelait, nous disait : « Venez, on a besoin de vous. Sans vous, nous ne sommes pas au complet pour prier, pour célébrer le Seigneur. » Dieu a besoin de tout son peuple et non pas de quelques spécialistes. Il a besoin de toi, de moi, pour le salut du monde. Il a besoin de tout le monde, que l’on s’entende bien ou que l’on ne s’entende pas.

Est-ce que vous vous entendez entre vous ? Peut-être bien que oui, je l’espère. Mais peut-être aussi que non. Eh bien peu importe ! Quand on va à la messe, quand on se laisse rassembler en Eglise, ce qu’il y a d’étonnant, c’est que vous pouvez être assis à côté de gens que vous aimez bien, mais aussi à côté de gens qui vous sont indifférents, voire même de personnes qui ne sont pas à votre goût, que vous n’auriez peut-être pas choisies comme amies. Eh bien, dans l’Eglise, peu importe, car nous sommes tous frères. Et le propre des frères et des sœurs, c’est que l’on ne les a pas choisis, qu’on les reçoit, et qu’on finit même par les aimer, non pas parce qu’ils nous plaisent, mais parce que moi comme eux, nous sommes tous aimés par nos parents.

Il peut aussi arriver que l’on soit seul dans une église, et même une cathédrale. On peut alors venir se recueillir, prendre le temps de s’arrêter, de faire une pause.

[SE DEPLACER VERS LA CHAPELLE DU SAINT SACREMENT]

Faire une pause. Oui, mais attention ! je ne suis pas seul à regarder ma vie, sinon je me prendrais facilement pour le plus beau ou le plus fort, ou au contraire pour le plus nul. Non, je regarde ma vie à travers le regard que le Seigneur pose sur moi. J’accepte de me laisser regarder par le Christ. Un lieu comme celui-ci, cette chapelle du Saint Sacrement nous aide. Nous ne sommes jamais seul !

Je vais vous montrer qui d’autres on peut rencontrer lorsqu’on se croit seul !

[AVANCER DANS LE DEAMBULATOIRE LE LONG DES CHAPELLES]

Qui sont ces personnes que l’on voit sur les tableaux, les statues ? Des personnages bibliques, des saints. Car on vient aussi à l’église pour rencontrer ces autres dont il est question dans le credo, lorsque nous disons que nous croyons à la « communion des saints ». Même lorsque apparemment nous sommes seuls, nous venons aussi rencontrer ces autres-là. Parce qu’avec nous qui venons dans cette Cathédrale, il y a la présence discrète mais réelle de tous ceux qui nous ont précédés ici. Certains y sont même enterrés (GISANTS). Mais aussi tous les saints qui nous ont précédés dans la foi, d’où tous ces tableaux, ces vitraux, ces statues de SAINTS. Surtout, les pierres, les VOÛTES résonnent encore des prières, des chants, des pleurs aussi (obsèques) de tous ceux qui se sont rassemblés dans cette Cathédrale. Depuis plus de six siècles, plusieurs dizaines de millions d’hommes, de femmes, d’enfants, de pèlerins, de pécheurs, de fidèles sont venus ici prier, célébrer, rencontrer le Dieu de Jésus-Christ. Plusieurs dizaines de milliers d’enfants et d’adultes ont été baptisés ou se sont mariés dans cette Cathédrale, pour entrer dans le peuple de Dieu dont nous faisons nous aussi partie.

On n’est jamais donc seul : lorsque vous reviendrez ici, même seul, apparemment seul, chacun pourra s’adresser au Christ qui le premier s’est adressé à nous. Et surtout l’écouter.

Comment fait-on pour l’écouter ? où peut-on l’entendre ? A l’écoute de la Parole de Dieu, proclamée à l’AMBON. Mais aussi lue et priée personnellement dans la Bible, en se mettant dans un endroit calme et beau, silencieux pour que vous puissiez vous recueillir, vous tourner vers le Christ. Aujourd’hui comme hier, ils sont nombreux ceux qui viennent pour prier personnellement dans cette église cathédrale. Pour confier une intention de prière, une difficulté ou un souci, un proche dans la peine. Et sortir transformé de la prière. Non que les soucis disparaissent, mais qu’on les affronte avec plus de courage, de confiance et d’espérance : il y a quelque chose qui symbolise cela dans toute église, c’est l’ORIENTATION.

[montrer la BOUSSOLE]

Dans quelle direction est orientée l’église ? Vers l’Est, l’orient, le soleil levant, le jour qui se lève, l’avenir. Entrer dans une église, entrer dans l’Eglise, se laisser rencontrer par le Christ, c’est aussi se tourner vers l’avenir, croire qu’un avenir est possible, grandir, avoir davantage confiance en la vie, en soi, parce que Dieu a confiance en nous. Et beaucoup viennent chercher ici, dans la prière cette confiance qui vient de Dieu. Nous croyons en un Dieu qui fait confiance en l’homme. Nous mettons notre foi en un Dieu qui a foi en nous. Et venir à l’église, c’est réentendre cette confiance.

Je ne viens pas « pratiquer » parce que j’ai assez de foi pour aller à l’église. Mais je viens à la messe pour nourrir cette foi, parce que je n’ai pas assez de cette foi en Dieu qui croit en l’homme, que j’ai besoin de le réentendre, pour le redire aux autres.

TEXTE DE LA LETTRE AUX EPHESIENS (ci-dessous)

[COMMENTER LES MOTS ECRITS EN GROS. A RAPPROCHER DE LA VISITE GUIDEE QUE L’ON A FAITE. NOUS SOMMES LE PEUPLE DE DIEU, LE TEMPLE DE L’ESPRIT SAINT, LE CORPS DU CHRIST, LA DEMEURE DE DIEU]

CHANT, et PRIÈRE DU NOTRE PÈRE

 

Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, le Christ voulait nous réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. Et donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et 1es prophètes ; et la pierre angulaire c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu.

Lettre de saint Paul aux Ephésiens (Ep 2,16-22)

Entrez : Dieu est en attente,
sa maison est un lieu pour la paix.
Goûtez : Dieu est en partage,
sa table est un lieu pour se donner.

Vous êtes le peuple de Dieu :
pierres vivantes de son Eglise,
traces brûlantes de son passage,
jetant les grains de l’Evangile.

Vous êtes le peuple de Dieu :
Marques vivantes de son visage,
signes visibles de sa tendresse,
portant les fruits de l’Evangile.

Vous êtes le peuple de Dieu :
Fêtes vivantes de sa promesse,
pages ardentes de sa Parole,
jouant les mots de sa musique.