La religion, un rêve ?

En réponse à un jeune qui voit dans la religion un « rêve qui donne de l’ambition », mais qui est une marque de fragilité, du fait du « besoin de s’accrocher à quelque chose »…

Lorsqu’un rêve n’est que rêve, lorsqu’on le sait irréel ou inaccessible, il perd de fait le pouvoir de donner ambition, force, courage, car on ne s’accroche pas à quelque chose que l’on sait illusoire : on s’arrête de marcher quand on croit que l’on n’arrivera jamais au but.

Mais on peut en dire autant quand on croit que l’on est déjà arrivé…

La foi implique donc un certain inaccomplissement, une incomplétude dans ce à quoi on donne sa foi, en même temps qu’une espérance de la voir s’accomplir, espérance fondée non sur une projection aveugle vers l’avenir, mais sur un avant-goût, sur l’expérience d’un début de réalisation de ce à quoi l’on croit et que donne justement la foi, et que celui qui refuse de croire ne peut goûter.

Ce n’est donc pas la catégorie du « rêve » qui dit le rapport du croyant à cet inaccompli, mais plutôt la catégorie de la « promesse » : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… Tu aimeras ton prochain… ». Y croit-on ou non ? Faisons-nous confiance en Celui qui le promet, et qui prend les moyens – onéreux (Incarnation, Passion, Rédemption…) – pour nous le dire ? Si oui, le croyant goûte et sent le déjà-là de cette promesse – ce que l’on appelle les « fruits de l’Esprit » (Ga 5,22) -, et cela lui donne de s’engager plus avant dans la confiance. Si non, le critique aura beau jeu de prendre une position de surplomb par rapport au croyant, par un prétendu « savoir » sur le caractère fictif du contenu de la foi, il n’a en fait pour lui que l’inexpérience que provoque son refus de croire, et qui ne saurait être une preuve d’inexistence de l’objet de la foi du croyant.

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