Venus avec Daniel Joulia pour une visite fraternelle et impromptue de catholiques auprès de la communauté musulmane, nous avons eu hier soir à la mosquée de Rodez un échange des plus profonds à la suite des récents attentats. Sur le sens que nous essayons de trouver à tout cela ; sur la signification du martyre comme point d’orgue d’une vie donnée aux autres ; sur ce que les débuts de son histoire expliquent des consonances et des dissonances de l’Islam comme civilisation avec les lois de la République ; sur ce qu’il appartient à chacun – croyants ou non, religieux ou laïcs, chrétiens ou musulmans – de faire pour prévenir la radicalisation djihadiste. Parce qu’avec 20% de « convertis » parmi les djihadistes français, de jeunes issus de milieux de culture chrétienne (et même certains catéchisés) ou laïque (au sens d’agnostique ou d’athée), ce cancer n’est pas que l’affaire des musulmans, ou des politiques, ou des services de sécurité, mais il interpelle toute la nation qui peut s’interroger sur ce qui est offert à sa jeunesse comme raisons de s’engager, mais plus encore de vivre et de donner sa vie. Mais c’est aussi l’affaire des musulmans, qui suppose une remise à plat de leur organisation, plus démocratique, plus représentative, plus proche des préoccupations des « musulmans de base » horrifiés par tout ce qu’ils perçoivent comme perversion de leur foi. Mais cela suppose aussi, une réflexion sur la transmission de cette foi. « Le Coran, c’est comme une forêt. Il y a des bonnes plantes, il y en a de mauvaises. Il faut savoir trier. » ai-je eu la surprise d’entendre d’un de nos plus anciens interlocuteurs musulmans.