Commentaires bibliques

Un ministère de prêtre en paroisse et de formateur au séminaire, cela fait prêcher pour paroissiens et séminaristes, relire avec de futurs prêtres l’exhortation Evangelii Gaudium du pape François, notamment les n° 135-159 sur l’homélie, donner pour les 3 années liturgiques de déc. 2020 à déc. 2023 un bref commentaire hebdomadaire à Radio-Présence Figeac…

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N’ayez pas peur !

Avec d’autres expressions de même sens comme « Ne craignez pas », « Soyez sans crainte », c’est le commandement le plus répété dans la Bible ! … on l’y compterait 365 fois, comme pour dire la pertinence quotidienne de ces mots inauguraux du pape Jean-Paul II : « N’ayez pas peur ! » (22 octobre 1978). La Bible révèle un Dieu qui veut conjurer la peur chez l’homme, non pas pour l’en exempter – il est naturel d’avoir peur d’un danger ou d’un mal -, mais pour que la peur ne dicte plus nos décisions, ne nous fasse plus « perdre cœur » c’est-à-dire le courage, la vertu d’agir malgré la peur.

Or si toute peur – de perdre, de souffrir, de rater, de manquer… – s’enracine dans LA peur fondamentale qu’est la peur de la mort, les chrétiens qui croient en la résurrection parce qu’ils croient en celle du Christ, devraient en droit être reconnaissables à ce courage, sans pourtant que celui-ci soit leur monopole : tout homme capable de faire de sa mort un acte plus sensé que la-survie-à-tout-prix, qu’il s’agisse du fanatique ou du suicidaire, du martyr ou du djihadiste, du héros ou du sage, cet homme-là non plus ne se laisse plus déterminer par la peur, aussi obsédante soit-elle.

Il y a donc courage et courage, comme par exemple, selon Jean Jaurès, celui de persévérer dans le bien, même modeste, autant que dans la visée de l’idéal. Pour le chrétien, si la foi le met en lien personnel avec Jésus-Christ vivant, si le baptême le plonge dans la mort et la résurrection du Christ, si comme le dit frère Christian de Chergé au moine qui s’interroge devant la perspective du martyre : « Ta vie, tu l’as déjà donnée », non seulement par la consécration mais par le baptême [cf. le film Des hommes et des dieux], cette foi chrétienne devrait non seulement libérer de toute peur, mais conduire au Christ, à celui-qui-nous-a-donné-sa-vie-par-amour et qui nous donne la liberté de faire pareil à sa suite : « Jésus par sa mort, a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves ». (He 2,14-15)

Bien des obstacles peuvent limiter de fait cette liberté, y compris chez les chrétiens. Dans son discours à l’université de Harvard (8/6/1978), la même année que le début du pontificat de Jean-Paul II, Alexandre Soljenitsyne, le célèbre dissident expulsé d’URSS, l’auteur de l’Archipel du Goulag, s’adressant à ceux qui représentaient l’Occident, le camp de la liberté, de la démocratie, faisait ce diagnostic : « Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur ». Il y a des raisons à cela en Occident : l’éloignement de la mort (guerre, famine, maladie) puis son déni – que l’historien Guillaume Cuchet repère jusque dans la disparition du thème des « fins dernières » ou de l’au-delà dans la prédication des années 60 -, le primat de la revendication de ses droits sur la reconnaissance de ses devoirs, le désintérêt pour le bien commun et le repli individualiste sur la sphère privée qu’avait entrevus Tocqueville comme les périls d’une société démocratique, le bien-être d’un consumérisme outrancier qu’une dialectique du maître et de l’esclave finira par renverser…

Ne plus avoir de passion ou de cause qui justifie qu’on lui consacre sa vie, ni de devoir susceptible d’exiger qu’on fasse le sacrifice de sa vie, fait alors du maintien de son bien-être, de sa survie – ou de ceux de ses proches – la seule fin qui vaille qu’on lui sacrifie tout le reste. Sans la verticalité d’une transcendance appelant au dépassement de l’intérêt de l’individu ou du groupe, ne demeure que la réflexivité soucieuse de soi ou l’horizontalité grégaire du groupe. La crise pandémique actuelle et son traitement précautionneux si coûteux illustrent ainsi notre-hantise-de-la-mort, ou plus exactement la-hantise-de-notre-mort, car la mort lointaine des autres nous dérange peu : 25.000, le nombre des morts du corona-virus en France en trois mois de pandémie, c’est le nombre de ceux qui meurent de faim chaque jour dans le monde, alors qu’une infime fraction des efforts consentis ces jours-ci suffirait à les éviter… [cf. l’édito de Frédéric Boyer (La Croix)]

Les Anciens nous apprennent que la vertu de prudence – qui est la sagesse pratique dans l’action et non pas la précaution et encore moins l’évitement de tout risque – va avec les trois autres vertus cardinales de justice – qui s’attelle au bien d’autrui et pas seulement au sien propre -, de force – c’est-à-dire de courage face à la difficulté et ultimement face à la mort – et de tempérance – et notamment de frein mis à nos appétits égoïstes. Puissions-nous apprendre que la vie vaut « ce que nous sommes capables de risquer pour elle » (Hegel), ou de manière plus évangélique, ce pour quoi on est prêt à la donner, en entendant du Christ : « celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » (Mc 8,35). Comme bien des professions l’ont montré dans ce temps de confinement, le don désintéressé de nous-mêmes, l’oubli de soi, la préoccupation pour les plus malheureux, le sens du sacrifice seront indispensables pour sortir de cette crise.

[cf. un article sur ce que nous apprend La Peste de Camus]

Pâques 2020

Le temps de confinement a donné à tous de vivre un temps de quarantaine / carême, en forme de grande retraite obligée. Pour bien des paroisses et leurs pasteurs, ce fut aussi l’occasion de déployer des moyens numériques pour rejoindre les paroissiens : site internet, newsletter, chaîne YouTube voire célébrations en vidéo, visio-conférence.

Rencontres paroissiales en visio-conférence

2 rendez-vous hebdomadaires

  • mer. 14h : partage biblique (avec l’évangile de la messe du dimanche)
  • sam. 14h : café-philo-théo

Exemples de rencontre : 1, 2 ou 3

Pour y venir :

  • Sur ordinateur avec webcam : http://bit.ly/ndod-visio.
  • Sur smartphone, appli « Zoom », réunion 609-536-1579, mot de passe 123456. Indiquez vos prénom, nom. Une « salle d’attente » évite le « zoom-bombing » (intrusions malveillantes).

Ressources de confinement

Foi :

Espérance :

Charité :

  • Localement : pour des besoins croissant, la paroisse invite à soutenir l’antenne locale du Secours Catholique : don de temps de bénévolat (contacter Michel Debray) ou financier (chèque à l’ordre de « Secours Catholique, Capdenac-gare » à adresser à Marcel Barnabé, 12260 Salles Courbatiès)
  • Avec le monde : avec l’écologie intégrale, la solidarité ici et ailleurs, via le CCFD-Terre Solidaire et letempsdessolutions.org

Méditations bibliques

Voilà ci-dessous dans l’ordre chronologique inverse les méditations proposées pour la paroisse Notre-Dame d’Olt et Diège, en vidéos de 3′ à 4′ du Dimanche des Rameaux au Vendredi Saint, 11′ pour la veillée pascale, 6′ pour le Dimanche de Pâques (homélie d’une messe sur YouTube avec les Scouts de France) puis pour quelques dimanches du temps pascal.











Spiritualité vs Religion ?

Un échange courtois sur Facebook à propos de l’image ci-contre, emblématique d’une manière de voir la spiritualité « ouverte », en contraste avec la religion vue comme « fermée », voire enfermante…

MOI : Simpliste

LUI : Pour moi, la religion ajoute une couche hiérarchique et institutionnelle à une tradition spirituelle. J’aime la spiritualité chrétienne, et d’autres, moins leurs églises. Au plaisir d’en discuter avec vous, pour apprendre plus.

MOI : Un point commun entre nous me semble être l’intérêt que nous avons pour… le « commun », pour ce qui permet à un groupe d’être une communauté qui libère l’individu des limites de sa subjectivité (vs individualisme), tout en respectant l’irréductible de chaque personne (vs collectivisme).

Comme « spirituel », je crois que tout homme est en quête de sens, et qu’il aspire à un dépassement de soi qui d’une manière ou d’une autre vise l’un ou l’autre des grands idéaux universels de l’humanité. Mais comme « religieux », je doute que cette aspiration suffise à produire du commun, parce qu’on peut soit se faire une idole de ces « ombres de Dieu » (Nietzsche) que sont toutes les grandes valeurs de liberté, égalité, fraternité, justice, vérité, vitalité…, et que ces idoles peuvent écraser l’homme comme les totalitarismes du XXème siècle l’ont montré, soit verser dans un relativisme nihiliste qui laisse chacun libre d’inventer des valeurs alors sans force parce que sans fondement réel.

Être religieux, c’est accepter que ces idéaux existent, pas seulement dans la visée subjective des hommes, ni non plus comme réalité objective, évidente, s’imposant à tous, mais comme mystère se donnant dans un clair-obscur qui oblige à avancer à tâtons, avec les autres ; comme appel respectant la liberté de l’entendre ou de ne pas l’entendre ; comme révélation passant par le témoignage d’autrui, par l’expérience partagée entre croyants, par ce « commun » que la religion a tâche de transmettre, où l’expérience des autres aide chacun à faire le tri entre le bon grain et l’ivraie dans sa propre expérience spirituelle. Connaissant en moi l’écart voire le gouffre qu’il y a entre (1) connaître le bien, le vrai ou le beau, (2) le désirer, et (3) me décider à agir dans ce sens (« Je ne fais pas le bien que je voudrais faire »), mesurant aussi que l’accès à l’universel suppose l’attention aux médiations particulières (vs prétention à aimer l’humanité sans aimer mon prochain), je préfère la jouer modeste et ainsi soumettre le discernement de mon expérience spirituelle à celle – plus vaste – de la communauté des croyants d’hier et d’ailleurs. Ce décentrement-là, typiquement « religieux », me ferait alors inverser les étiquettes de l’image de ce post !

Une Ecole de Prière en Aveyron

Un site internet recueille les informations sur les différentes éditions de l’École de Prière en Aveyron : https://ecolepriereaveyron.home.blog

La prochaine a lieu du 22 au 26 juillet 2020 pour les 7-15 ans : infos et inscriptions sur http://bit.ly/ecole-priere

Contacts : edp.aveyron@gmail.com
François Dumont : 06 84 77 59 79
fr. Philippe Arnal : 06 26 32 40 96
Sr. Marie-Teresa : 06 71 53 24 64
p. Raphaël Bui : 06 12 31 46 00

Après une 1ère belle expérience en 2018 (cf. ci-dessous) la 2ème édition aveyronnaise de l’Ecole de Prière a eu lieu du 24 au 28 juillet 2019 chez les Dominicaines de Monteils avec 28 enfants de 7-15 ans participants. Le chant-phare de cette édition était Que vienne ton règne, repris pour le clip-reportage de cette école de prière.

Du 15 au 19 août 2018, a eu lieu la 1ère édition aveyronnaise de l’Ecole de Prière, chez les sœurs Dominicaines de Monteils, sur le modèle de l’Ecole de Prière du diocèse de Mende. 4 jours de vie fraternelle, de louange ou de chants, de jeux, de création et de ballades, d’initiation à la prière personnelle ou liturgique… La joie de tous,  petits (11 enfants de 7 à 14 ans) et grands (animateurs, serviteurs – chargés de la logistique, responsables) augure d’un grand nombre de participants l’an prochain, avec une École de Prière prévue du 24 au 28 juillet 2019.

Témoignages

Une expérience incroyable, très riche en prières et en découvertes. Des rencontres inoubliables et surtout l’accueil chaleureux des sœurs… Nous serons au rendez vous l’an prochain si Dieu le veut. Morènikè et Eyitayo

Dans ce camp, je me suis beaucoup amusé. On a fait des jeux, des veillées et des temps de prière. Dans les temps libres, on pouvait jouer au ballon et plein d’autres choses. Ce camp de prière m’a appris beaucoup de choses : le chapelet, des chants, et je me suis fait plein d’amis. Alexis

On a chanté, loué le Seigneur. On a appris des chorégraphies et on a beaucoup aimé. On a eu la messe tous les jours. C’était ludique et passionnant. Vivement l’année prochaine. Emilie et Joseph

L'affiche de l'EDP 2018 à MonteilsPendant cette semaine à l’école de prière à Monteils, j’ai joué et prié avec des copains que je ne connaissais pas. Ces cinq jours m’ont permis d’approfondir mes connaissances sur la vie de Jésus. Je comprends mieux le chapelet. J’ai vécu le sacrement de pardon comme un moment d’intimité avec Jésus. Le temps est passé très vite et j’espère y revenir. Merci aux sœurs et aux organisateurs. Alexandre

J’ai beaucoup aimé les activités de l’école de prière, comme la randonnée. Et j’ai aimé la messe. J’ai beaucoup aimé et j’ai envie de me réinscrire la prochaine fois. Silvar

Le camp ? Un rendez-vous que le Seigneur nous a donné à tous, petits et grands, une aventure collective et individuelle, avec de façon évidente, la grâce agissante. Chacun, nous ne ressortons pas tout à fait les mêmes. Nous étions le couple de l’équipe, les « serviteurs ». C’était important. Nous avons beaucoup appris par notre travail ensemble à la cuisine. Le partage de la cuisine avec les sœurs de Monteils a été une expérience d’humilité et de fraternelle charité. La simplicité de l’Amour. Lors de notre visite chez les sœurs « anawim », les enfants à la fin du goûter ont rassemblé les restes et les affaires et ont dit aux deux sœurs bergères : « c’est de chez nous… » Oui, nous nous sommes cru chez nous, à la maison, chez les sœurs dominicaines. Une grande joie : voir les enfants venir en cuisine proposer leur aide et participer souvent à différentes tâches. Le Seigneur a semé en chacun des graines nombreuses qui vont porter leurs fruits, ouvrir des portes. Nous nous sommes émerveillés les uns les autres. Deo gratias. Marie et Jean-Paul, équipe « Theotokos » des serviteurs.

Ouah, quelle semaine vécue en tant qu’animateur ! J’ai autant donné que reçu au milieu de ces enfants remplis d’énergie, du plus introverti au plus extraverti. Je me rappelle de cet homme qui faisait un break avec son épouse dans le couvent des Dominicaines, et qui est venu nous voir à table sous les marronniers en disant : « Vous leur donnez du vin à boire ? C’est pas possible de rigoler autant !! » A ce moment-là, je me suis rappelé des Apôtres le jour de la Pentecôte, baptisés de l’Esprit Saint. Les gens autour disaient : « ils sont remplis de vin doux. » Vraiment, je crois que cette Ecole de Prière a démontré aux enfants et à ces jeunes ce que signifie vivre en Eglise et dans la fraternité, et aborder la relation que l’on peut avoir avec notre Seigneur Jésus, notre Père céleste à travers la prière, et son Esprit Saint qu’il nous a offert en héritage. Un grand merci aux sœurs Dominicaines de Monteils qui nous ont accueillis comme si on se connaissait depuis toujours, telle un vraie famille. Leurs idées et organisation nous ont été primordiales. Merci au p. Raphaël Bui d’avoir lancé cette école, au p. Jean-Didier Sohotodé, au p. Kumar et à tout le reste de l’équipe à la louange, en cuisine, à l’animation. Une belle équipe pour la Gloire de notre Seigneur Jésus. Sylvain, animateur

Photos

a– Une partie des animateurs
(Sr Marie-Teresa K., Sylvain K., Fr Philippe A., Jérémie T.)
b– Déjeuner en extérieur
c– Présentation d’équipe
d,e– Procession mariale (15/8)
f– Répétition de chants (Sylvie C.)
g– Partage biblique en équipe
(dialogue contemplatif)
h– Célébration
i– Messe
j– Chorégraphie
k– Lectio quotidienne
l– Ballade
m– Selfie
n– Visite du p. Kumar
o– Messe d’envoi

L’Hospitalité Aveyronnaise à Lourdes

Deux retours vidéo du pèlerinage du diocèse de Rodez à Lourdes, du 23 au 26 août 2018 et du 25 au 28 août 2017 : environ 1300 pèlerins, dont 300 personnes âgées ou malades, 600 hospitaliers (et parmi eux 150 jeunes hospitaliers).


http://www.hospitalite12.fr

Musiques (chantées avec l’HA)
2018 :
– Actes d’apôtre (Jean-Jacques Juven)

2017 :
– Ouvre mes yeux, Seigneur
– Chantez avec moi le Seigneur (Chants de l’Emmanuel)
– Nous sommes (Hopen)
– Tu fais ta demeure en nous, Seigneur (Chants de l’Emmanuel)

Dans la maladie

Je sors de près de 2 années de confrontation avec une dissection aortique d’origine génétique, un problème cardio-vasculaire enfin résolu en octobre 2017 par la pose d’une prothèse aortique par endochirurgie au CHU de Rangueil (Pr. Hervé Rousseau) après quelques complications repérées à la clinique Pasteur (Dr Benjamin Honton) sur des bizarreries dans ma vascularisation cérébrale. Quinze jours après l’épisode aigu en février 2016, une amie infirmière m’avait demandé mes premières impressions sur l’expérience de la maladie :

« Cela m’intéresserait beaucoup de savoir comment tu as vécu de l’intérieur cette « expérience  » de la maladie. Ton regard sur les soignants, sur la fatigue, sur le fait de toucher aux limites de son corps, sur le fait d’être mis au pied du mur face aux limites de son corps. Limites qui ne restent que théoriques tant qu’elles ne sont pas réellement éprouvées dans sa chair. Je me demande souvent comment continuer à croire en Dieu quand la fatigue physique prend le dessus et peut être si importante qu’elle vient obscurcir son propre jugement, (…) quand on est habité par l’angoisse, l’incertitude quant à sa propre intégrité physique et le fait de ne rien pouvoir contrôler en matière de santé. Enfin je me demande souvent comment continuer à avoir la foi devant l’injustice, l’aberration de la maladie parfois de la mort de patient jeune dans mon travail notamment. (…) Je trouve que la maladie n’a aucun sens et qu’elle peut être parfois juste révoltante. Peut-être pourras tu m’aider à dépasser cela pour pouvoir plus vivre d’espérance et davantage porter en retour l’espérance à ceux qui souffrent ? »

 

Pas facile de répondre à tout ce que tu m’as écrit, et qui pourtant résonne avec ma récente expérience de la maladie. Avant d’esquisser une réponse, je précise qu’il est probable que je sois encore dans le déni, à voir comment je me comporte dès qu’il me semble que ça va, après une nuit de bon sommeil, à vouloir reprendre les choses comme avant, et m’apercevoir étonné que vingt pas suffisent à me fatiguer et la montée d’un étage d’escalier à m’épuiser. Je pense cependant avoir compris que le repos m’est vraiment imposé, et les réflexions, lectures, et prières que ces quinze derniers jours ont permises n’ont pas été vaines.

Ce que j’ai est grave – Le Dr Josselyn Soukaloun et les autres cardiologues m’ont bien expliqué en quoi consistait une dissection aortique, et les particularités de la mienne (descendante, commençant juste en dessous de l’artère sous-clavière gauche, et allant jusqu’à l’artère iliaque droite, avec un effet sur la vascularisation du rein gauche) – mais je ne suis pas sûr d’y croire vraiment, malgré dix jours en soins intensifs, où quelques nuits blanches m’ont fait éprouver une part de ce que tu écris : la pensée qui va dans tous les sens, une gêne ou une douleur qui obsède, des pourquois, des questions sur ce que croire en Dieu veut dire, sur mon acceptation ou non de la mort…

Je me suis retrouvé quelquefois dans la position de Ste Thérèse de Lisieux, où dans sa « nuit de la foi », le verbe « croire » ne signifiait psychologiquement pour elle que « vouloir croire », et cela non seulement suffit, mais qu’en ces circonstances – peur, non évidence de ce qui était cru naturellement avant – cela peut être plus purement la foi. Je ne me suis jamais trouvé à me révolter contre Dieu, mais au contraire, à deviner qu’il y avait là l’occasion de le rencontrer plus justement, à constater que je n’avais jamais vraiment accueilli ni le mystère de la Croix du Christ, ni la perspective d’avoir à le vivre moi-même, jusqu’à mourir un jour, et bientôt finalement.

Cette question de la mort s’est posée fortement trois fois : tout au départ, lorsque mon malaise avait les symptômes d’un infarctus – et sur le moment, après la première frayeur qui m’a fait blêmir, j’ai crânement pensé que si c’était l’heure, qu’il en soit ainsi, en redisant au Père ma confiance ; la deuxième fois, à la lecture du livre admirable de Fabrice Hadjadj « Le paradis à la porte », avec son application pratique immédiate à cultiver la joie du présent, ne serait-ce qu’en considérant tout comme un don et non un dû, en commençant par le ménage quotidien fait dans ma chambre – et mes vifs remerciements étonnaient la femme de ménage -, le fade bol de soupe aux légumes – sans sel – de chaque repas, les soins des infirmières, les visites du cardiologue comme celles des aides-soignantes pour les prises de tension… mais aussi à estimer la santé, la vie, la pleine forme comme un don et non comme un dû dont l’absence ou la diminution – jusqu’à la mort – me révolterait. Enfin, la troisième fois, lors de ma dernière nuit à l’hôpital, vendredi vers deux heures du matin, alors que le bandage de contention (phlébite de l’avant-bras suite à perfusion) m’empêchait de dormir, lorsque l’aide-soignante venue l’arranger m’a parlé de son frère de 47 ans atteint d’un cancer incurable, et de la souffrance que cela apportait aux siens, en particulier à ses enfants, je lui ai répondu en chrétien et en prêtre, que la mort peut être effectivement un scandale pour les survivants, mais pas pour le défunt, pour qui elle est le dévoilement de tout, l’accomplissement de toutes ses amours maladroites dans la rencontre avec l’Amour, le retour à Dieu.

La question de la maladie, et du mal physique, du défaut ou de la finitude de la Création est presque insoluble rationnellement. Comment Dieu bon et tout-puissant peut-il créer un monde avec tant d’imperfections (catastrophes naturelles, maladies…) ? Cela n’a pas de sens hors de la foi en un Dieu qui nous crée limités pour que nous ne prétendions pas nous suffire à nous-mêmes, en nous repliant sur nous-mêmes, mais que nous nous ouvrions à l’amour, à l’illimité de son don. Mon séjour présent à l’abbaye de Conques permet d’en discuter avec fr. Pierre-Adrien, un jeune frère prémontré qui a fait un mémoire de maîtrise de théologie sur un sujet lié. En fait, subjectivement, le mal physique me scandalise moins que le mal moral, celui de la souffrance que subissent des êtres humains du fait de la méchanceté ou de l’indifférence de leurs frères. Torture, guerres, esclavage, exploitation, injustice, ou simplement le refus de venir en aide à ceux en détresse – je pense particulièrement aux migrants et réfugiés. Aussi, je me sens extrêmement privilégié d’être à ce point pris en charge médicalement, amicalement, spirituellement, et même financièrement avec la Sécurité sociale. Non pas que je prétende me consoler en pensant à plus malheureux que moi, mais parce que je vois que la maladie et la souffrance tendent à nous centrer sur nous-mêmes, à nous faire trop nous écouter nous-mêmes, alors qu’elles peuvent à l’inverse nous ouvrir à une plus grande compassion pour autrui. Lorsque la douleur devient obsédante ou empêche de dormir, une perfusion de perfalgan ou un dafalgan sont évidemment bienvenus, et j’espère qu’il en sera ainsi dans les plus grandes douleurs. J’espère surtout que subsistera, avec la grâce de Dieu, cette ouverture de cœur à autrui et au Christ souffrant.

Diaporamas de pastorale des jeunes

Quelques diaporamas (powerpoint) réalisés à destination de la pastorale des collèges :

Sur le disciple-missionnaire…

A l’occasion de leur session de formation permanente du 30/4 au 4/5 à Lourdes, des « jeunes prêtres » i.e. ordonnés depuis moins de 5 ans, des provinces de Montpellier, Toulouse, Bordeaux et Poitiers, ont témoigné de ce que signifie pour eux être « disciple-missionnaire », selon l’expression du pape François dans son exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » n°120 (2013)*

Interviews réalisés à la Cité Saint Pierre (Lourdes), le 3 mai 2017, en vue du Dimanche des Vocations (4ème dimanche de Pâques – 7 mai 2017)

*En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation, et il serait inadéquat de penser à un schéma d’évangélisation utilisé pour des acteurs qualifiés, où le reste du peuple fidèle serait seulement destiné à bénéficier de leurs actions. La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, car s’il a vraiment fait l’expérience de l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin de beaucoup de temps de préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas attendre d’avoir reçu beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ ; nous ne disons plus que nous sommes « disciples » et « missionnaires », mais toujours que nous sommes « disciples-missionnaires ». Si nous n’en sommes pas convaincus, regardons les premiers disciples, qui immédiatement, après avoir reconnu le regard de Jésus, allèrent proclamer pleins de joie : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41). La samaritaine, à peine eut-elle fini son dialogue avec Jésus, devint missionnaire, et beaucoup de samaritains crurent en Jésus « à cause de la parole de la femme » (Jn 4, 39). Saint Paul aussi, à partir de sa rencontre avec Jésus Christ, « aussitôt se mit à prêcher Jésus » (Ac 9, 20). Et nous, qu’attendons-nous ?«